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Polar, noir et blanc

Un blogue qui parle de livres, de bons livres, dans tous les genres, juste pour le plaisir de lire et d'en parler.

Maple

Une chronique de France Lapierre

 

Quelle page couverture! Je vous présente Maple, dans toute sa splendeur, dont l’aura est bourgogne et dorée, selon l’Oracle.

Un seul mot pour qualifier « Maple » de David Goudreault ? Jubilatoire! D’autres mots? Iconoclaste, rabelaisien et pourquoi pas « goudreaultien »? C’est-à-dire un style impeccable, un travail de la langue imaginatif, une intrigue soutenue et des personnages truculents! Rien de sirupeux, malgré le titre! D’ailleurs, l’auteur vous prévient d’emblée :

 

« Traumavertissement / mise en garde

Cette œuvre de fiction déborde de violence, de références explicites au racisme (…) à la claustrophobie, aux drogues dures (…). Lecteurs sensibles, abstenez-vous. »

Et le ton (noir et grinçant) est donné!

Après avoir séjourné en prison pour l’agression d’un agent de la paix, Maple (57 ans) décide de démasquer le meurtrier pervers qui a déjà fait deux victimes dans son quartier. Maple impose son aide à l’enquêteur Nicolas Beaudoin de la Sûreté du Québec. Elle recevra des menaces, mais poursuivra sa recherche, aidée par une kyrielle de personnages plus colorés (ou menaçants) les uns que les autres.

De rebondissement en rebondissement, l’histoire nous happe, mais un rythme de lecture attentif s’impose pour profiter des jeux de mots, proverbes et opinions de Maple, sous la plume aiguisée de David Goudreault. Qui est le Ficeleur d’Hochelaga? À vous de dénouer l’intrigue de ce polar efficace et dont la fin est une apothéose!

Révélant l’impact des blessures de l’enfance aux trahisons amoureuses, Maple s’adresse au lecteur. Certains de ses commentaires font rire jaune, émeuvent, bouleversent, révoltent, instruisent même! « J’ai fait mes recherches » nous assure-t-elle, clin d’œil à un certain « c’est documenté ». David Goudreault verse dans l’autodérision, dès le prologue. Je ne dirai rien, je vous laisse le plaisir de le découvrir.

Maple offre un regard acéré et des opinions acides sur la société actuelle : l’exploitation des artistes en littérature ou en musique; le personnel judiciaire de collusion avec les crapules; la contrebande d’armes et de cigarettes; les familles d’accueil qui brisent des enfants; les CHSLD qui laissent agoniser les vieux dans leur crasse.

Pourtant, Maple nous manifeste une certaine dose d’humour en nous citant le signe astrologique de plusieurs personnages. Je vous laisse également découvrir son nom et son prénom officiels.

David Goudreault est un romancier, mais il est aussi poète, un magicien des mots et de la formule efficace :

« C’est connu, la rue avale des enfants et recrache des vétérans.» P.43

« J’avais tellement de papillons dans le ventre, j’aurais pu cracher des chrysalides. » p. 54

« Son crâne tremblotait abritant l’animal effrayé que devenait son cerveau.» p.58

« Mon homme a l’intelligence asymptomatique. » p.61

« C’est avec des morceaux d’hommes brisés que l’on fabrique les monstres. » p.155

« Quand on atteint mon niveau de notoriété, il devient difficile de distinguer l’attrait naturel de la fascination. » p.55

 

Quand Maple apprend à faire des nœuds, elle avoue :

« Il me fallait encore beaucoup de pratique, j’ai toujours eu de la misère avec les liens d’attachement. » p. 50

Je relirai « Maple ». Pour la richesse des personnages entre autres, mais aussi pour les cris lancés par David Goudreault. En ces temps de censure, il est bon d’entendre une vraie voix!

Bonne lecture !

 

Maple

David Goudreault

Éditions Stanké 

2022

 

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