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Polar, noir et blanc

Un blogue qui parle de livres, de bons livres, dans tous les genres, juste pour le plaisir de lire et d'en parler.

La fille dans les bois

Chronique rédigée par Florence Meney, collaboratrice à Polar, noir et blanc.

 

Retrouver la joie du plaisir coupable

 

J’ai eu le bonheur il y a deux ans de rencontrer en chair et en os l’une de mes auteures fétiches, l’écrivaine américaine à succès Patricia MacDonald, dans le cadre du hélas défunt festival Les printemps meurtriers de Knowlton. Je n’ai pas été déçue, trouvant en elle une femme attachante et sans artifice, prête à engager la conversation… dans un français tout à fait acceptable de surcroît!

 Depuis longtemps déjà, je dévorais avidement tout ce qui sortait de sa plume, attendant chacun de ses romans à suspense dont l’intrigue finement tissée s’ancrait dans les petites communautés rurales d’une Amérique profonde, souvent engluée dans des valeurs anciennes et rétrogrades, avec des héroïnes hyper-attachantes et toujours au bord du gouffre. J’étais jeune encore, mais la force mortifère du jeune psychopathe dépeint dans l’un de ses premiers opus,  Petite sœur, m’avait saisie pour ne plus me lâcher, tant me semblait parfaite la description du Mal incarné dans cet être au physique d’ange. Je voulais écrire comme elle, rendre comme elle la violence ordinaire du mal qui se cache dans l’ombre des vies calmes.

Cependant les plus récents romans de la reine du thriller psychologique m’avaient laissée sur ma faim, fantômes dévitalisés des opus des premières années. Un peu à l’instar de Mary Higgins Clark, Patricia MacDonald, me semblait-il, avait pris la déplorable tangente de produire à intervalles réguliers des histoires plutôt moyennes, à mon sens, de simples variations sur un même thème, sans grande profondeur ni relief.

C’est pourquoi mon œil un peu blasé s’est plongé récemment sans aucune attente dans La fille dans les bois (bon mettons qu’on ne s’est pas foulé pour le titre), le dernier MacDonald traduit en français. J’ai donc eu la bonne surprise de me trouver happée par l’histoire bien ficelée et sans pause de cette héroïne incertaine qui renoue avec son enfance glauque et son village honni à l’occasion de la mort de sa sœur. Le thème du retour dans un passé traumatisant et de la quête de soi n’est pas follement original, mais quand il est bien exploité, comme c’est le cas ici, il est terriblement porteur.  Si l’on ajoute comme adjuvant un cadavre froid de près de deux décennies et un oncle aux sympathies néo-nazies, dans une communauté où rien ne se passe et où tout le monde se regarde en chiens de faïence, on a les ingrédients pour un thriller tout à fait réussi, même s’il n’a pas tout à fait le calibre des romans d’antan de Patricia MacDonald.

En bref, une bonne intrigue, assez juteuse pour nous permettre de retrouver le plaisir coupable de se glisser sous les couvertures, livre en main, pour quelques lignes de frissons.

Extrait du descriptif :

Cela fait quinze ans que Blair n’est pas retournée dans la ville de son enfance. Depuis que sa meilleure amie, Molly, a été assassinée… Mais l’état de Céleste, sa sœur, atteinte d’un cancer, ne lui laisse pas le choix.
« J’ai fait quelque chose de mal » : sur son lit de mort, celle-ci lui révèle que l’homme qui croupit en prison pour le meurtre de Molly est innocent. Pour preuve, elle était avec lui le soir du crime. Mais comment avouer à leur père, un raciste haineux, qu’elle avait une relation avec un afro-américain ?

 

La fille dans les bois

Patricia MacDonald

Albin Michel

2018

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