20 Septembre 2021
Une chronique de France Lapierre
Dès les premières pages de Secrets boréals, Anna Raymonde Gazaille affiche les points forts de ses romans : un suspense architecturé avec précision et une langue fluide, élégante et imagée.
Qui est cette femme morte que l’on découvre lors la scène initiale ? Tout au long du roman, la question taraude l’esprit, puis elle disparait, effacée par d’autres interrogations qui surgissent dans le cours de l’enquête, menée par Simon Kerouac, pour résoudre le meurtre de deux jeunes femmes. L’intrigue se déroule près du lac Noir, en région boréale québécoise. C’est là que se terre Brigit Lynch depuis trois ans, terrorisée par un mystérieux poursuivant. Elle se cache et n’arrive pas à se livrer, à faire confiance.
« Elle possède une aisance financière dont elle n’a jamais vraiment profité. Sa fortune lui a permis de vivre en dilettante, sans l’obligation de travailler. Sa sécurité dépendait de son nomadisme et fonctionnait grâce à de fausses identités. »
Malgré elle, Brigit sera amenée à participer à l’enquête, car c’est elle qui découvre le cadavre de Josiane Rondeau, une jeune fille du lieu. Plus tard, on découvrira un autre cadavre, celui d’une jeune femme autochtone. Les deux affaires sont-elles liées? Les conjonctures abondent, mais l’enquête évolue à pas de tortue, car le village semble sous le poids de l’omerta face à la puissante famille Rondeau.
En parallèle à l’histoire de Brigit, on suit le parcours de Dana, enseignante dans un pays islamiste non identifié, en proie à des assauts guerriers sanglants. Quel est le lien entre Brigit et Dana? Anna Raymonde Gazaille distille l’information au compte-gouttes, puis au détour d’une phrase, elle nous laisse deviner l’identité véritable de Dana.
L’auteure aborde sans lourdeur, les thèmes de l’identité, de la filiation et de l’actualité (guerre, trafic humain). La nature est omniprésente, à la fois généreuse et menaçante.
« Un vent d’automne se lamente, fait vibrer les vieux murs. La pluie claque sur les vitres. Le lac et le ciel ne sont plus qu’une même nappe liquide et ténébreuse. »
Tout autant dans le parcours de Brigit que dans celui de Dana, on rencontre des personnages abjects et d’autres, purs et providentiels, qui susciteront les rebondissements imprévus et surprenants de l’histoire. Le suspense est tellement bien ficelé que je ne peux en dire plus, sans vendre la mèche…
Oui, j’ai eu la main heureuse en choisissant Secrets boréals lors de mes achats de livres québécois le 12 août dernier! Je vous en recommande la lecture!
Bonne lecture !
Secrets boréals
Anna Raymonde Gazaille
Leméac,
2021
Les polars de mœurs d'Anna Raymonde Gazaille s'inspirent de l'actualité et se veulent un reflet de notre XXIe siècle. Elle est l'auteure de Traces (2013), Déni (2014), finaliste du prix Saint-P...
http://www.lemeac.com/auteurs/158-anna-raymonde-gazaille.html