15 Février 2010
Suite à un léger accident, j’ai subi une commotion cérébrale affectant grandement (provisoirement, quand même !!!) ma capacité de concentration. Alors, en bon lecteur que je suis, j’ai cherché une
solution de remplacement; et j’ai découvert, non pas un remède temporaire mais une nouvelle passion. La bande dessinée pour adultes.
Non non, pas pour adultes style XXX.
Non, pour adultes avec une bonne histoire dans un contexte historique et avec des illustrations qui charment notre oeil et flattent notre sens esthétique.
J’avais déjà touché à quelques polars en bandes dessinées mais surtout j’avais fréquenté dans ma jeunesse, Tintin et Michel Vaillant. Un peu plus tard, je me suis jeté sur Astérix, je me suis
délecté des répliques de Mafalda et je me suis bidonné des inventions de Léonard.
Puis, j’ai appris, grâce à une amie, que je ne savais pas lire les bandes dessinées, trop habitué à lire les mots et à oublier l’image. Il me restait à découvrir réellement les dessous du 9e art
!
Et depuis ce temps, j’apprends à lire. Et la découverte que je vous présente aujourd’hui, et bien pour moi, c’est comme ma consécration personnelle, celle d’être enfin devenu un vrai «lecteur de
bandes dessinées»; je peux maintenant lire l’histoire et me délecter de l’image, comprendre que chacun des médias est interreliés et complète artistiquement l’autre.
Profitant de la sortie de La Petite Fille Bois-Caïman, je me suis plongé dans les cinq tomes des Passagers du Vent de François Bourgeon. J’y ai découvert un formidable conteur et
un dessinateur de talent.
L’histoire débute par un événement tout
simple où deux fillettes qui se ressemblent, une riche et une pauvre, décident, pour jouer, de changer d’identité. Et par un concours de circonstances, la fillette pauvre conserve l’identité de
l’autre, qui elle, cherchera par tous les moyens d'assouvir sa vengeance auprès de son ancienne amie.
Et commence alors, une série d’aventures qui nous transporterons dans les cales des navires négriers, dans un sinistre ponton ancré dans une vasière, dans le froid des hivers d’un port anglais,
dans l’atmosphère mercantile des marchés aux esclaves du Dahomey et dans la chaleur humide de Saint-Domingue. Un voyage passionnant entre les différents points d’ancrage du commerce des Noirs en
1780.
Bourgeon nous raconte cette histoire à travers les yeux de son personnage, Isa, une jeune fille avec du caractère, de la passion et une volonté de vivre qui en fait un personnage marquant et
attachant. Tout autour d’elle, gravite une galerie de personnages secondaires absolument fascinants. J’ai particulièrement adoré le personnage de Mary, complice d’Isa, rafraichissante dans sa
candeur et drôle dans ses choix de mots et de phrases, elle la Britannique qui parle le français (elle me rappelle Ziva dans la série NCIS).
En plus de l’histoire et des personnages qui la font vivre, le dessin est magnifique. Certaines planches sont époustouflantes, les paysages africains et antillais dégagent cette beauté sauvage que
le dessinateur a su nous interpréter et les scènes maritimes démontrent toute la grandeur et la profondeur de la mer et de ses dangers. De plus, Bourgeon possède le coup de crayon qui exprime toute
la beauté des personnages féminins.
Bref, la lecture s’enrichit alors de la couleur, du trait de crayon magique de l’illustrateur et on apprécie chaque case, chaque dessin qui nous transporte dans le récit.
Après les cinq premiers tomes de la série, vingt-cinq ans plus tard, François Bourgeon sort enfin la suite de cette saga historique. La Petite Fille Bois-Caïman commence près de 80 ans
plus tard sur les rives du Mississipi en pleine guerre de Sécession. Au début, nous nous retrouvons dans un univers inconnu. Puis, on découvre Zabo, diminutif d’Isabeau, personnage principal des
deux derniers tomes qui nous le découvrirons, possède quelques liens avec Isa, l’héroïne des cinq premiers albums.
J’avoue que j’ai eu un peu de difficulté à entrer dans l’histoire. mais je réserve mon jugement après que j’aurai lu le dernier album (qui devrait sortir bientôt). Cependant, d’ores et déjà, on
peut mentionner la qualité de l’illustration et la beauté de l’image.
Pour l’instant, je ne peux que recommander la lecture des cinq premiers albums des Passagers du Vent. Un plaisir pour le lecteur et un bonheur pour les yeux. Je vous laisse avec le
paragraphe qui «illustre» la 4e de couverture car elle dépeint admirablement bien le personnage d’Isa.
«Pour se venger et fuir, Isa choisit l’exil. Passagère du vent sur les routes océanes, elle subit les guerres, rencontre les prisons et découvre l’horreur des traites négrières qui assurent
l’enrichissement des Amériques et des Antilles. À jamais éprouvée par toutes ces expériences, Isa n,en aime pas moins la vie. Elle aimera des hommes. Elle aimera des femmes... et encore plus sa
liberté. Elle n’oubliera jamais de demeurer rebelle.»
C’est probablement ce coté «rebelle» qui m’a séduit et dans lequel, chaque lecteur pourra peut-être s’y reconnaître, pour son plus grand plaisir.