2 Février 2023
Une chronique de Richard
Après nous avoir baladé en Caroline du Sud « Dans les brumes du mal » et nous mettre sur la piste du fils de Jésus à Jérusalem, René Manzor nous plonge en plein cœur du Pôle Sud en passant par la Nouvelle-Zélande avec son nouveau roman « Du fond des âges ». Thriller glaçant, pas juste pour la température des lieux ni les espaces blancs à l’infini, ce récent roman, malgré un ou deux éléments de « déjà-vu », transporte le lecteur dans un tourbillon de rebondissements et d’intrigues scientifiques et écologiques. Un tourne-page haletant !
Christchurch, Nouvelle-Zélande, un jeune Maori de huit ans est poursuivi par un vieil homme russe qui lui tire dessus. Parvenant à se barricader dans l’entrée d’un édifice, l’enfant reçoit une balle dans le dos, s’écroule et se résigne à son destin quand l’agresseur pointe son arme vers lui. La déflagration résonne dans le hall de l’immeuble, mais c’est le Russe qui s’effondre, tué par le concierge venu à la rescousse du petit garçon. Qui est ce jeune garçon et qui veut l’assassiner. En plein jour dans les rues de cette grande ville néo-zélandaise ?
Un an plus tôt, Marcus Taylor, brillant glaciologue et professeur à l’université de Canterbury est sollicité pour retourner à Vostok comme chef de mission. Il hésite, il refuse puis, à bout d’argument, il accepte cette dangereuse mission. Peut-être un peu pour oublier que depuis 732 jours, son fils a disparu; aucune nouvelle. Et ce malheur (qui ne vient jamais seul ...) en provoque un autre : Raïna, sa femme, la mère du petit Naïto, a finalement accepté la perte définitive de son enfant, en contradiction avec Marcus qui croit toujours que l’enfant est encore vivant. Le couple s’est éloigné et n’a pas résisté à l’épreuve.
Deux mois plus tard, l’équipe de scientifiques avec Marcus Taylor comme chef de mission est en route vers la base ... et son destin. À quelques kilomètres de sa destination ... la mission tournera au cauchemar.
Quel est le lien entre cette histoire d’horreur glaçante et la tentative de meurtre sur un jeune enfant de huit ans ?
L’auteur a choisi de construire « Du fond des âges » en alternant la temporalité des deux histoires. Le lecteur sait pertinemment que ces deux récits se rejoindront quelque part, à l’horizon du dénouement. Tout le plaisir se trouve dans cette anticipation des liens entre les deux histoires. Et c’est là que réside la force de ce thriller scientifique.
René Manzor est d’abord et avant tout un cinéaste, un réalisateur et un scénariste. Ce qui nous donne une écriture toute en images, des plans éloignés qui embrassent tout un paysage, mais aussi des cadres rapprochés où l’humain occupe tout l’espace. Scènes d’horreur quand même assez soft succèdent à des moments touchants d’humanité de tendresse, d’amitié et d’amour. Ce roman fait vivre à son lecteur une palette d’émotions très large.
L’auteur place son intrigue dans un milieu hostile, effrayant, inconnu et nous le décrit avec justesse et créativité. L’action ne manque pas, les revirements sont nombreux, les ficelles du récit s’enchevêtrent et se dénouent au fil des pages. L’intrigue est dense et le récit est rythmé. Pas le temps de respirer, on passe au prochain chapitre. Et la finale, spectaculaire et imprévisible, nous laisse pantois. Une finale non conventionnelle, inattendu et à la morale élastique. Malgré nous, on aime ça !
René Manzor séduit par la qualité de son écriture cinématographique et sa diversité de sujets qu’il met en scène. Pour passer un bon moment de lecture quand on a besoin d’évasion et de suspense, les romans de cet auteur deviennent un choix éclairé.
Extrait: "L'argument était plein de bon sens, mais être humain consiste souvent à refuser d'en avoir."
Bonne lecture !
Du fond des âges
René Manzor
Les Éditions Calmann Levy Noir
2022
392 pages
René Manzor : sa biographie, son actualité, ses livres | Lisez!
René Manzor est réalisateur et écrivain. Remarqué par Steven Spielberg après ses deux premiers films - Le Passage et 3615 Code Père Noël -, il part pour Los Angeles où il devient scénarist...