8 Août 2016
« Block 46 » de Johana Gustawsonn est un thriller de bonne qualité que la majorité des lecteurs apprécieront, une très bonne lecture de vacances. Pour ma part, je ne connaissais pas cette auteure, je l’ai donc découverte avec ce roman. Je dois dire, au départ, que j’aime ce genre de romans où l’action et l’enquête sont dépendantes d’une cause remontant à une époque ultérieure. Et Johana Gustawsson, petite-fille de déporté, a su choisir un événement historique qui a sûrement marqué sa famille. Et qui vous marquera aussi, comme lecteur.
Voici l’histoire, sans trop en révéler.
Cette soirée devait être le grand soir de sa vie, de sa réussite professionnelle. Mais malheureusement, pour Linnéa Blix, ce fut la dernière journée de sa vie.
À Londres, ses amis s’inquiètent ! Spécialisée dans le comportement et les motivations des tueurs en série, Alexis Castells, sa grande amie écrivaine, part aussitôt en Suède où on retrouve le corps de Linnéa Blix sauvagement mutilé, la gorge tranchée, les yeux énucléés et un « Y » gravé sur le bras.
Parallèlement, à Londres, Emily Roy, une profileuse renommée d’origine canadienne, enquête sur une série de meurtres d’enfants ayant subi les mêmes blessures. Comme elles se sont déjà rencontrées, Emily et Alexis vont unir leurs efforts pour élucider les crimes de ce qui semble être l’œuvre d’un seul tueur en série.
1944, camp de Buchenwald. Erich Ebner, un jeune juif allemand, étudiant en médecine, est interné. Ses connaissances en médecine le sauvent quand il est affecté au Block 46 pour aider le Doktor Horst Fleischer dans ses « recherches » ! Le jeune Erich fera tout pour survivre, sauver sa peau et garder l’espoir de retrouver, un jour, sa liberté.
Évidemment, le lecteur aura compris très vite qu’il y a un lien évident entre ce qui se passe dans ce Block de la mort et les horribles meurtres perpétrés à Londres sur des enfants et en Suède où on a retrouvé le corps de Linnéa Blix.
Pour un premier roman solo, Johana Gustawsson a très bien relevé le défi d’un thriller bien ficelé. Des chapitres courts et souvent percutants donnent un rythme intéressant au développement du récit. Bien sûr, tout lecteur de polars fera vite le lien entre le passé et le présent dans cette sordide histoire ; mais l’intérêt du roman ne se situe pas là ! Car l’auteure a su tricoter ce récit avec du fil barbelé bien serré, guidant le lecteur vers une finale qui le surprendra quand même.
La rencontre avec les personnages d’Emily Roy et d’Alexis Castells est prometteuse. Signe de réussite évidente, le lecteur que je suis, demande un rappel pour ces deux personnages, partenaires improbables, mais efficaces. On en veut encore ! Mais aussi, on veut que ces deux enquêtrices développent plus leur personnalité, nous dévoilent leurs histoires et nous guident dans d’autres enquêtes passionnantes. Elles ont de l’avenir !
Johana Gustawsson possède une écriture et un style très bien adapté au thriller. Pas nécessairement haletant, mais gardant son lecteur captif. Le ton est juste, les phrases sans fioritures et pas un mot de trop ne vient créer de la distorsion. Johana Gustawsson appelle un chat, un chat et parfois, la description des violences est assez explicite. Cœurs sensibles, ne passez pas votre chemin, ce serait dommage pour vous. Il y a aussi quelques phrases géniales qui nous arrêtent, demandent une relecture, juste pour apprécier et admirer les joyaux qui la composent.
Sans conteste, je voudrais bien revoir cette écrivaine et cette profileuse dans un prochain roman. Mais ce qui est certain, c’est que je serai en première ligne pour lire le prochain roman de Johana Gustawsson !
Merci à Jacques Saussey de m’avoir fait connaître ce roman !
Scandinavement vôtre !
Quelques extraits :
« La maison avait été construite à l’orée d’une plage, juste assez loin de la mer pour qu’on embrasse sa majesté, juste assez près pour qu’on en reste intimidé. Des vagues noires et mousseuses caressaient les galets couronnés de neige, comme au prélude au coucher de soleil imminent. »
« Alexis flotta dans l’univers de sa nièce, puis dans celui de son neveu, un univers douillet qui sentait bon les câlins. »
« Elle devait continuer à s’envoyer en l’air avec n’importe qui quand ses hormones la tourmentaient, mais jamais avec quelqu’un. »
Bonne lecture !
Block 46
Johana Gustawsson
Bragelonne Thriller
2016
329 pages
Le site perso de Johana Gustawsson