6 Mars 2011
Longtemps la littérature québécoise de genre a été décrié. Pas de bons auteurs, des romans insipides, sans imagination, une publicité déficiente ... Dans un cercle vicieux
imparable, les libraires noyaient les nouveaux romans dans une mer européenne et étatsunienne et les lecteurs, devant les rayonnages de présentation des nouveautés, se lançaient ( ... et se
lancent encore ! ) sur les Dan Brown de ce monde.
Est-ce que le vent change ? Je pense que oui.
Au fil des ans et des éditions, certains auteurs québécois commencent à revendiquer leur place sur les présentoirs de nouveautés. Quelques vedettes
incontournables trônent au sommet (non plutôt au pied) de ces montagnes de nouveautés accrocheuses aux blurbs ( ??? Voir ici !!!) affriolants.
Et pourtant !
Après ma lecture de «La danse des évêques» d’André K. Baby, m’est revenu ce questionnement de la place de notre
littérature québécoise sur les tablettes de nos librairies (et son absence presque complète sur les rayons des librairies européennes).
Quand j’eus terminé ma lecture de ce très bon roman, je me suis demandé: «Qu’est-ce que ce livre a de moins que les livres de Dan Brown ?»
La réponse: «Rien !!!»
«La danse des évêques» a sensiblement les mêmes qualités ... et les mêmes défauts !
Commençons donc cette analyse comparée, avec les quelques «roches dans le soulier» qui ont agacé ma promenade à travers les pages de ce
récit:
Ça vous rappelle certaines de vos dernières lectures ? Tout cela pourrait être le prélude d’un roman «déjà vu» ...
Mais non ! L’histoire, même si elle est un peu complexe, nous amène son lot de surprises et d'intrigues.
Avant de passer aux nombreuses qualités de ce livre, faisons donc un petit tour d’horizon des événements qui déclencheront cette enquête qui va
mener l’inspecteur Thierry Dulac, inspecteur d’Interpol France, à Paris, Londres, Rome, Moscou, dans les Antilles ... et au Canada !
Dans une station de ski suisse, un cadavre est découvert, ligoté à la structure d’un remonte-pente; très vite, on identifie le corps de Mgr Antoine
Salvador. Quelques jours plus tard, un deuxième assassinat est commis contre un autre prince du Vatican ... les deux corps avaient été ornés d’une plaquette de bois où était inscrite une phrase
énigmatique. On ferait donc appel à une jeune professeur de la Sorbonne, Karen Dawson, spécialiste des mythologies à qui l’on confie l’analyse des textes: «Le lion est mort. Le Dragon est
blessé.» et «Le boeuf est tombé, le Dragon est blessé.».
Voilà lancée cette enquête où la transparence entre les différentes polices n’est pas la règle et où l’opacité des pouvoirs civils et religieux
donne l’impression que les Dix commandements ont été réécrits en un seul mot: Silence !!
Et l’ultimatum arrive sur un papier orné d’une extraordinaire enluminure, généralement utilisée par la secte «Pistis Sophia»,
«exige que soient vendus quatre des toiles du Vatican et que les profits soient versés aux pauvres d’Afrique.»
Parmi les grandes qualités de ce livre, il faut souligner les éléments suivants:
Bien sûr, je ne vous dirai pas que ce livre est un «grand roman» qui va révolutionner le genre; cependant, ce que je peux affirmer sans aucune
crainte, c’est que ce livre va vous procurer de très bons moments de lecture. Vous serez happé par l’histoire, accroché par les chapitres courts, l’écriture sans fard et finalement, porté par une
vitesse de croisière parfois hallucinante.
Bref, comme le suggérait humoristiquement Pichennette, «La danse des évêques» est un «tunirapatecoucher. »
Alors, la prochaine fois que vous fréquenterez votre librairie préférée, lecteur boulimique et curieux, il ne faut pas hésiter à regarder dans les
rayonnages de côté, région éloignée des îlots de nouveautés et à se payer une découverte qui en vaut la peine.
Dan Brown n’a plus besoin de votre argent; certains auteurs, comme André K. Baby, ont besoin de lecteurs.
Au plaisir de la découverte.
Bonne lecture !
La danse des évêques
André K. Baby
Marcel Broquet La nouvelle édition
2010
404 pages
Le roman est disponible à la Librairie du Québec à
Paris