25 Avril 2023
Une chronique de Christophe Rodriguez
Immense et troublant
Il faut rendre hommage à notre ami Norbert Spehner, pape du roman policier en cette terre du Québec, d'avoir attiré notre attention sur ce roman immense et en plus d’avoir fait appel à ses contacts pour que nous en disions le plus grand bien. Dans cette rentrée de l’année 2023, ce roman historique aux allures de western vaut bien des cours de sociologies politiques appliqués sur ce que fut la triste réalité des Indiens d’Amérique du Nord et plus particulièrement les Lakotas dont le héros Dull Dawn fut issu.
Comment est-il possible de résumer un récit aussi dense qui fusionne la poésie, les éclairs de génie et le début d’un siècle marqué par le massacre de Wounded Knee ainsi que les tranchées d’Argonne pendant la première mondiale?
Je ne sais comment Luc Baranger a réussi ce tour de force, mais nous voilà sous le choc.
En quête de vengeance.
Dans les tranchées, Dull Dawn est un franc-tireur. Se mêlant peu à ses frères d’armes et encore moins à la hiérarchie, il traverse les lignes ennemies pour recueillir des renseignements, capturer un ou deux soldats allemands et les scalper. La soif de tuer que non! Il médite lentement une châtiment qui remonte à la bataille de Wounded Knee quand le futur général Pershing et ses sbires exterminèrent sa famille sans défense.
Dull Dawn n’est pas un soldat. Il fait partie de ces Indiens, envoyés sur le champ de bataille au nom de lutte pour la liberté après avoir été exhibés dans le « circus show» de Buffalo Bill, le chasseur de bisons.
Avec précision et acuité, Luc Baranger revêt la tunique de ce soldat étrange qui remet raidement à sa place, ses supérieurs qui parlent de paix ou de sauvetage de l’humanité. Cette première partie vous tirera des larmes comme les suivantes, sans toutefois sombrer dans le pathos. Héros réel ou non, nous découvrons en deuxième section que fut la vie de Dull Dawn après la bataille de Little Big Horn qui coûta la vie au sanguinaire général Custer jusqu’au massacre de Wounded Knee qui scella en quelque sorte, la tendre jeunesse de notre héros. Avec son grand-père et pour sa survie, il rejoindra les terres de Saskatchewan ou des canadiens-français qui firent fortune, tel Légaré, la figure centrale. Jamais acrimonieux avec les Indiens, dont il connaissait la triste réalité, cet influent patron, humaniste avant l’heure, prit donc le jeune Dull Dawn sous son aile, au nom d’une longue amitié avec son grand-père.
Une vie, des vies. Quel formidable conteur que ce Luc Baranger qui assène au passage plusieurs vérités que les livres d’histoire ainsi que les politiciens ne voudront jamais reconnaître. Sublime et précipitez-vous chez votre libraire. Vous ne le regretterez pas.
Bonne lecture !
Dès les pâlissements de l’aube
Luc Baranger
Éditions Équateurs
488 pages