Un sans papier à Madrid: "La mala espera"
Je ressors un peu perplexe de cette lecture; à certains moments, j’ai été passionné par le style et l’histoire de Marcelo Lujan et à d’autres moments, je m’y suis ennuyé, perdu dans de longues
digressions littéraires. Ai-je aimé ? Non, je ne crois pas. J’ai apprécié certaines parties, j’ai eu quelques moments de plaisirs mais en général, je ne peux pas dire que je sors enchanté de ma
lecture de «La mala espera».
L’histoire est très simple. Nene est un sans papier argentin qui vit à Madrid et qui fait des «petits travaux» pour un chef d’une quelconque organisation de crime
organisé. Un jour, il est pris dans une arnaque qui le poussera directement en enfer, sa vie basculant du jour au lendemain. Nous assisterons, alors, à sa prise de conscience (très douloureuse !)
du guêpier dans lequel il s’est pris.
Il ne se passe pas grand chose dans ce roman. Le lecteur doit se satisfaire des pensées du personnage principal, de ses étonnantes digressions pas toujours
cohérentes (on le comprend avec toute la violence qu’il subît ...). C’est peut-être à cause de mon manque d’attention mais souvent, je m’y suis perdu ... à la recherche du narrateur !
Le style de Marcelo Lujan est intéressant. J’ai beaucoup aimé ces énumérations pleines de rythme, qui semblent le caractériser. Ces pages ajoutent du «punch»,
donnent une couleur intéressante à l’écriture. Cependant, malgré les qualités littéraires évidentes de cet auteur, j’aurais aimé avoir un peu plus de chair autour de l’os, que l’histoire soit un
peu plus développée, que le récit soit plus complexe.
Certaines phrases m’ont charmé, autant pour l’idée qu’elles cachaient que de la façon dont l’auteur les tournait. Par exemples:
«Les illusionistes et les prestidigitateurs et les magiciens sont devenus aujourd’hui obsolètes, vu que, pour ce qui est des abracadabras, les banquiers ont
gagné la Coupe du monde.»
«Ses mots s’égrènent en toutes petites lettres et ces toutes petites lettres sont des insectes ou des liquides inconnus qui coulent dans mes
oreilles.»
« ... elle doit être en train de faire la queue pour parler à saint-Pierre.»
«La mala espera» semble être le premier récit de Marcelo Lujan traduit en français. Même s'il ne m’a pas convaincu, je pense que je lirai
sûrement son prochain roman. Comme je n’ai pas tout à fait détesté et que j’y ai trouvé certaines qualités, je lui accorderai une seconde chance.
Au plaisir de la lecture.
La mala espera
Marcelo Lujan
Moisson Rouge
2010
264 pages