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Polar, noir et blanc

Un blogue qui parle de livres, de bons livres, dans tous les genres, juste pour le plaisir de lire et d'en parler.

Une cathédrale à soi

Les ombres de la Louisiane

Par Christophe Rodriguez

À 84 ans, le romancier louisianais James Lee Burke reste toujours aussi combattif. Si vous aimez les histoires touffues, l’histoire tout court et parfois, les mondes parallèles (sans toutefois tomber dans le mysticisme), offrez-vous ce cadeau estival.

Depuis La pluie de néon, je suis les péripéties de Dave Robicheaux, policier cajun, hanté par la guerre du Vietnam, qui habite corps et âme ce pays, nous instruisant au passage sur ce que fut la Louisiane, avec ses esclaves, ses corsaires négriers (Jean Lafitte), sans oublier la guerre de Sécession. Au sujet de cette dernière qui fit plus de morts que pendant la Seconde Guerre mondiale, nous vous recommandons fortement Dans la brume électrique avec les morts confédérés, porté à l’écran par le regretté Bertrand Tavernier.

Autour de Dave Robicheaux gravite son ami Clete Purcel, électron libre, ancien policier devenu détective privé. Un homme dangereux, mais fidèle, qui ne craint personne et dont le sens de la justice s’égare parfois à travers d’étranges considérations. Vous ferez connaissance avec Alafair, jeune fille rescapée d’un accident d’avion et les femmes de Dave, dont Bootsie qui vient justement de disparaitre dans  Une cathédrale à soi.

 

Histoires de familles

Les familles Shondell et Balangie, établies, depuis des lunes à La Nouvelle-Orléans se haïssent. Comme, dans  Les rivaux de Painful Gulch (Lucky Lucke), mais en très cruel, ces familles qui ont constitué leur pouvoir sur les trafics en tous genres en viennent régulièrement aux coups, par hommes de main interposés.

Transposant en quelque sorte le mythe de Roméo et Juliette, James Lee Burke isole de cette saga meurtrière : Johnny Shondell et Isolde Balangie. Sans être promis à un amour éternel, les liens sont si forts que personne ne semble pouvoir s’opposer à cette relation. Contre sa volonté, la jeune fille est « promise » à l’oncle de Johnny, homme peu scrupuleux, dont la prostitution ainsi que le trafic humain, est sa principale ressource.  

Aux abois, et presque en perdition depuis la disparition de sa femme, Dave Robicheaux tentera de sauver la jeune fille. Jamais, classique dans son essence, bien qu’il s’agisse d’un roman policier, Une cathédrale à soi, s’inspire autant du passé que du présent. Constitué de mythes parfois tenaces, d’emprunts aux religieux et de sa Louisiane conçue dans le bruit et la fureur, James Lee Burke offre un roman audacieux, violent, soutenu par des descriptions pastel sur les couchers de soleil près des bayous. Parce que le monde de l’écrivain est un univers hanté, il faudra un «  chevalier » venu des ténèbres pour brouiller les cartes .

Si New Iberia ne vient pas à nous, nous irons à elle. Voilà une lecture qui a du mordant !

 

Bonne lecture !

 

Une cathédrale à soi

James Lee Burke

Rivages/noir

444 p

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