7 Juillet 2021
La première dame du jazz
Une chronique de Christophe Rodriguez
Issu de la culture rock et alternative, l’écrivain et biographe Steven Jezo-Vannier (né en 1984) m’avait surpris il y a deux ans, avec une biographie de Frank Sinatra. Plutôt qu’un simple collage de textes, son essai biographique était passionnant, brillamment construit et fait assez rare, il parlait aussi des musiciens et des arrangeurs qui taillèrent un écrin de luxe au « Charmain of the Board ».
Dans cet état d’esprit, vous allez donc redécouvrir la vie foisonnante de la chanteuse Ella Fitzgerald. Véritable machine à succès, elle gagna très bien sa vie à moins de trente ans, cette douce dame qui ne toucha jamais à aucune substance illicite, eu un parcours sans faille.
Malgré et les modes et le temps qui passa, la venue sur scène de la « First Lady of Jazz » était gage de succès, surtout lors des tournées du Jazz at The Philarmonic, dont tous les concerts furent des pépites. Toujours inquiète, constamment à l’affut, elle ne voulait jamais décevoir son public. Sa vie se confond avec le jazz et ce n’est pas pour rien, que les coffrets de son vivant ou en hommage sont légion.
Une voix comme un orchestre
En trente ans et des poussières de jazz, combien de fois ai-je croisé la route de la grande Ella ! De Porgy and Bess en tandem avec son ami Louis Armstrong et de Duke Ellington à la Côte d’Azur, en passant par Count Basie, les concerts du JATP, sans oublier tout ce qu’elle fit pour le « Great American Songbook », Ella fut le jazz et bien plus.
En plus de 300 pages, l’auteur ne cache rien, raconte les débuts d’une adolescente qui aurait souhaité devenir danseuse, mais qui avait un talent inné pour le chant (plus de trois octaves) et un sens du swing inné. Ella aimait les musiciens et ce fut à leurs côtés qu’elle développa ce sens du rythme, des amorces, du scat. Du trompettiste Dizzy Gillespie, pionnier du bop qui fit presque ses premières armes en l’accompagnant, aux pianistes Jimmy Rowles/Tommy Flanagan, des guitaristes Joe Pass/Herb Ellis, sans oublier son grand amour : le contrebassiste Ray Brown ou son travail avec l’immense chef d’orchestrer et arrangeur Russel Garcia, cette éternelle jeune fille traversa les époques.
Avec son agent, Norman Granz, homme d’affaires avisé qui toute sa vie lutta contre la ségrégation, elle œuvra dans les meilleures conditions, défendant comme elle le pouvait, ses amis afro-américains. Une vie étoilée qui donne au biographe, un sujet en or touchant ou la musique est maitresse de tout, pour paraphraser Duke Ellington !
Bonne lecture !
Ella Fitzgerald
Il était une voix en Amérique
Steven Jezo-Vannier
Le mot et le reste
368 pages
Steven Jezo-Vannier, spécialiste rock et contre-culture
J'en profite pour remercier tous ceux et toutes celles qui passent un peu de temps sur ce site, qui en passent un peu plus à me lire et parfois même à m'écrire. Merci à tous. N'oubliez pas de ...