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Polar, noir et blanc

Un blogue qui parle de livres, de bons livres, dans tous les genres, juste pour le plaisir de lire et d'en parler.

Les Agneaux de l’Aube_RM

Une chronique de Richard

Polar, noir et blanc et ses chroniqueurs.es vous disent parfois que certains écrivains sont des coups de cœur presque assurés. Steve Laflamme, jadis qualifié d’auteur de la relève, fait partie de ces écrivains qui font l’unanimité auprès des chroniqueurs du blogue. « Le chercheur d’âme » a été chroniqué par Céline de Roany, « Sans la peau » par Céline de Roany et Christelle Kriek, enfin, « Sous un ciel d’abime » par Céline et moi-même. Cette trilogie nous a fait découvrir un auteur accompli, un excellent raconteur avec un style efficace et un talent pour mettre en scène des histoires complexes, des enquêtes passionnantes. En plus, il nous a fait aimer un personnage, Xavier Martel auquel nous nous sommes attachés.

Après cette trilogie, le défi était grand de nous revenir avec de nouveaux personnages tout en étant conscient des attentes qu’a créées le succès de l’enquêteur Martel. Alors, sans vous faire attendre, je peux vous dire que le défi a été relevé, Les Agneaux de l’Aube est un très bon thriller qui vous accrochera du début jusqu’à la toute fin de l’histoire. En plus, il vous fera découvrir un nouveau personnage (pas si nouveau, car nous l’avons rencontré dans « Sans la peau ») Frédérique Santinelli, une enseignante de français qui saura nous étonner.

Début septembre, la rentrée universitaire est dans quelques jours. En plein cœur de la pandémie, Frédérique Santinelli est en consultation virtuelle avec sa psychologue. Elle anticipe ce début de session avec anxiété, spécialiste des classiques du XIXe siècle, on lui a offert une charge de cours sur la littérature postmoderne. Cette situation réveille en elle l’ampleur d’un choc post-traumatique où à 18 ans, on lui a administré un traitement pour lui faire oublier toute sa vie passée. Sa mémoire a été effacé, ses souvenirs commencent à 18 ans. Il semblerait que ce qui s’est passé dans sa jeunesse devrait demeurer au fond de l’abime de son inconscient, Déjà, on trouve ce personnage intéressant !

Pendant ce temps, Guillaume Volta planche sur la découverte du corps d’un homme qui laisse les policiers perplexes : dix perforations faites probablement par coups de couteau. Et une inscription gravée dans la chair de la victime. Tout cela mène à un texte incompréhensible, placé dans un ordinateur d’une bibliothèque publique. Quelque chose se cache derrière ce texte, un message du tueur ? Quelle est sa signification ? Voilà ce qu’on demande à l’enseignante.

Commence alors une collaboration entre le policier et la professeure, un jeu de piste passionnant où chaque étape fera appel à la capacité d’inférence de l’enseignante, sa culture littéraire et à l’esprit d’analyse de l’enquêteur. Pour rendre le mystère encore plus ... mystérieux, Bram Stoker, William Butler Yeats et Allister Crowley alimenteront l’énigme créé par quelques illuminés qui voudraient bien effacer un passé trouble.

 J’ose une comparaison très avantageuse pour Laflamme : en le lisant, je lui ai trouvé des airs de ressemblance avec le grand auteur portugais, J.R, dos Santos. Santinelli n’est peut-être pas aussi flamboyante et savante que Tomas Noronha, mais elle me semble plus crédible et moins tape-à-l’œil.

Après un deuxième meurtre qui semble relié au premier, une école se pointe sur le chemin des enquêteurs. Une école bien spéciale avec une pédagogie qui l’est encore plus. De plus en plus complexe, avec des ramifications qui s’enchevêtrent, l’enquête avance, les victimes, mêmes mortes, parlent et les éventuels criminels continuent de se cacher derrière leur opacité symbolique.

Oui l’enquête est passionnante, mais la grande force de l’auteur, c’est de savoir l’entourer de personnages complexes et avec une profondeur psychologique qui enrichit le récit.

L’amnésie provoquée de l’enseignante, sa relation avec une amie, le lien qui se tisse entre elle et le policier, la maladie de la femme de l’enquêteur et la tendresse de ce couple, l’équipe de policiers qui entourent Volta ... tout cela donne au récit une intrigue riche, à plusieurs niveaux et qui fait appel à l’intelligence du lecteur.

J’ai adoré !

Enfin, je me dois de souligner le style de Steve Laflamme, un style éclaté, faisant appel à tous les outils disponibles pour varier l’écriture. La lecture est fluide même si la structure romanesque est complexe. Enfin, ce qui ne gâche rien, l’auteur possède un sens de l’humour et de la phrase qui punch, d’une efficacité redoutable.

Les agneaux de l’Aube confirme l’immense talent de Steve Laflamme. Ce tout nouveau roman possède tout ce que recherchent les amateurs de polars et de thrillers. Après avoir lu la dernière phrase de ce récit, il m’est venu une question : jusqu’où le talent de Steve Laflamme pourra le conduire ? L’avenir ne peut être que ... rose (pour des romans noirs de cette qualité) pour ce romancier québécois de talent!

À découvrir pour les nouveaux lecteurs ! À poursuivre la découverte, pour ceux qui ont lu et apprécié la trilogie Xavier Martel ! Je pense que mes collègues Christelle et Céline le confirmeront.

En attendant je vous invite à lire la chronique de Christophe, dimanche, sur le même roman. Un rare doublé mais tellement mérité !

Bonne lecture !

 

Les Agneaux de l’Aube

Steve Laflamme

Éditions Libre Expression

2023

406 pages

 

 

 

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