16 Janvier 2011
Oh que j’ai aimé ce roman !!!
Auteur inconnu de ce côté-ci de l’Atlantique et roman introuvable sur les rayons de nos librairies; mais c’est bien dommage.
«Bloody Valeria» nous est présenté comme un thriller politique. Mais la politique n’arrive qu’à la moitié de ce court
roman de 233 pages ... L’auteur possède le talent pour nous amener inexorablement vers cet écheveau d’intrigues criminellement politiques ! Et de plus, Stéphane Gravier nous présente un style
riche, sans pudeur avec une série de comparaisons qui agrémentent joliment notre lecture.
Alors, l’équation est complète: un thriller + un style + une bonne histoire + un personnage attachant = tout cela nous donne un «page turner»
haletant et passionnant.
L’histoire est fascinante et comporte certains éléments qui se rejoindront, quelque part, dans l’univers politique de l’intrigue: une femme et sa
fille sont kidnappées, une usine ferme et ces événements provoquent la réunion de deux frères qui ne se parlaient plus. Devant le silence demandé par les ravisseurs et celui commandé par la
classe politique et syndicale dans ce conflit ouvrier, le personnage principal se buttera à une machine complexe, à l’opacité du pouvoir capitaliste et à la malhonnêteté des politiciens
véreux.
Et au centre de ces intrigues, la solution passerait-elle par l’intrigante Valeria, innocente victime ou instrument involontaire des arnaques
?
Et voilà, la table est mise pour cuisiner graduellement les ingrédients qui feront partie d’un plan machiavélique où des innocents sont au service
d’une cause probablement plus personnelle que publique. L’auteur est sardonique; le lecteur brûle d’impatience dans cette descente aux enfers de magouilles politiques et économiques.
Stéphane Gravier parsème son noir récit de figures de style réjouissantes et humoristiques. Quelques phrases nous arrêtent, juste pour se laisser
apprécier. Certains pourraient penser que c’est trop, que la sauce est trop sucrée, moi, j’y ai vu un bel équilibre des saveurs. Le rouge sang de «Bloody Valeria» n’est pas si sanguinolent ...
cependant, il ajoute de la couleur ... et du piquant au plat.
J’ai l’habitude de noter mes lectures, de surligner les passages intéressants pour faciliter mon travail d’écriture de mes chroniques. Je
viens de me rendre compte que les 100 dernières pages du roman n’ont aucune annotation, aucun surlignement !
C’est vous dire combien j’ai été accroché par l’intrigue et à quelle vitesse, je tournais les pages ...
Vous recherchez un bon thriller, une bonne lecture divertissante, de celle squi vous accrochent et qui ne vous lâchent plus. «Bloody
Valeria» vous captivera et vous tomberez sous son charme littéraire.
Pour mes amis lecteurs du Québec, je suis convaincu que votre libraire se fera un plaisir de vous le commander en France. L’attente en vaudra la
peine !
Pour terminer, je vous présente certains extraits qui m’ont plu et qui méritent cette petite place, à la fin de ma chronique.
«Le printemps débarquait lentement, et avec lui, les jupes allaient se raccourcir au rythme des journées qui continueraient de
s’allonger.»
«Il venait sans doute de sortir une connerie plus grande que lui d’au moins vingt bons centimètres ...»
« .. le patron allongé sur le dos, chevauché d’une sirène à qui l’on avait mis des jambes.»
«Elle avait l’universalité du désespoir gravé en elle, la misère comme un tatouage pour l’humanité. Un miroir à ses propres
angoisses.»
Au plaisir de la lecture.
Bloody Valeria
Stéphane Gravier
Mon petit éditeur
2010
233 pages