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Polar, noir et blanc

Un blogue qui parle de livres, de bons livres, dans tous les genres, juste pour le plaisir de lire et d'en parler.

Toutes les fois où je ne suis pas morte

« Le sel sans caramel avait coulé en rigoles corrosives dans son cœur de vanille »

p. 168

Vous dire que j’aime Geneviève Lefebvre comme auteure serait un euphémisme. Que ce soit dans un polar, un roman léger ou une histoire d’amour, elle sait toucher le lecteur avec émotion, intelligence et style. De plus, elle est une excellente romancière, les amerloques diraient, une vraie « story teller ». Dès les premières pages, l’intrigue est campée, le lecteur est accroché.

 

Catherine est speech writer ; elle écrit des discours pour toutes occasions. Se mettre à la place de quelqu’un, c’est sa spécialité. Prendre sa propre place est plus difficile. Elle est championne pour découvrir les minables, les violents. Mais cette fois-ci sera la bonne ! Va-t-elle ajouter une autre plume au chapeau de « Toutes les fois où je ne suis pas morte » ?

 

Trois jours après les attentats de novembre 2015, elle prend l’avion pour rejoindre Matt Lewis, un reporter vedette et journaliste de guerre de la BBC. Au programme des six jours qui s’en viennent : six journées de farniente, d’amour, de chaleur et de sexe. Au cœur d’un Bruxelles nécrosé par le drame et la honte qui se jettent sur Molenbeek, Catherine, remplie d’espoir, se lance à l’aventure de l’amour et de la passion.

 

Mais comme dans toute bonne histoire, ce qui devait arriver, arrivera-t-il ? Comment peut s’épanouir un amour récent dans un climat de haine de vengeance et de violence aussi intense ?

 

Pendant ce temps-là, Malik Nicolas Krouch, dix-sept ans, fils de Berbère, entre en Belgique pour rejoindre le djihad islamiste. Son objectif, tuer trente-sept personnes. Là, sa mort sera satisfaisante. Mais le chemin est long avant d’arriver à la joie suprême de se faire sauter pour rencontrer d’hypothétiques vierges.

 

Par le biais de son personnage, Geneviève Lefebvre nous immerge dans ce climat d’incertitude où l’individu pose son futur bonheur au centre de la table d’une guerre insensée, met le couvert pour un repas de fête joyeux et se voit obligé de refouler ses désirs et sa faim d’amour. Ou sa faim de violence.

 

Dans une langue aux accents de poésie, elle peint dans un langage truffé de couleurs, le long parcours de la recherche du bonheur parsemé d’explosifs et d’embûches.

 

« Toutes les fois où je ne suis pas morte » est un roman passionnant, écrit de façon sublime et qui vous transportera au cœur des motivations de ses personnages, tous marqués durement par la vie.

 

Chaque page, chaque chapitre nous offre son lot d’émotions, ses moments prenants. L’humanité plongée dans l’incompréhension de l’autre, l’humain au cœur de l’actualité où le nombre de morts décide de la place de la nouvelle dans les bulletins d’information. Et où le rôle du journaliste est remis en question.

 

Malgré ce côté très actuel qui pourrait nous rendre réticent devant le sujet d’une partie du roman, le labyrinthe amoureux dans lequel sont plongés Catherine et Matt, prend une place importante dans le récit.

 

Je vous recommande grandement ce récent roman de Geneviève Lefebvre. Une lecture intense, émotive, des personnages attachants et une écriture sensuelle. Tout est en place pour vous donner de beaux moments de lecture.

 

 

Quelques extraits :

 

« J’allais te rejoindre, Matt, et nous allions faire l’amour, toute la semaine, flambant nus, incandescents, fluorescents, macérés dans le phosphore, le napalm et l’essence, nous serions les rois de l’explosion, et Daech pouvait aller se rhabiller. »

 

« Pourquoi fallait-il que les chuchotements de l’instinct soient toujours plus forts que les cris de l’espoir, pourquoi ? »

 

« Oui, je sais, nous sommes sœurs de vidanges toi et moi. Les paroles de menace sont inutiles quand on sait manier le silence. »

 

« Il est bon que les hommes macèrent dans le fumier qu’ils épandent eux-mêmes, il en sort parfois une fleur qui rachète l’odeur. »

 

Bonne lecture !

 

 

Toutes les fois où je ne suis pas morte

Geneviève Lefebvre

Libre Expression

2017

317 pages

 

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L
Bonjour,<br /> <br /> Je me demandais justement aujourd'hui si je devais ajouter ce livre à ma «Wish list», vous me faites flancher, là. ;-)<br /> <br /> Merci et bonne fin de semaine !
Répondre
R
N'hésitez pas ! Vous allez adorer !<br /> Merci pour votre e commentaire !!!