30 Octobre 2020
Les secrets d’un village
Par Christophe Rodriguez
Dans ma modeste bibliothèque, je possède toute une rangée de contes. Marcel Pagnol est bien présent avec ses secrets de Provence, mais aussi la Normandie, ceux des campagnes et quelques autres s’ouvrant sur le monde. À travers certains mythes, nous découvrons les us et coutumes des temps anciens, parfois nimbés d’une aura fantastique.
Une certaine curiosité m’a frappé en lisant le 1er roman de l’auteur Jean-François Dubeau qui situe son histoire entre le roman policier et le fantastique dans le petit village de St-Ferdinand. Un peu plus, nous aurions croisé l’imaginaire de Fred Pellerin ou les « coups de gueule " de Rose-Anna (Le temps d’une paix), mais il en fut tout autre. En toile de fond, nous retrouvons l’univers dense de Lovercraft et son Chtulhu, avec deux pincées de Stephen King qui pimenteront de façon remarquable cette saga.
Petit, petit, qui es-tu ?
Sous la forme d’un conte, puisque l’histoire commence en 1837, nous croisons des adolescents partis en vadrouille. Tout à fait par hasard, ils découvrent une grotte, où se niche une créature mystérieuse. Si elle apprécie au début la compagnie de ces jeunots, nous apprendrons rapidement qu’elle diffuse la haine, la méchanceté puis le malheur.
À St Ferdinand qui n’a pas fondamentalement changé depuis les tristes évènements de 1837, la vie suit son cours, si ce n’est, une série de meurtres inexpliqués, tous aussi horribles les uns que les autres. Dans ce jeu d’ombres qui rappelle beaucoup certains films à suspense des années 40 (nous songeons au Corbeau, L’assassin habite au 21 ou Goupil Mains rouges), tout un chacun possède une partie de la vérité, mais motus et bouche cousue.
Peu enclins aux « histoires surnaturelles » des temps jadis, de jeunes adolescents vont confronter la mort au mépris du danger. Faisant monter la pression, et l’image du presto n’est en aucun cas suranné, l’auteur place au cœur de l’intrigue : Vénus, Daniel, fils de l’Inspecteur Crowley, ainsi qu’une galerie de personnages à la moralité douteuse, dont la secte des Compagnons. Mais la malédiction plane, à travers ce Dieu caché, entité maléfique, qui vous vous en doutez est à la base de toutes ces morts violentes.
Malgré des passages crûs, J-F Dubeau fait preuve d’une bonne dose de réalisme en réhabilitant l’humeur du terroir, les liens familiaux ainsi que le passage à l’adolescence. Une plume à surveiller qui a un talent certain !
Bonne lecture !
Le dieu caché
J-F Dubeau
Éditions Bragelonne,
415 pages