2 Septembre 2014
Oh que j’aime ce genre de romans!
"Même pas morte" est du genre qui vous sort des sentiers battus ! Qui vous amène ailleurs, dans un endroit pas fréquenté et presque pas fréquentable ! Une auteure qui vous prend par le bout du nez (ou par les yeux mais ça fait plus mal !!) et qui vous lance le défi de la suivre, jusqu’au bout, rien que pour le plaisir de ce qu’on découvre dans son roman. Une romancière « extra-terrestre » dans un vaisseau spécial où le drame côtoie le rire, où l’émotion vous fait frémir et sourire et où les personnages, aussi méchants que sympathiques, vous transportent vers une planète inconnue.
Merci Anouk Langaney pour ce moment de plaisir littéraire !
L’histoire ? Humm ! Pas facile … mais essayons !
Elle s’appelle Gisèle Léonce Mathurine Teillard ou peut-être Minette Galandeau. Elle est née il y a 88 ans, à Melun. Arnaquée par un Vendeur de Salles de Bain, toute nouvellement consciente qu’elle a vieilli, qu’elle est seule et impuissante, qu’elle souffre d’Alzheimer, elle simule un accident d’auto pour passer de vie à trépas. C’était sans compter sur le docteur Granger qui lui a malheureusement sauvé la vie.
« Nous sommes le vendredi 10 novembre. Je suis atteinte de la maladie d’Alzheimer.
Voilà pour les noms, les dates, et les menus événements.
C’est fou ce que je me sens stimulée. »
De retour à la maison, elle apprend qu’elle a un neveu, Edouard. Et il veut la rencontrer. Il se dit le fils de sa sœur Armande. Cette apparition lui rappelle son lointain passé de cavaleuse avec son mari Maurice qui lui, s’est pendu en prison. Quand même un drôle de hasard qu’il se pointe le bout du nez au moment où elle commence lentement à mourir. Finalement, ce cher neveu s’installera avec elle, pour le meilleur et pour le prix pire.
Entretemps, le docteur Granger lui conseille de prendre Léonie pour une visite quotidienne et pour s’occuper un peu de l’aide ménagère. Gentille, douce, prévenante et belle comme une Madone, elle semble ne vouloir que le bien de la vieille mémé. Son bien ?
Juste de l’autre côté de la rue, le Père Simon, en fin observateur, remarque le manège, doute des bonnes intentions du neveu et avertit la vieille des futurs malheurs « d’avoir accepté sous son toit un « branleur » aussi ostensiblement mal intentionné … ». Lui-même n’étant pas au-dessus de tout soupçon, étant un tueur en série à la retraite. Beau voisinage !
Mémé joue alors la comédie, fait semblant de dépérir chaque jour, tragédienne jouant le rôle de la p’tite vieille en perte de tout, elle planifie de se débarrasser de l’un avec l’aide de l’autre, ou de l’autre avec l’aide de l’un, ou des deux avec l’aide de Dieu ! Le projet se met en marche, avec ses hauts et ses bas, ses drôleries, les commentaires impertinents de la grand-mère indigne et les soubresauts d’un plan un peu bancal mais toujours … presque efficace !
Anouk Langaney, en faisant de cette grand-mère le narrateur de l’histoire, nous donne un accès privilégié aux raisonnements et aux pensées de cette vieille chipie au passé un peu trouble. Jamais on ne sait ce que les autres personnages pensent ; le lecteur se contente de la version de la grand-mère pour son plus grand plaisir.
Avec un langage déjanté, une écriture solide et dans un ton parfait, l’auteure nous donne le droit de lire ce journal quotidien, parsemé de tendresse un peu spéciale (ou spatiale ?), aussi drôle qu’impertinent. En écrivant le journal intime de son quotidien, la mémé gardera toute sa dignité dans son combat pour flouer ceux qui l’entourent mais surtout, pour faire un pied de nez à la maladie, pour en rire et se tourner elle-même en dérision. Comment ne pas aimer cette Ma Dalton si sympathique ? On en redemanderait !
Tout au long de notre lecture, on retrouvera de petites perles d’écriture qui nous charment, qui nous séduisent ou qui nous font sourire.
Inutile de vous dire que je vous recommande ce roman juste pour le plaisir qu’il vous procurera. Et aussi pour rencontrer ce personnage qui saura vous passionner, cette vieille criminelle à l’aube de son dernier grand coup où tous les lecteurs lui donneront l’absolution.
Voici quelques extraits qui vous donneront, je l’espère, une bonne idée du style d’Anouk Langaney :
« Ce qui est drôle au fond, c’est que j’ai conçu tout ça comme le déguisement ultime, consciencieusement, avec toute l’attention aux détails d’une cavaleuse professionnelle ; mais en définitive je suis déguisée en moi, si on y réfléchit. Je suis une vieille veuve peinarde et solitaire déguisée en vieille veuve peinarde et solitaire. »
« … l’individu en question est aussi pastoral qu’une bretelle du périphérique. »
« À chaque fois que je joue les vieilles folles je ne fais que prendre un peu d’avance sur ce qui m’arrive réellement, c’est passablement déprimant. »
« Ce gars a dû servir de prototype pour le dépôt légal du label « brave garçon », c’en est presque gênant. À cinquante ans passés, il sent encore le scout. »
Voici ce qu'en pensent l'oncle Paul, Hervé Sard, Claude Le Nocher et Jeanne Desaubry .
Bonne lecture !
Même pas morte
Anouk Langaney
Albiana
2013
135 pages
k-libre - auteur - Anouk Langaney
Aventuriers et escrocs pullulent dans les colonies, il faut faire attention avec qui vous traitez. Le pire étant les incapables qui prétendent être bien introduits auprès des chefferies et ne ...
http://www.k-libre.fr/klibre-ve/index.php?page=auteur&id=3649
Une biographie d'Anouk Langaney, chez K-Libre
Anouk Langaney nous présente son livre
Interview littéraire 2014 - Anouk Langaney
De beaux entretiens, j'ai eu la chance d'en faire un beau paquet (cadeau) depuis la naissance du blog. Pourtant aujourd'hui, je vous annonce un entretien mémorable, du genre à vous donner la pêc...
http://gruznamur.wordpress.com/2014/02/12/interview-litteraire-2014-anouk-langaney/
Une excellente entrevue qui vous fera découvrir la femme derrière l’auteure !