17 Août 2011
Quel livre étrange ! Comme le titre d’ailleurs ! D’ailleurs ??? Oui, je crois que ce livre vient
d’ailleurs, d’une autre dimension, juste à côté de nous, semblable à notre monde mais tellement différent.
Sylvain Meunier, l’auteur de «L’homme qui détestait le golf» (Prix Saint-Pacôme
pour le roman policier 2088) et de la trilogie sur «Lovelie d’Haïti», nous offre un roman aux allures de thriller fantaisiste. Ou ne serait-ce pas une fable, une enquête
fantastique ou fantaisiste qui se passe dans un hôpital et dans les sous-sols de Montréal ? Enfin, peut-être que ce roman n’est qu’une simple histoire qui nous amène, nous les lecteurs (parfois
déstabilisés et même un peu inquiets), à lire, avec un certain plaisir, une histoire jusqu’au dernier mot: FIN !
Évidemment, vous vous êtes rendus compte que je faisais un peu d’ironie, car ce roman, cette histoire est
absolument inclassable. D’ailleurs, toute taxonomie serait parfaitement inutile car j’imagine que les lecteurs de «La nuit des infirmières psychédéliques» doivent tous
sortir de leur lecture avec la même question: «Mais qu’est-ce que je viens de lire ???»
Essayons donc de vous raconter l’histoire, sans trop en dire ...
Sylvain Meunier (personnage principal et non l’auteur) ...
(Vous voyez, déjà ici, s’amorce un certain entortillement !! Comment
faire la différence entre l’auteur qui écrit et le personnage principal !!!)
Je disais donc, Sylvain Meunier visite son père malade à l’Hôpital général de LaSalle, en banlieue de
Montréal. Son père lui raconte un phénomène étrange: pendant la nuit, un groupe d’infirmières donnent un spectacle dans les corridors de l’hôpital. Le visage peint en rouge, elles projettent des
images psychédéliques sur les murs et chantent des chansons en italien.
Commence alors une enquête insolite où s’entremêlent l’auteur et ses propres personnages qui apparaissent
tous à un moment donné de sa recherche de la vérité. Vérité ? Réelle ? Imaginée ? Ou les deux ??? Vous en doutez ??? Et bien rencontrez certains personnages qui apparaissent dans ce roman:
Stanley Péan (auteur), François Barcelo (auteur), Yves Beauchemin (auteur), Robert Lalonde (auteur), Giovanni Calabrese (éditeur), Denis Arcand (cinéaste), madame Thibault (directrice
littéraire), une clé USB qui a fait un drôle de voyage et une courte échelle (sans placement de produits) !
* Voir la note plus bas (et n’oubliez pas de revenir !)
Pour apprécier ce récit, le lecteur doit se laisser porter par l’imagination de l’écrivain
( ... et de son personnage ... d’écrivain !) et prendre ce roman comme un moment de folie passagère, partagé avec Sylvain Meunier et ses égarements littéraires. L’histoire se tient, même très
bien, mais le lecteur doit faire preuve de vigilance pour apprécier les méandres délirants de la créativité de l’écrivain. J’avoue ne pas avoir tout compris à la première lecture, être resté un
peu médusé en refermant le roman (Lecteur inattentif ou auteur diabolique?). Puis, en feuilletant de nouveau et en relisant certains passages, certains morceaux du casse-tête romanesque se sont
comme placés d’eux-mêmes.
«S’ils savaient le sapin que tu leur passes ! Parce que tu joues bien ! Et pourtant, si bien faire
n’est pas défaire, si bien coudre n’est pas découdre, si bien ennuyer n’est pas désennuyer, ici comme dans tant de sports, bien jouer, c’est déjouer.» Serait-ce le crédo, le modus
operandi de l’écrivain ?
Vous vous rendez compte, aimables lecteurs, que ce roman n’est pas comme les autres; il comporte une forte
dose de fantaisie débridée qui vous demandera une certaine forme de laisser-aller. Il faut laisser de côté notre rationalité et apprécier cette bande dessinée sans illustration où toute
l’action se passe à des niveaux différents.
L’auteur nous offre un moment de folie ... temporaire, fugace ... le lecteur devra accepter de se
laisser entrainer dans la sinuosité de son imaginaire ... Sinon, passez votre chemin. Pour les autres, soyez prêts à «vivre une expérience psychédélique» et laissez vous porter jusqu’au
mot: FIN ! Attention, cependant, tous les chapitres se terminent par le mot «Fin».
Et surtout, attention aux médicaments que l’on vous donne à l’hôpital.
À la place, prenez ces quelques extraits, prescrits par votre blogueur-infirmier, pas du tout
psychédélique.
La première, je la dédie à tous mes anciens collègues de travail: «Ces soirées étaient aussi
l’occasion de casser du sucre sur le dos des mauvais élèves, des mauvais profs et des directeurs et directrices qu’il n’est pas nécessaire de qualifier.»
«Mais on a beau être privé, on ne va pas se priver ! »
Une description d’un cadavre: « ... une bouche, qui, quelque quarante ans plus tôt, lui prodiguait
des câlins à faire éjaculer un clou.»
Et la dernière, un de mes moments préférés: "Gardez ça pour vous: il paraît que Marie en voudrait à
Pierre d’avoir détourné son fils d’une carrière peinarde dans la construction, et que c’est plutôt l’apôtre qu’on aurait dû clouer à une charpente en premier. Que voulez-vous, on a eu beau élever
un oratoire à Joseph, il reste que cet enfant-là, on parle de Jésus, n’a pas vraiment eu de père. Le vieux avait peut-être de la poigne pour son marteau, mais guère plus, et ce n’était pas son
genre d’amener son fils à la pêche, pour parler des fleurs et des abeilles ... Mais j’en ai déjà trop dit. Et puis ce ne sont que des ragots de nuages ..."
Bonne lecture ! Et surtout, restez en santé !
La nuit des infirmières psychédéliques
Sylvain Meunier
La courte échelle
2010
262 pages
* Cette chronique a été écrite sous l’influence d’aucune drogue ou médicament.