Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Polar, noir et blanc

Un blogue qui parle de livres, de bons livres, dans tous les genres, juste pour le plaisir de lire et d'en parler.

Kabukicho

Quel véritable plaisir de lecture !

Je suis encore tout chamboulé par l'histoire, ému par des personnages si crédibles et touchants. Je suis imprégné de cette atmosphère nippone que seuls de très grands écrivains japonais pourraient surpasser! Événement rare, je n'ai pas souri ou ri une seule fois durant ma lecture (vous savez combien j'aime les personnages Ingrid et Lola) et ça ne m'a pas manqué, tellement j'étais touché par l’histoire et les personnages qui l’habitent.

 

Sans flagornerie, « Kabukicho » est un très grand roman noir !

 

Kabikicho est un quartier étrange de Tokyo. Au cœur de ce lieu où la vie se passe la nuit, le Club Gaïa brille de ses mille feux, fréquenté par une clientèle fortunée. Et Kate Sanders en est la vedette incontestable, la plus populaire auprès des clients et la préférée de mama-san. Jusqu’au moment où elle disparaît !

 

Dès qu’il reçoit la photo de Kate, les yeux fermés, avec le message « Elle dort ici », Jason Sanders quitte Londres pour participer à la recherche de sa fille, ne faisant aucune confiance à la police locale. Guidé par Marie, une collègue de «travail» de Kate, il sera confronté au choc culturel de la vie à Kabukicho en particulier et des Tokyoïtes en général.

 

Yudaï est un personnage mythique de Kabukicho. Il est tellement populaire qu’un manga de dix tomes est consacré à sa vie d’hôte au Café Château. Il est également le meilleur ami de Kate, son confident, presque son alter ego. Il est le dernier à l’avoir vue avant sa disparition et devient le suspect principal du capitaine Kentaro Yamada.

 

Marie Castain, la collègue de travail de Kate déclenche l’enquête en signalant sa disparition. Et par l’écriture d’un roman, elle nous livrera le récit touchant d’une jeune fille qui arrive au Japon et qui s’installe dans le quartier chaud de Kabukicho. Mais comme dans la vie réelle, dans ce roman, on y raconte que tout n’est qu’illusion, mensonges et fausses vérités, un peu beaucoup comme dans les coutumes de ce faubourg des plaisirs que l’on achète.

 

Dominique Sylvain a construit un texte fort, une dramatique aussi intense qu’une représentation de théâtre No, joué par des humains attachants, un brin frivoles, mais toujours enveloppés dans un kimono d’humanité. Les personnages sont crédibles, même pour nous Occidentaux, qui avons de la difficulté à comprendre ce type de prostitution où la parole fait office de coït, où la jouissance se manifeste dans l’écoute de l’autre.

 

Les enquêtes des policiers et du père de la disparue sont presque reléguées au second plan, le lecteur se voyant confronté aux valeurs, à la philosophie et aux motivations de ce monde si étrange. Est-ce que ce sont eux, les véritables criminels ? N’est-ce pas là le véritable propos de ce roman ?

 

Dominique Sylvain possède une plume extraordinaire. Elle qui nous fait sourire avec ses deux « pétroleuses » Ingrid et Lola, elle réussit dans ce roman, à nous émouvoir, à nous déstabiliser avec un style à couper le souffle et des émotions à fendre le cœur. Quel talent et surtout, quelle façon de le manifester sous différentes formes !

 

Dominique est une auteure que j’adore et je n’ai aucune crainte de vous la recommander, quel que soit le roman sur lequel vous jetterez votre dévolu.

 

Soyez attentifs, mettez tous vos sens aux aguets car l’auteure n’hésitera aucunement à les solliciter pour vous faire ressentir la vie de ce quartier, ses odeurs, ses couleurs, ses goûts et sa sensualité toute nippone !

 

Bienvenue dans la Cité des mensonges* !

 

Vous voulez une preuve ? Lisez ces quelques extraits :

 

« Le temps dissolvait la beauté et tout ce qui avait un sens et rendait heureux. L’image d’Hélène ne survivrait pas à l’acidité du temps. »

 

« La ville se replia sur sa tête. Il eut l’impression de respirer de la boue. »

 

« Les mots que l’on n’a pas dits sont les fleurs du silence. »

 

« La liberté était froide comme un masque de plastique blanc. »

 

Et cette merveilleuse phrase qui décrit si bien le quartier où se situe l’action :

« La passivité poussiéreuse et rouillée du jour, roulée comme un vieux décor, la foule reprenait petit à petit possession du dédale des ruelles transfigurées. 

Rabatteurs, portiers, putes, gigolos, salarymen, hôtes et hôtesses, mama-san et boss yakusas, serveurs de restaurant, gardiens et videurs, salariés des magasins ouverts vingt-quatre heures sur vingt-quatre et des love hotels, ils se rejoignaient, mus par un accord tacite, programmés pour se coaguler dans un plasma lumineux et mutant. Toujours le même, toujours différent, toujours avide et consciencieux. »

 

 

Bonne lecture !

 

Kabukicho

Dominique Sylvain

Éditions Viviane Hamy

2016

278 pages

 

*Titre du roman dans le roman.

 

Post Scriptum:

Comme le roman vient juste de sortir en France, il n'est pas encore disponible au Québec. Mais soyez assurés que dès sa sortie au Québec, je vous ferai part de l'information. Et si vous ne connaissez pas Dominique Sylvain, consultez sa page sur le site de son éditrice, vous aurez le choix ... !

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
D
Bonjour Richard, merci, tu m'a convaincue de lire ce roman. J'ai ai lu L'archange du chaos qui m'avait beaucoup plu. http://dasola.canalblog.com/archives/2015/09/03/32573358.html Bon dimanche.
Répondre
R
Merci Dasola ! J'espère qu'il te plaira autant que L'Archange du chaos !<br /> Bonne lecture !
B
je suis absolument d'accord ce livre est extraordinaire; J'ai eu la chance de rencontrer Dominique Sylvain il y a quelques années et de l'avoir en interview .. j'ai lu tous ses livres
Répondre
R
Moi aussi, je suis un fan ! Même si je l'ai rencontré l'an passé, j'espère qu'un jour, elle traversera l'Atlantique.