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Polar, noir et blanc

Un blogue qui parle de livres, de bons livres, dans tous les genres, juste pour le plaisir de lire et d'en parler.

Entraves

 

Voici la belle histoire d’un livre difficile à se procurer au Québec mais qui se retrouve par la magie des réseaux sociaux sur ma table de chevet. Quelques mots échangés avec Alexandra et Éric, une complicité s’installe. Un bon matin, le colis arrive. Deux romans. Deux semaines plus tard, j’ouvre «Entraves» le livre solo d’Alexandra Coin … et le choc !

 

Dès le prologue, une salve de phrases « coup de poing » en plein plexus solaire :

 

 

 

«Une douleur fulgurante, semblable à du verre pilé, explose sous mon crâne … »

 

«L’aigreur et l’amertume d’un passé encore indistinct affleurent. »

 

«Une obscurité si dense qu’il me semble la sentir s’immiscer en moi. »

 

Avouez que ça commence fort !

 

L’histoire.

 

Sur un lit d’hôpital, une jeune femme se réveille d’un long sommeil. Elle ne peut bouger, son corps est imprégné dans le matelas, ses membres harnachés à la  structure de barreaux qui l’entourent. Des silhouettes blanches volent au-dessus de son lit. Des médecins ? Mais pourquoi ? Tout à coup une seringue. « Mes yeux sont ouverts. Pourtant, je ne vois plus rien. Je sombre. »

 

Retour en arrière.

 

Emma est mariée avec Illario. Ils ont un enfant, Louise. Petite famille normale, saine ? Au premier regard, on voit tout de suite que quelque chose cloche. Qu’une tension alourdit l’atmosphère, qu’il existe des « Entraves » au bonheur de ce couple.

 

Illario est méprisant avec sa femme et le plus souvent, il ignore sa fille. Il s’impose, menace sa conjointe , fait le vide autour d’elle, joue la carte de la culpabilité, fait en sorte qu’elle se sente comme une moins que rien, une merde. Le mari d’Emma est l’exemple « parfait » du pervers narcissique.

 

Hôpital psychiatrique de Saint John’s.

 

C’est bien Emma qui est couchée dans ce lit d’hôpital ! Et le docteur Morlov est là pour la rassurer. Le traitement sera long, sa relation avec son mari a laissé des traces profondes. Avec prudence, Emma fait confiance au psychiatre, arrive à s’abandonner, lui fait le récit de sa triste histoire.

 

En alternant d’un chapitre à l’autre, le lecteur accompagne Emma pendant son séjour à l’hôpital, ses relations avec les autres patients et son traitement avec son médecin. Il apprend, également, ce qu’elle a vécu avant son internement. Ce voyage entre la vie du personnage au quotidien et son long chemin vers son rétablissement est instructif et passionnant.

 

Mais tout à coup, la romancière ouvre les vannes de son imagination et souffle sur le lecteur un vent de surprises et de rebondissements. Toutes les certitudes que nous nous étions forgés, toutes les évidences volent en éclats. Alexandra Coin nous bascule et nous entraîne dans un tourbillon de revirements, vers une finale imprévisible.

 

J’ai adoré ce roman qui se lit comme un page turner. Ne vous fiez pas à la relative tranquillité de la première partie du récit ; on y apprend beaucoup. L’auteure, sans être didactique, nous trace le portrait vivant et dynamique de la perversion narcissique. Et tout cela nous prépare au feu d’artifice de la deuxième partie.

 

Si une des grandes habiletés (défauts) des pervers narcissiques est leur facilité à manipuler les gens qui les entourent, à la lecture de ce roman, on se dit que c’est aussi une grande qualité des auteurs de fiction. Le lecteur se fait manipuler joliment par l’auteurer et il se plait au jeu avec plaisir.

 

« Entraves » possède toutes les caractéristiques d’un roman qui vous clouera sur votre fauteuil de lecture : des personnages complexes, une intrigue prenante et une construction habile. Sans compter ce petit quelque chose dans le style qui donne à l’écriture une fluidité et une profondeur troublante.

 

En bref, vous comprendrez que je vous recommande ce roman sans restriction. Il saura plaire aux amateurs de romans psychologiques autant qu’aux personnes friandes de thrillers.

 

Bonne lecture !

 

Deux extraits, malgré que déjà, ceux du début de chronique sont assez révélateurs:

 

« … elle n’était alors que la proie d’un prédateur d’un nouveau genre, un pion aveugle sur l’échiquier du mâle. »

 

« Elle resta vingt longues minutes à pleurer et à se nettoyer sans relâche. Mais la honte et le doute sont résistants au lavage. »

 

 

 

Entraves

Alexandra Coin

2018

253 pages

 

Alexandra-coin.co

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