30 Juin 2012
Ce petit livre que j’ai rapporté de mon séjour à Paris, n’a pas pesé lourd dans ma valise !! Mais dès mon retour, il a pris toute sa place dans mes plaisirs de lecture.
Plaçons le contexte. Invité par Jeanne Desaubry à une soirée spéciale de la Librairie L’Écailler dans le XVe arrondissement. J’ai le plaisir de rencontrer plein de monde que je connais ... par le biais d’échanges sur mon blogue: Véronique Ducros des Éditions Au-delà du raisonnable et Hervé Sard, auteur chez Krakoen. Des rencontres fort agréables, pilotées par Jeanne qui me fait faire le tour du propriétaire.
Parlant de la librairie, je rencontre alors François Thomazeau qui m’offre gracieusement ce petit livre qui a pour titre «Pauvre Richard».
Dès mon retour au Québec, je l’ai lu et j’ai adoré !!
Premièrement, je serais incapable de vous dire le genre de ce petit roman ou de cette longue nouvelle. Une bonne histoire qui relève plus du conte philosophique que de la simple histoire. Chacun pourrait y trouver une signification personnelle. L’auteur nous a fourni une matière première riche en interprétations possibles. Chaque lecteur pourra «revivre» cette histoire en situant ses propres personnages, leurs actions et leurs pensées dans des contextes et des mondes différents. Chers lecteurs, je vous présente donc l’histoire de «Pauvre Richard», une histoire qu’on réécrit en la lisant.
Les Néfliers est une cité comme tant d’autres. Tout le monde se connaît, sait la vie de tout le monde. Un bon matin, la boulangerie est envahie par les habitants de cette Cité; il n’y a pas de pain mais le monde s’en fout !
Le gros lot de 150 millions d’Euros a été gagné par un habitant de la Cité !!!
Mais qui est cet heureux gagnant ?
«Le gagnant tient à garder l’anonymat.»
Voilà ce qui est écrit dans les journaux.
Consternation !
Un bon matin, un camion de livraison dépose chez Richard Dinero ( J’adore les jeux de mots de l’auteur avec les noms des habitants de la Cité) un canapé neuf. En cuir rouge !
Le peuple tranche ! Voici donc notre gagnant anonyme ! Il aura beau nier toute l’affaire, prétendre le contraire, monsieur Dinero, bien malgré lui est nommé millionnaire de la Cité. On le charme, on le séduit, on est aux petits soins. Même la banquière avec qui il a du durement négocié un prêt pour payer LE canapé.
Mais quel est ce radin ? Malgré toutes nos attentions, malgré les courbettes, il ne partage pas NOTRE fortune !
Chacun a ses demandes, ses besoins urgents, ce petit quelque chose qui lui rendrait la vie plus facile. Et ce radin, ce traître, ne fait rien pour soulager les difficultés. Pire encore, il nie tout et continue à vivre chichement.
Puis, après quelques temps, une série de camions se présentent dans la Cité. Chacun reçoit ce qu’il souhaite depuis très longtemps, chacun voit son rêve réalisé, ses attentes comblées.
Et re-voilà, le monsieur Dinero qui remonte dans l’estime des habitants. Mais pour combien de temps ? Mais lui, toujours aussi pauvre malgré son prénom (que j'aime beaucoup !), se demande comment se sortir de ce guet-apens quand tout le monde le croit riche. Il vit une vie d’enfer, dans ce traquenard où l’appât du gain menace sérieusement sa propre vie et celle de sa famille. Tour à tour adulé, haï, encensé, ostracisé, le «Pauvre Richard» est toujours aussi pauvre et vit avec le malheur que provoque l’argent qu’il ne possède même pas. Et ce canapé rouge, source de malheur, on ne s’y assoit pas.
«Pauvre Richard» est un fable sociale fascinante. Le genre humain n’y est pas beau; l’envie, la cupidité, la jalousie, la convoitise, le côté noir de chaque humain qui, devant le fromage du corbeau, devient un vil renard flatteur. Il n’y a qu’un pas pour que le renard se transforme en cigale, se faisant refuser l’aumône, jetant le blâme sur la fourmi pas prêteuse.
Tout au long du récit, le lecteur est appelé à poser un regard critique sur la société qui l’entoure. Michel Sanz nous convie à une analyse crue et réaliste d’un genre humain assez répandu. Sous le couvert de l’humour, il nous transporte au coeur de l’humain et nous montre, comme dans un laboratoire urbain, les réactions face à l’espoir, aux rancoeurs et aux déceptions.
«Pauvre Richard» est un petit livre drôle et charmant. Mais pas que ! Il provoque la réflexion. Il pose les bonnes questions.
Passez un bon moment de lecture. Faites-le lire autour de vous. Et ensuite, après avoir souri, réfléchissons !
«L’argent nous obsède parce qu’il nous fait défaut.»
Et une petite drôle ...
« C’est ledit muet, pas ledit gaga.»
Bonne lecture ! Et merci à François Thomazeau de la Librairie L'Écailler pour le chaleureux accueil !
Pauvre Richard
Michel Sanz
Le petit écailler
2011
108 pages
Dernière heure, j'apprends en faisant une recherche sur Internet que "Pauvre Richard" est aussi une bande dessinée et un film. Je partirai donc à la recherche de cet album pour compléter cette belle aventure !!