10 Juillet 2012
«L’art c’est comme l’amour. C’est tout ou rien»
Elizabeth Channing
Une chronique de Richard et de Stéphanie de Mecquenem
Juste pour le plaisir, pour ce roman qui se défend tout seul par sa qualité, par son histoire et par la justesse de l’écriture de son auteur, nous allons nous mettre à deux pour vous en parler.
Je laisse maintenant la parole à Stéphanie de Mecquenem, l’auteur du roman «Le silence des Cris» qui a gentiment accepté d’écrire cette chronique avec moi, lorsque nous bouquinions dans «sa» librairie de Saint-Germain-en-Laye :
« Toute l'intrigue de ce suspens psychologique qui se déroule dans un petit village de Nouvelle Angleterre en 1926-1927 peut se résumer en une phrase : que s'est-il passé exactement ce fameux soir de 1927 ?
Thomas H. Cook dépeint avec justesse les mœurs "provinciales" de l'époque mais, surtout, arrive à maintenir le suspense jusqu'à la toute fin où nous serons enfin révélées les circonstances exactes du drame qui s'est déroulé « Au lieu dit Noir-Étang », ce soir là. Nous savons qu'il y a eu des morts, mais lesquels ?
Le roman est écrit d'un seul point de vue : celui d'un jeune garçon. Cela aurait pu être un frein à ma lecture (je n'apprécie pas trop d'ordinaire les récits d'enfants) mais en fait cela ne m'a posé ici aucun problème et je me suis très vite laissée embarquer.
L'auteur aborde les thèmes de la passion amoureuse (doit-on tout y sacrifier au risque de tout perdre ?), de la liberté au détriment des conventions (nombreuses à l'époque).
Bref, c'est un roman à lire tant pour l'intrigue bien menée, la psychologie des personnages que le style de l'auteur et qui vous suit plusieurs jours après en avoir terminé la lecture.
C'est un roman qui ne laisse pas indifférent et dont l'atmosphère vous happe littéralement.»
Et voilà ! Que me reste-t-il à dire après ces excellentes interventions sur ce roman exceptionnel ? Que vous devez le lire absolument et pour toutes sortes de bonnes raisons.
Thomas H. Cook est un auteur que vous devez lire. Ses romans ont toujours une saveur particulière, un petit goût d’excellence.
«Au lieu-dit Noir-Étang» ravira autant les amateurs de romans policiers que les lecteurs friands d’histoires d’amour. Ce roman transcende les genres, dépasse les étiquettes et vous offre de la très bonne littérature.
En prime vous serez conquis par les personnages qui vivent ou plutôt qui subissent ce drame, décliné sur trois époques. Vous serez attendri par le jeune Henry Griswald et fasciné par son retour sur les lieux ... du drame. Vous regarderez d’un oeil charmé la belle mademoiselle Channing (oups, j’avais écrit Charming ... !), nouvelle enseignante de cette petite école privée pour garçons. Vous suivrez avec intérêt les réflexions de monsieur Griswald, le respecté directeur de la Chattam School «si débordant d’autorité qu’il passait pour plus grand qu’il n’était.».Vous allez rencontrer monsieur Lelan Reed, également professeur à l’école qui, dans ses temps libres, construit le bateau ... de ses rêves. Mais aussi, mon personnage préféré, Sarah, la jeune servante qui courageusement apprend à lire et rêve à un avenir meilleur.
Et vous serez plongé au coeur de la fureur d’un village, blessé par les événements, meurtri par la haine. Et de sa communauté enfermée dans ses propres préjugés.
Tout doucement, vous serez porté par les émotions de ce jeune adolescent devenu vieillard, découvrant la mince frontière entre le désir, l’amour, le rêve et le quotidien. Il vous guidera vers une finale surprenante mais tellement évidente ... quand on a terminé sa lecture.
Vous cherchez UN roman à lire cet été. N’hésitez plus ! «Au lieu-dit Noir-Étang» devrait être celui-là !
Voici d’ailleurs quelques extraits qui devraient finalement vous convaincre :
«Un artiste ne doit obéir qu’à ses passions, affirma-t-elle. Tout le reste n’est que noeud coulant autour de son cou.»
«Au bout du compte, j’ai préféré théoriser sur la vie plutôt que de la vivre.»
« ... un silence que j’appris par la suite à identifier comme étant celui qui s’instaure après le dernier recours, quand le débat est clos, que ce qui a été dit ne peut être ni retiré ni reconsidéré, que la décision est irrévocable, même si elle n’a pas encore été rendue.»
«Les rares fois que j’ai pensé à elle, c’était toujours comme à un souvenir effacé, une fleur écrasée entre les pages d’un très vieux livre en lambeaux»
Bonne lecture !
P. S. Merci à Stéphanie qui m’a permis d’utiliser ces phrases qui enrichissent grandement cette chronique. Cette expérience, je suis prêt à la refaire ... aussi souvent que vous le voudrez.
Policiers Seuil
2012
355 pages
Pour en savoir plus sur Stéphanie de Mecquenem: un article de K-Libre .