Un blogue qui parle de livres, de bons livres, dans tous les genres, juste pour le plaisir de lire et d'en parler.
3 Juin 2010
Il y a des gens qui sont bénis des dieux; et je vous annonce que j’en fais partie. Et oui, j’ai de la chance. Dernièrement, j’ai eu l’occasion de rencontrer sur le monde merveilleux de la planète
Facebook, une auteure, une jeune écrivaine qui dans toute sa générosité m’a offert son livre, sans rien demander en retour.
«Voulez-vous que je vous envoie mon livre ?»
Réaction du lecteur boulimique et du groupie avéré:
«Oh que oui ! Et pourrais-je avoir une dédicace ???»
Et, quelques jours plus tard, j’ai eu la chance de recevoir «L’avant-dernière chance» de Caroline Vermalle que je remercie encore.
Est-ce que je serai complaisant parce que ce bouquin m’a été offert par l’auteure ???
Non sûrement pas ... De toute façon, j’avais décidé que si le livre ne me plaisait pas, je n’en parlerais pas. Avec grâce et gratitude, il irait rejoindre le rayon où trônent Verlaine, Vian,
Vargas et Vargas Llosa pour tomber dans l’oubli presqu’éternel !!!
Mais non !!! «L’avant-dernière chance» est un excellent livre et je vais vous en parler, sans flagornerie et avec le plus d’objectivité que mes émotions me le permettent.
Caroline est une jeune auteure qui partage son temps entre la littérature, l’écriture de documentaires et la bande dessinée. Pour «L’avant-dernière chance», elle a reçu le
prix Nouveau Talent 2009 de la Fondation Bouygues Télécom-Métro. Peu connue, Caroline est présente sur la blogosphère où elle intervient et commente les actualités et les chroniques littéraires
de certains blogues et aussi, évidemment sur Facebook.
Je vous invite d’ailleurs à visiter son blogue, fréquenté par de nombreux amateurs de ses écrits:
http://carolinevermalle.blogspot.com/
Et le livre, maintenant !!!
L’histoire est merveilleuse de simplicité et d’émotions. Deux papys, Georges et Charles, tous deux dans la fleur de l’âge, très avancée (80 ans et plus ...) décident de faire le Tour de France
... pas en vélo ... en auto !!! Partir à l’aventure, voir du pays, bourlinguer de village en village, rencontrer du monde et voir les attraits de leur pays qu’ils n’ont jamais visité. Folies
d’adolescence et frénésie extraordinaire, ils redécouvrent leur jeunesse perdue et surtout, une soif de vivre, un regain d’énergie et d’adrénaline.
À quelques jours du départ, Adèle, la petite fille de Georges se manifeste après plus de dix ans de silence et commence à s’inquiéter pour sa santé; surtout, aussi, à cause de l’absence de sa
mère, partie en voyage de trekking et qui ne peut donc pas s’occuper de son grand-père. Drame chez les deux vieux amis; ils ne veulent surtout pas que la petite fille et la fille de Georges
s’interposent dans leur projet. Et mettre en péril leur rêve de ... vieillesse !
Ils trouvent alors un subterfuge moderne, utilisé par tous les jeunes ... le renvoi d’appels et les textos. Et c’est là que commence, un échange insolite entre la petite fille et le papy, qui se
découvrent mutuellement après tant d’années de silence. Comme le roman commence par la réception d’un texto posthume à la mort du grand-père, nous savons dès le début que la fin sera triste. Mais
cela ne nous empêche pas de déguster ce roman avec joie et plaisir.
L’auteure nous transporte à travers certains paysages du terroir français mais le plus beau paysage demeure le portrait des émotions et des sentiments de tous les personnages. Et de beaux
personnages, ce livre nous en présente de superbes.
Georges, une extraordinaire sensibilité doublée d’une découverte de lui-même et du monde extérieur.
Charles, le complice, un peu bourru, qui laisse sa femme seule pour ces deux mois de voyage; mais on comprendra pourquoi !!!
Adèle, la petite fille qui redécouvre l’amour de son grand-père, torturée entre la vie de tous les jours, les souvenirs de son enfance, son stage en cinéma et les messages
remplis d’amour qu’elle reçoit de son grand père.
La mère, peu présente dans le roman mais si importante pour comprendre cette avant-dernière chance.
Ginette, la femme de 73 ans, soeur de Charles, qui redonne à Georges une flamme, une étincelle, dans les yeux qu’il croyait éteinte à jamais.
Et Irving Ferns, personnage absent du roman, mort dès le début mais tellement présent dans le cheminement d’Adèle. Et qui dit cette phrase, si terrible mais si vraie: « Oh, le
temps, il est passé ma belle. Les vieux, ils le voient bien, ce temps qui passe, qui emporte les amis, éloigne les petits-enfants, et fait des tours avec les souvenirs. Et les jeunes, eux, ils ne
savent rien du temps, invincibles, pressés et injoignables.»
Voilà donc une galerie de personnages, capable de peupler l’imaginaire émotif de bien des lecteurs. De fait, ils m’ont conquis!
J’ai adoré ce livre, il m’a charmé et surtout, il a touché ma sensibilité d’actuel et de futur grand-père ... Et tous, nous pouvons retirer de ce petit roman charmant des leçons sur la fréquence
de nos contacts avec les gens délaissés pour cause de vieillesse excessive !!!
L’auteure a su, par un style d’écriture tout en douceur, nous organiser un Tour de nous, de nos émotions, à travers villes et villages parcourus par nos deux jeunes papys. L’équilibre parfait
entre la sensibilité, l’humour et une écriture tout en nuances, le style coulant et plein de sensibilité, tous ces ingrédients font en sorte que la lecture est agréable et marquée seulement par
des arrêts réflexifs et rêveurs provoqués par les événements et les dialogues du roman. Attendez-vous, à profiter de certains passages pour vous évader vers certains souvenirs ou pour vous
plonger dans certaines réflexions sur votre propre vie.
On passe, avec un plaisir évident, d’une passage humoristique à un moment de tristesse ou d’émotion. Ces montagnes russes émotives nous transportent dans un voyage extraordinaire au coeur de
l’amitié et de l’amour familial.
Voici donc un excellent roman !
Une bonne amie à moi, Katia Canciani, parle souvent de moments chocolat; le livre de Caroline Vermalle se compare alors à un caramel, fondant tranquillement dans la bouche. N’hésitez pas à le déguster !
Pour mes amis Québécois, insistez auprès de votre libraire pour qu’il vous le commande (il n'est pas distribué au Québec); pour mes amis européens, vous avez la chance (pas l’avant-dernière ...)
de vous le procurer facilement.
Je vous laisse donc avec quelques passages que j’ai particulièrement appréciés.
«Les rondeurs du bocage s’allongeaient en plaines chatouillées par le vent.»
«Le soleil, le lendemain, n’aurait jamais dû se lever.»
«Pendant trois jours, il s’était senti un peu plus lui-même, le lui-même d’avant, et voilà qu’il redevenait le vieux papy avec ses douleurs, qui ne devait rien faire pour ne pas se fatiguer, pour
ne pas s’abîmer davantage.»
«Quand Georges rentra ans sa chambre à l’Hôtel du Centre, elle n’était plus jaune pipi et gris béton comme la veille, elle était jaune soleil et gris souris, mais une jolie souris.»
« ... il y a des moments dans la vie où on a juste envie de se servir d’un grand bol de n’importe quoi.»
Et bien, en hommage à ce livre et à son auteure, je lève mon verre de bernache ( ??? , réponse page 151 ... ) et je vous souhaite bonne lecture !
L’avant-dernière chance
Caroline Vermalle
Calmann-Lévy
2009
246 pages