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Polar, noir et blanc

Un blogue qui parle de livres, de bons livres, dans tous les genres, juste pour le plaisir de lire et d'en parler.

La biographie d'un romancier et d'un tueur qui n'a jamais existé

La biographie d'un romancier et d'un tueur qui n'a jamais existé

«Albert Dunkel, écrivain de génie, tueur en série.»

Quel titre !

Rempli de promesses !

Où le lecteur de polar anticipe des plaisirs presque interdits ou du moins inavoués, d’une lecture un peu spéciale, d’un moment de grâce littéraire que l’on rencontre rarement.

Heureusement, le roman a tenu ses promesses.

Mais pas autant que mes espoirs !

Cette vraie-fausse biographie est un plaisir de lecture teinté de noir, de désespérance et de solitude. Ce vrai roman est un exercice très intéressant qui m’a laissé un peu sur ma faim.

Évidemment, je le recommande aux amateurs de polars mais en y mettant certaines réserves ... surtout dans la gestion des attentes que l’on peut voir apparaître quand le «polardeux» lit cette dernière phrase de la quatrième de couverture: « La vie restituée de cet écrivain maudit, tout comme l’évocation de ses romans - fictifs -, tiennent le lecteur en haleine jusqu’au bout du récit et le plongent dans un cruel univers mental impressionnant de vérité.»

Albert Dunkel est un personnage de roman. Et ce roman s’est déguisé en bibliographie. Michael Siefener, un auteur allemand, a pris le parti de nous décrire la vie de cet auteur, de nous présenter son enfance, son entrée plus ou moins réussie dans le monde des adultes, ses amours et la naissance de son premier succès littéraire. Ce premier roman devient le prétexte idéal pour nous décrire le monde littéraire allemand de l’édition et de la critique. Siefener pousse le réalisme en nous citant des extraits de critique, des articles de journaux et même des études universitaires analysant la vie et l’oeuvre de cet auteur fantôme. Et oui, c'est une fiction ! On en vient même à en être déstabilisé ... en se demandant, mais est-ce vraiment faux ?

Enfin, les difficultés à reproduire le succès de ce premier roman, nous amène vers le théâtre d’une descente aux enfers inéluctable et enivrante. Albert Dunkel (de son vrai nom ( ! ) Albert Hell ) se retrouve au plus profond d’un précipice judiciaire.

J’ai aimé ce roman sans nécessairement qu’il me jette par terre ... mais c’est à cela que je m’attendais. L’idée est très intéressante et la construction du roman est parfaite. Comme un illusionniste chevronné, Michael Siefener nous jette sa poudre aux yeux, nous en met plein la vue et l’illusion nous semble tellement réelle. On se laisse prendre au jeu; complice avec l’auteur, on se met à croire au personnage et à tout ce qui l’entoure. Même la bibliographie de la fin du roman.

Cependant, j’ai quelques petites réserves ... surtout provoquées par les attentes dont j’ai parlé au début de ma chronique. Il me semble que l’action aurait pu être un peu plus resserrée. Toute la partie «écrivain de génie» répondait aux attentes. Et même au delà ! Cependant, j’ai senti comme un relâchement dans le traitement de la partie «tueur en série». Et la plupart de mes réticences proviennent de ces raccourcis que l’auteur a pris pour si peu développer cet aspect important du roman. Je m’attendais à plus. J’ai été déçu. Et quand un roman nous déçoit dans ses dernières pages, souvent, ces dernières impressions prennent toute la place.

Alors, avec quelques semaines de recul, ayant eu le temps de tempérer mes déceptions, il me reste quand même un souvenir positif, une impression globale de plaisir de lecture. Plus encore, le sentiment d’avoir lu quelque chose d’assez exceptionnel, qui aurait mérité quelques dizaines de pages de plus.

Un roman à découvrir, un bon repas littéraire pour gourmet et gourmand ... surtout si on ne prend pas de dessert !

Quelques extraits, qui je l’espère, vous convaincront ...

«Ma première parole à ce monde fut un cri d’angoisse. Et ce que le monde me cria en retour, c’était de la haine.»

« Je déteste l’Allemagne, mais c’est là que je dois vivre. Ailleurs, je crève de liberté.»

« La mémoire collective n’est rien d’autre qu’une mémoire à court terme.»

« Une dame assise au premier rang voulut savoir pourquoi il écrivait. Alberty encaissa le coup. Il ne s’attendait pas à une question aussi naïve.

J’écris parce qu’il faut que j’écrive, répondit-il. Puis il ajouta: Et j’écris pour que des gens comme vous puissent poser des questions aussi bêtes.»

Bon appétit !

Bonne lecture !

Albert Dunkel, écrivain de génie, tueur en série

Michael Siefener

Serge Safran

2013

235 pages

« C’est pour soulever un coin de ce voile et raviver l’intérêt autour d’Albert Dunkel que la présente biographie a été écrite. Puisse cet écrivain hors du commun, tragique, terrible, trouver un jour un biographe capable de dresser un portrait de lui plus complet que je n’ai su le faire. Ceci n’est qu’une esquisse.»

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Z
Tu me refroidis un peu. Ce livre n'étant pas à la bibliothèque, je passe mon tour
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R
C'est dommage, Zazy ! C'était quand même une bonne idée !<br /> À très bientôt.
A
Ben flûte alors, l'accroche était tentante.
Répondre
R
Ça vaut quand même la peine de le lire ...<br /> Alors ...<br /> Merci Alex<br /> Bonne lecture !