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Polar, noir et blanc

Un blogue qui parle de livres, de bons livres, dans tous les genres, juste pour le plaisir de lire et d'en parler.

Une saison pour les ombres

Dans le froid mordant

Une chronique de Christophe Rodriguez

 

Que sont-ils venus faire dans cette galère où le froid mordant annihile toutes envies? En cette rentrée littéraire, et justement parce que les températures glaciales, nous tombent dessus, le nouveau Ellory vous gardera bien au chaud. Foin des appartements feutrés de Manhattan ou  au climat poisseux de la Louisiane, le romancier s’est aventuré très loin dans un coin de pays que vous connaissez presque. Je ne sais pas qui fut son  "agent" sur place, mais avouons qu’il a très bien renseigné ce maître du roman noir.

Au hasard de pages, vous allez croiser la ville de Québec et son corps policier, Sept-Îles, Schefferville et plus au loin encore aux confins du Labrador et de Terre-Neuve, Jasperville. Cette ville très reculée évoque un peu Fermont, sans le mur et avec beaucoup moins de moyens. Comme le minerai est source de revenus, la compagnie Canada Iron gère tout comme un bon « père de famille ». Elle accueille ses employés, les loge et emploie tous ceux et celles qui voudraient se frotter aux températures glaciales sans soleil. Dans cette mixité d’êtres humains, qui est en territoire inuit et métis, seul le salaire compte.

L’intrigue va se jouer peu ou prou sur 40 ans. Après une vie précaire marquée de quelques secrets que nous découvrirons au fil des chapitres, Henri Devereaux et Elisabeth Swann partent s’installer dans ce coin perdu. Malgré les embûches, la famille tient bon. Grâce à Wilson Gaines, responsable du logement, une modeste maison leur ait octroyé. Mais dans ce climat hostile, des ombres rôdent comme celle du Wendigo. Une créature maléfique, anthropophage issue de la mythologie des Premières Nations. Sans y croire, certains soupçonnent cet être fantomatique d’avoir enlevé des jeunes filles, parce qu’il y a eu des décès jamais élucidés jusqu’au jour où?

Éloigné depuis 25 ans de ce coin sinistre, Jack Devereaux, expert en sinistre à Montréal, est appelé d’urgence par la police locale. Son frère Calvis en plus d’avoir semble-t-il perdu la raison, a essayé d’exécuter un certain Lefebvre. Homme brutal, ivrogne, Calvis pense fortement qu’il est l’auteur de certains meurtres, dont celui d’une amie de l’entourage quand il était enfant. Vous songiez à un autre récit de tueurs en série, c’est bien mal connaître R.J. Ellory. Une saison pour les ombres est avant tout la chronique de liens familiaux, de désarrois ainsi que d’épreuves au fil des saisons et des ans. Cette mine qui avale tout y compris le simple fait d’exister devient l’épicentre de drames humains, magnifié par des histoires d’esprits qui rôdent.

Ayant mauvaise conscience, d’avoir abandonné sa famille, Jack Devereaux revient pour sauver son frère et qui sait, Carine son amour de jeunesse. Est-ce que la nature hostile explique tout, c’est ce que vous allez découvrir lentement. De naïves filles disparues au tréfonds de l’âme humaine, le romancier vise juste. Un Ellory brillant et maître des ambiances.

Bonne lecture !

Crédit photo: ©Richard Ecclestone

 

Une saison pour les ombres

R. J. Ellory

Éditions Sonatine

400 pages

 

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