8 Juin 2011
Je n’ai jamais été un
amateur de romans d’espionnage. Je n’ai jamais terminé un livre de John Le Carré et Robert Ludlum m’ennuie profondément (surtout depuis qu’il écrit des romans même après sa mort, il y a 10 ans
!). Alors quand j’ai commencé le dernier roman de Patrick de Friberg, je savais que ma tiédeur pour ce genre ne lui rendrait pas service.
Cependant, quelques critiques positives, glanées ici et là, me donnait l’espoir de pouvoir, enfin, apprécier un roman où s’entre-mêlent politique,
relations internationales, complots, magouilles, rebondissements, meurtres, tractations et amours débridées. Et comme de fait, j’ai retrouvé tout cela dans «Momentum» et
bien plus! mais je n’ai pas trouvé la flamme qui m’aurait converti au genre. Je suis tout de même convaincu que les amateurs de romans d’espionnage apprécieront grandement ce roman touffu,
imaginatif et iconoclaste.
L’histoire est complexe (c’est sûrement une caractéristique du genre ... ! ) et comporte plusieurs éléments:
Alors, le lecteur est entrainé dans ce tourbillon politique qui prend «racines» à des époques différentes et par des personnages qui traversent le
temps, en nous laissant l’impression qu’ils sont un peu dilués dans l’histoire. Les élections approchent, l’objectif sera atteint dans quelques mois, il reste à tout faire pour que rien ne
cloche, pour que tout se passe, comme prévu, il y a quelques 30 ans.
Mais deux personnages viennent troubler les rouages bien huilés du scénario établi.
Un journaliste français reconnait un joueur important de cette partie et se pose LA bonne question: pourquoi cet échange d’enveloppe brune (tiens
tiens !!!) entre cette personne influente de l’entourage du futur premier ministre et un homme au complet foncé ???
Une femme, désoeuvrée, alcoolique, regarde la télévision; c’est sa principale activité ... en buvant, évidemment. Une belle journaliste raconte la
vie d‘un homme. Cet homme, un maçon, supporte Gilles Drouin dans sa campagne électorale. L’homme simple, l’humble artisan qui croit à ce nouveau politicien ? Peut-être ! Mais elle, du fond de sa
roulotte au Nouveau-Brunswick, elle reconnaît le seul homme qui l’a demandée en mariage et qui pourrait être le père de sa fille.
Ces deux intrus, non invités dans cette pièce de théâtre écrite il y a trente ans par un auteur russe, viennent compliquer la réalisation du dernier
acte de la représentation. Qui se cachent derrière ces acteurs ? Qui sont les vrais et qui sont les faux ? Quelles sont les véritables motivations de chacun des acteurs de cette pièce
?
Beaucoup de mystères pour le lecteur empressé de se laisser porter par l’intrigue.
J’avoue que j’ai eu beaucoup de difficultés à trouver le fil qui me permettrait d’accrocher à l’histoire et à y rattacher toutes les intrigues. La
multitude de personnages, les allers-retours entre trois époques, les narrateurs différents et surtout, la complexité des différents maillons de l’affaire ont donné un dur coup au non-amateur de
romans d’espionnage que je suis. Nul doute que l’amateur s’en régalera.
On ne peut pas dire que l’auteur manque d’imagination. Les multiples rebondissements, les «changements de costumes» de quelques personnages et la
fin surprenante, atténuent, quelques fois, l’impression que l’on est un peu perdu dans l’histoire. Était-ce prévu par l’auteur ? Ou est-ce plutôt mon manque d’habiletés de lecteur pour ce genre
de romans ? Et voilà, un autre mystère !
En dernier lieu, je tiens à souligner, quand même, le plaisir que j’ai eu à voir le Québec au centre d’un grand complot mondial ! Habitués que nous
sommes à être une «quantité négligeable» sur la scène politique internationale, je trouvais ce choix assez audacieux.
Alors, amateurs de romans d’espionnage et d’intrigues internationales complexes, ce roman est tout à fait pour vous. En ce qui me concerne, malgré
le fait que l’auteur m’ait fait travailler, je peux quand même dire que j’ai apprécié quelques moments de lecture, surtout en appréciant la qualité de la langue et le style «punché» de
l’auteur.
Voici donc quelques extraits qui illustrent mon propos:
«Les deux jeunes garçons couraient ensemble les forêts et les rivières. Ils étaient les meilleurs élèves de l’école buissonière, trappaient,
chassaient, cavalaient devant l'ours des terres du presbytère ou s’aspergeaient de l’urine d’orignaux femelles pour avoir le plaisir de se faire charger par un grand mâle en
rut.»
«Il l'aimait comme son propre enfant. Il le détestait, aussi, comme la meilleure de ses amantes ou le plus lointain de ses
souvenirs.»
«Sur le pont du navire, tout était rouillé et marqué par la lèpre de l’abandon.»
«Je croyais autant aux coïncidences qu’au bon coeur des américains ...»
Bonne lecture !
Momentum
Patrick de Friberg
Les Éditions Goélette
2011
312 pages
Visionnez la superbe bande annonce de Momentum :