"Pwazon" de Diane Vincent
«Pwazon» est le troisième roman de Diane Vincent avec son tandem Marchand/Bastianello. Je n’ai pas lu les deux premiers «Épidermes» et «Peaux de chagrin». Je ne pourrai donc pas vous faire une analyse comparée de ces trois romans ou encore moins, vous faire état du développement des personnages principaux. Alors, regardons «Pwazon» comme un premier roman et voyons comment nous avons apprécié.
Josette Marchand, personnage principal, est massothérapeute. De temps en temps, elle apporte son aide dans les enquêtes de l’inspecteur Vincent Bastianello. Qu’est-ce qui se passe entre ces deux personnages ? Leur relation demeure assez floue avec quelques ambigüités qui sont sûrement voulues par l’auteure. En bref, cet aller-retour entre l’amitié et l’amour, entre l’indifférence et le désir, entre le «je veux» et «je ne pense pas vouloir», semblent être le fil d’Ariane de l’évolution de ces personnages.
Pour ce troisième roman, Diane Vincent nous entraîne dans le monde mystérieux du vaudou ainsi que dans le milieu fascinant du tennis professionnel, tout en nous plongeant dans le monde étrange du manga ... et des reptiles. Il y a vraiment de quoi exciter la curiosité du lecteur de polars.
Au début du mois de juin 2008, le frère du premier grand joueur de tennis issu du Québec, Victor-Henri Ferrand a été assassiné en pleine rue, d’une balle dans la tête. Pendant que la nouvelle star du tennis international, Maxime-Pierre, se bat sur les courts de Rolland-Garros, l’enquête s’amorce à Montréal et l’inspecteur Bastianello en reçoit la responsabilité. Évidemment, cette enquête va intéresser notre massothérapeute curieuse et toujours en quête de sensations fortes (j’imagine !!!).
Par le plus heureux des hasards, le clan Ferrand a besoin d’une nouvelle massothérapeute et on prend contact avec Josette Marchand qui accepte la demande avec empressement, y voyant l’occasion d’enquêter par «en dedans» ! De Montréal à Barcelone jusqu’à Saint-Florent-des-Monts, elle deviendra la complice ponctuelle du grand champion québécois, prendra plaisir à «tripoter» les muscles du joueur de tennis et essaiera de faire avancer l’enquête à travers l’opacité du clan et du silence des pratiquants du vaudou !
En ce qui me concerne, je n’ai pas été transporté par cette histoire. Quelques passages intéressants mais beaucoup d’occasions manquées. L’intrusion de la massothérapeute dans le monde du tennis professionnel aurait pu être l’occasion de mieux connaître ce milieu qui nous rend visite à Montréal, une fois par année. Mais la pire occasion ratée a été de passer à côté du monde mystérieux des pratiques vaudou. J’aurais aimé y entrer moins superficiellement et surtout, que les deux personnages, Marie-Jeanne et tante Églantine soient plus explicites, plus présentes dans cette visite aux confins du culte haïtien.
En général, je ne peux pas dire que je n’ai pas aimé l’histoire ... mais j’aurais aimé que l’auteure pousse plus loin son récit et qu’elle arrive à nous surprendre. Ce ne fut généralement pas le cas. Une dernière remarque: j’ai eu beaucoup de difficulté à croire au personnage de Josette. Pourquoi ? Peut-être parce qu’elle nage toujours entre deux ambigüités; et qu’on ne sait jamais où elle loge ... Ce suspense (très léger, en ce qui me concerne) amoureux qui flotte au-dessus des têtes de Josette et de Vincent, je l’avoue, me laisse indifférent !!
Cependant, j’ai apprécié le style de l’auteure, ces quelques moments où elle nous lance des phrases «punchées», des petits bijoux de poésie urbaine, le genre de phrases qui nous laisse la bouche ouverte ... de plaisir !
Je vais quand même lire le prochain roman de Diane Vincent. J’aimerais bien voir une évolution dans le traitement de ses personnages, évolution qui leur donnerait consistance, complexité et crédibilité.
Voici quelques extraits intéressants:
«Bof, un petit meurtre ben ordinaire. Rien pour t’exciter. Pas de torture, de brûlure, de déchirure, de griffure. de piqûre, de morsure, de signature. Juste une balle en plein front
à bout portant. Pow ! t’es mort.»
«Des obsèques, tu vois ce que c’est ? C’est ce qu’on fait à un cadavre quand on veut libérer un tiroir de la morgue.»
«Ma gérante, c’est aussi biologiquement ma mère, mais depuis que j’ai quatorze ans, aucune tâche n’est plus rattachée à ce titre.»
«Des tueurs, c’est des tueurs. C’est pas des pauvres, c’est pas des immigrants, c’est pas des égarés, c’est pas des quelque chose-ophones, c’est surtout pas des héros. C’est des tueurs, faut les arrêter.»
Bonne lecture !
Pwazon
Diane Vincent
Triptyque
Collection L’épaulard
2011
285 pages