19 Mars 2013
Simplicité ! Voici le mot qui m’est apparu dès que j’ai ouvert cette page blanche pour parler de «Sanglante, sera ta fin» de Laura Sadowski. La recette d’un bon roman étant simple: une bonne histoire, bien racontée et si possible, quelques éléments pour nous surprendre et nous charmer.
Tellement simple !
Mais si peu fréquent !
Laura Sadowski est une des rares auteures francophones à faire du thriller judiciaire. Et j’avoue que moi, je n’aime pas tellement le genre. Arpenter les couloirs des Palais de justice, écouter les plaidoiries, assister aux magouilles des travers de la justice ou même, seulement juger de la culpabilité ou de l’innocence d’un meurtrier, ce n’est pas ma tasse de thé. Cependant, dans ses quatre premiers romans (je les citerai à la fin de mon article), Laura Sadowski avait réussi à m’intéresser à ses personnages, à ses histoires d’avocats et même à me surprendre avec sa façon de nous raconter leurs vies, leurs tribulations.
Et bien encore une fois, cette auteure-avocate a réussi à m’intéresser aux aléas de la vie de son personnage principal, Franck Farraud. Jeune avocat ambitieux, maître Farraud se voit arnaquer, emprisonner dans une affaire dont il ne pourra pas sortir indemne. Le mari de sa maîtresse, un procureur bien en vue, lui confie l’affaire Teddy Lamar, une affaire d’extradition. Quelle que soit la conclusion, il en sortira perdant et sa réputation d’avocat sera entachée.
Teddy Lamar est un jeune franco-américain qui s’est réfugié à Paris, à la suite d’un braquage de banque qui s’est mal terminé, à Dallas (États-Unis). Trois personnes ont été tuées dont une femme enceinte ! Rien pour attirer la sympathie et la clémence. Et en plus, ses complices ont été arrêtés et se sont négociés une peine moins sévère en mettant les trois meurtres sur le dos de Lamar. Oui mais, une question demeure ! Une énigme qui vient hanter certaines personnes: où sont cachés les 3 millions de dollars volés lors de cet incident ?
Un procureur texan demande donc l’extradition du meurtrier. Cependant, comme le prévenu est susceptible de subir la peine de mort, la loi française ne permet pas l’extradition quand le criminel pourrait recevoir un verdict de peine de mort.
Voilà donc la machination diabolique dans laquelle Franck Farraud a été emporté.
Une certaine sympathie se créera entre l‘avocat et l’accusé. Et contre toute attente, en dépit du gros bon sens, l’avocat ira jusqu’au bout de sa démarche et accompagnera son client durant toute la procédure.
J’ai beaucoup apprécié cette histoire. Le talent de conteur de Laura Sadowski y est pour beaucoup. Et ce qui ressort le plus en refermant le livre, ce qui m’a vraiment plu, c’est cette analyse sociologique des systèmes judiciaires français et américain. Pas au niveau légal, juste un regard humain sur les différences de culture, les divergences de perception, les visions presque contradictoires que nous percevons entre les deux systèmes. Et comme Québécois, cette lecture m’a permis de poser un regard neutre sur ces différences, tout en me posant des questions sur la réalité canadienne en matière de notre culture du droit criminel.
D’entrée de jeu, je vous parlais de simplicité, alors je vous recommande simplement ce roman de Laura Sadowski. Vous y retrouverez un style et une écriture efficaces, sans fioriture, au service d’une bonne histoire. L’auteure possède ce talent: on s’imagine, assis confortablement dans notre fauteuil préféré, les yeux fermés, écoutant l’auteure nous raconter son histoire. Tout simplement !
Amateurs de thrillers judiciaires, offrez-vous ce plaisir !
Amateurs de bonnes histoires, tentez l’expérience d’un très bon roman.
Quelques extraits:
Un merveilleux incipit:
«Quand ça marche comme un canard, que ça ressemble à un canard et que ça caquète comme un canard, alors c’est un canard.»
«Alicia Ortiz ne disait jamais directement à ses clients qu’elle était perplexe face à leurs déclarations. Elle émaillait ses entretiens de sous-entendus ironiques, de mimiques circonspectes, de moues réticentes et de petits airs railleurs.»
«En Europe, les idées, les grands mots priment sur les actes. Ça n’empêche pas de commettre des barbaries, mais on les explique par des idéaux. On ne colonise pas les peuples, on leur apporte la civilisation. On n’exploite pas des esclaves, on offre à des migrants la chance d’avoir une vie meilleure. Et caetera.»
Bonne lecture !
Sanglante, sera ta fin
Laura Sadowski
2012
324 pages
Le blogue de l’auteure : Laura Sadowski
Un entretien avec Laura sur le blogue Un polar collectif
Les autres romans de Laura Sadowski, tous publiés aux éditions Odile Jacob :