2 Mars 2011
Ça, un
premier roman ?
Captivant, ingénieux, iconoclaste, irrévérencieux, passionnant, etc.
Voilà, c’est dit. J’ai aimé «Totally Killer»; je me suis régalé de ce roman, noir à souhait, sous le signe de la théorie du complot
et de l’histoire américaine (new-yorkaise) contemporaine.
Greg Olear a trouvé une solution au problème du chômage. Pour faire de la place aux jeunes, assassinons les vieux cons qui détiennent les postes
intéressants, rayons-les de la carte, proprement et rapidement.
La société de placement Quid Pro Quo vous propose de vous trouver «le job pour lequel on tuerait». Alléchant ! Tentant ! Cependant,
une condition est attachée à l’obtention de ce poste: vous devez procéder au «licenciement définitif» d’une autre personne. Taylor Schmidt, une superbe femme du début de la
vingtaine, «aussi fine qu’une parenthèse», fraîchement diplômée d’une Université américaine, ambitieuse et prête à tout pour accéder au poste qui la fait rêver, s’inscrit
volontairement et consciemment dans cette agence.
Pendant ce temps, Todd Lander, le co-locataire amoureux fou de Taylor, l’espionne, lit son journal intime et rêve du moment où elle viendra se
blottir dans ses bras.
Après quelques tentatives infructueuses dans des agences de placement où l’on aperçoit « ... l’ordinateur que Saint-Paul utilisait pour
écrire ses épîtres aux Thessaloniciens.», Taylor Schmidt s’engagera dans cette agence de placement bien spéciale, y rencontrera le très élégant Asher Krug, deviendra, en très peu de
temps, éditrice d’une grande maison d’édition ... et devra payer le gros prix pour cet emploi si convoité.
L’auteur nous fera vivre deux époques de cette troublante aventure: l’année 1991 où se passeront la majorité des événements et, dix-huit ans plus
tard, 2009, le prologue, le retour sur l’histoire.
Greg Olear signe ici un premier roman absolument passionnant. L’histoire est abracadabrante, issue d’une créativité débordante, irréelle et
incroyable comme toute les théories du complot; mais on finit par y croire, par se laisser embarquer dans cette galère meurtrière.
Et ce qui ne gâche rien, l’auteur nous fait profiter d’une écriture fluide, efficace avec juste assez d’imagination pour nous surprendre au détour
d’une phrase avec style et créativité. Ses références culturelles sont nombreuses et surtout, nous situent favorablement dans le temps; la culture américaine est décrite dans toute sa richesse
mais très bien située dans un décor politique moins brillant.
On ne s’ennuie jamais, porté par l’histoire et par la qualité de l’écriture de l’auteur. «Totally Killer» est un exercice
d’écriture jubilatoire, un roman contemporain et une lecture tout à fait passionnante.
Voici donc quelques extraits pour vous mettre l’eau à la bouche avant la sortie officielle du livre dans nos librairies, au début du mois de
mars:
« ... la muse nocturne de mes fantasmes masturbatoires ...»
«Le coeur de Taylor battait si fort dans le silence qu’elle aurait juré entendre le début de Dark side of the moon sur la radio de la
voiture.»
« - Jusqu’où seriez-vous prête à aller pour nous ?
Vous me dites «sautez», je vous demande «de quelle hauteur» ?»
Après avoir fait l’amour: «Pour le dire simplement, baiser Taylor Schmidt constitua les trente plus belles secondes de ma
vie.»
«Il portait une barbichette, c’était la mode à New-York en ce temps-là. (Ce n’est plus le cas, bien que les États qui votent républicain
semblent ne pas avoir reçu la note d’information) ...»
Encore une fois, les éditions Gallmeister ont réussi à dénicher un auteur et un roman qui viennent combler les amateurs de romans noirs et alimenter
la réputation montante de cette maison. Je vous invite, en ce début du mois de mars, à découvrir ce nouvel auteur très prometteur ! Un divertissement assuré !
Au plaisir de la lecture.
Totally Killer
Greg Olear
Gallmeister
2011
300 pages
Parution le 3 mars 2011 ...