30 Août 2019
Une chronique d'Alexandra Beerli
Mattias Köping est un auteur français né au Havre en 1972. Outre la littérature, il est également passionné d’arts martiaux. Membre de Ring, « Le Manufacturier » est son second livre, précédé des « Démoniaques », sorti en 2016, et ayant remporté le Grand Prix du Jury des Mines Noires (2018) et le Prix Découverte des Géants du Polar (2018).
« Le Manufacturier » pourrait même être adapté à l’écran…
Attention ! Vous allez entrer dans un univers que j’imagine, que peu de personnes connaissent. Il va vous glacer le sang et vous prendre aux tripes.
Deux histoires à des époques différentes se croisent dans ce polar très noir : une période de la guerre en ex-Yougoslavie aux alentours de 1991 et une enquête sur un meurtre effroyable (le mot est faible) d’une femme et son bébé en 2017.
Irena Ilic, avocate, qui traque les criminels de guerre et Vladimir Radiche, commissaire de police, alias Zéro, vont se livrer une bataille mortelle.
Vous retrouverez beaucoup d’ingrédients dans ce polar : meurtres atroces, Darknet, mafia, prostitution, crimes contre l’humanité, … de quoi vous perdre dans les abîmes de l’humanité.
A l’époque j’étais encore jeune, mais je ne me souviens pas que l’on ai parlé ouvertement ou aux actualités des horreurs perpétrées pendant cette guerre. Et pourtant, que d’horreurs. Etait-ce trop dérangeant ou trop choquant pour l’époque ?L’auteur a voulu être au plus proche de la réalité et il a réussi ! Ses descriptions, l’ambiance qu’il met dans chaque scène est absolument époustouflante. Je vivais littéralement l’horreur devant mes yeux et j’ai failli fermer le livre, à bout de souffle. Et pourtant, l’envie d’en savoir plus, l’envie de voir « gagner » les gentils était plus forte devant tant d’injustice et d’horreur. Mais les méchants sont-ils vraiment ceux que nous devrions haïr ?
Köping ne fait pas dans la dentelle et on le constate dès les premières pages. Le langage cru et brutal en témoigne tout au long du livre.
Nous allons faire la connaissance de Milovan, qui viendra solliciter l’aide de l’avocate. Il est à la recherche de ceux qui avaient, à l’époque de la guerre, torturé et massacré sa famille. Lui-même avait été leur victime alors qu’il n’était qu’un jeune enfant, mais il réussit à s’échapper et fut adopté par son grand oncle.
En parallèle, des crimes tous plus atroces les uns que les autres, perpétrés par un homme surnommé « Le Manufacturier ».
Le ton monte encore d’un cran avec le meurtre probablement le plus atroce, le plus inimaginable pouvant être l’oeuvre d’un être humain… non, cela n’a rien d’humain. Un meurtre que « Le Manufacturier » appellera même « une œuvre d’art »...
Les deux affaires sont-elles vraiment liées ? Quel rapport peut-il bien y avoir entre les Lions de Serbie et la guerre en ex-Yougoslavie et ce tueur en série ?
« Le Manufacturier » est un polar très noir et très bien documenté qui rendra l’histoire encore plus réelle. Les détails sont précis, à la limite du soutenable parfois, donc âmes sensibles s’abstenir.
La réalité des faits a rendu, me concernant, le livre plus addictif.
Le combat d’Irena Ilic et de Vladimir Radiche aura t-il une fin ? Que peut bien cacher Radiche ? Milovan va t-il surmonter ses angoisses et son stress post traumatique ? Retrouvera t-il les responsables du massacre de sa famille grâce à l’aide d’Irena Ilic ? Qui est celui que l’on nomme « Le Manufacturier » et que cherche t-il ?
La fin vous laissera sans voix. D’ailleurs, vous retiendrez votre respiration un bon nombre de fois à la lecture de ce page turner.
Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une agréable lecture et surtout n’oubliez pas : Notre passé nous rattrape TOUJOURS !
Bonne lecture !
Le Manufacturier
Mattias Köping
Ring Éditeur
2018