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Polar, noir et blanc

Un blogue qui parle de livres, de bons livres, dans tous les genres, juste pour le plaisir de lire et d'en parler.

La constellation du chat

Une enquête du duo Bonneau-Lamouche

Une chronique de Richard

La littérature, c’est sérieux ! Oui ! Généralement, mais pas toujours. Parfois, la littérature nous fait rire; et pourtant, elle demeure quand même sérieuse. Car la littérature peut avoir plusieurs visages ... et même nous faire une grimace !

Drôle d’introduction me direz-vous pour une chronique sur un polar ... et vous auriez raison. Mais quand vous aurez lu un des romans de Jean Louis Blanchard, vous comprendrez pourquoi je l’ai écrit. Cet auteur, tout nouveau dans le firmament du polar québécois est une étoile montante qui nous offre un style de romans policiers assez rare, un roman qui nous fait sourire et même rire.

Commençons donc par les deux personnages principaux, le lieutenant Bonneau et son fidèle adjoint Lamouche.

Les personnages

L’inspecteur Bonneau est un modèle d’incompétence, mais il se perçoit comme le meilleur de sa profession. Toujours dépassé par les événements, il ne comprend pas toujours ce qui se passe, mais grâce à la chance et à ses autres collègues, les affaires semblent toujours se régler ... comme par magie. Policier de la vieille école, analphabète informatique, artiste du passé simple et d’une écriture ampoulée dans ses rapports, tapés à la machine à écrire, souvent, il est un poids pour les autres enquêteurs. Alors, la hiérarchie essaie de s’en défaire, mais lui s’est donné comme rôle d’être un modèle essentiel pour ses collègues; pour assurer la pérennité de ses connaissances et la perpétuité de ses compétences.

Pour pallier aux carences de cet énergumène de l’enquête vaudevillesque, les grands patrons décident de lui adjoindre un jeune policier qui vient tout juste de se faire virer de l’école de police. Réfractaire à l’autorité, mais superbement compétent. Le stagiaire Lamouche  pourrait, grâce à ses qualités, pousser le vieux policier vers la porte de sortie. Mais ...

Voilà donc pour la présentation des personnages rencontrés dans les deux premiers tomes de la série avec "Les os de la méduse" et  "Le silence des pélicans"

La troisième enquête

« La constellation du chat » est la troisième enquête de ce duo de feu où nous retrouvons le pauvre Bonneau à l’hôpital, soignant une blessure au pied, subie lors de sa dernière enquête. Mais courageux, sans peur et avec beaucoup de reproches, il viendra sauver le monde avec l’aide de son fidèle Lamouche. Et ce monde, il est explosif. Un politicien est chahuté pendant une rencontre avec des étudiants : on lui lance des tomates pourries, il est donc incapable de faire son discours. Dès sa sortie du collège, il s’engouffre dans sa voiture avec son attachée de presse et avant même de quitter l'endroit, la voiture est pulvérisée par une explosion mortelle.

Qui en voulait à ce politicien, pour le tuer de manière si fracassante ? Voilà une intrigue digne du duo Bonneau Lamouche. Mais très rapidement, on comprend que cette explosion ne sera pas l’unique problème à résoudre.  Un curieux symbole est retrouvé sur une autre scène de crime, l’explosion d’un bar. L’enquête prendra donc une tournure bien différente. Qu’est-ce qui réunit ces deux explosions ? Quels liens y a-t-il entre ce politicien et l’explosion dans ce bar.

Enfin, la disparition d’un gérant de caisse populaire viendra ajouter une couche de mystères quand on trouvera sur la porte du cabanon de la maison du disparu, le symbole trouvé sur les deux autres scènes de crime.

Voilà tout le matériel dont dispose notre duo d’enquêteurs, trois endroits, des victimes sans lien apparent et un symbole. C’est bien assez pour mettre à l’épreuve les nombreuses carences professionnelles de Bonneau et l’intelligence logique de Lamouche. L’enquête est plus ou moins bien menée par Bonneau, mais très bien ficelée par l’auteur. L’adjoint continue de sauver la mise de son patron, le sort de situations embarrassantes tout en flattant son égo de super mentor ! Cela donne souvent des scènes qui font sourire le lecteur.

L'humour

Disons-le, l’enquêteur Bonneau est une source intarissable de jeux de mots involontaires et de phrases tarabiscotées sorties de sa vielle dactylo Remington.

Pour votre plaisir, mais aussi pour vous donner le goût de découvrir cet humoriste involontaire, voici quelques trouvailles :

« Je vais faire comme mon cousin pis me brancher sur Nexflic ! »

Et un petit cours de géographie et de géopolitique pour « l’empereur du Liche-Einstein ».

Sans oublier l’humour personnel de l’auteur qui nous imagine un bistrot Ad Hoc où on y sert des cigares au chou qui se nomment « Les cigares du Pharaon » et un plat du nom de « Les bijoux de la Castafiore » pour soulager l’estomac du pauvre inspecteur qui souffre « terriblement du syndrome de l’abandon ».

Comme vous l’avez sans doute remarqué, on ne s’ennuie pas en lisant les romans de Jean Louis Blanchard. Pas de temps morts, des rebondissements bien dosés, une enquête très bien tricotée et des moments joyeux, volontaires ou pas.

Comme je le disais au début de la chronique, humour et littérature peuvent très bien s’entendre, Jean Louis Blanchard en a fait la preuve avec ces trois romans mettant en scène Bonneau et Lamouche. Je vous recommande sans restriction la lecture de ces trois enquêtes, dans l’ordre ou le désordre. Ça importe peu !

Un peu de philosophie

Et comme pour montrer que mes études de philosophie au CEGEP m’ont servi à quelque chose, j’aimerais terminer par une citation d’Henri Bergson, qui aurait sûrement plus à notre policier :

« Rien ne désarme comme le rire »

Que les futurs criminels de Jean Louis Blanchard se le tiennent pour dit !!!

Bonne lecture !

 

La constellation du chat

Jean Louis Blanchard

Éditions Fides

2023

361 pages

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