"Les chaussures italiennes" à la suédoise !!!!
Les chaussures italiennes
Henning Mankell
Éditions du seuil
2009
Début de l’année 2006, par hasard, je lis un roman policier d’un certain Henning Mankell, avec comme personnage, un policier suédois du nom de Kurt Wallander.
Révélation!!!!
Les chaussures italiennes, son dernier roman après Le cerveau de Kennedy.
Les romans policiers que je fréquentais de temps en temps, par le biais de certains grands noms comme Jean-Christophe Grangé, Michael Connelly, Ken Follet et Kathy Reichs, ne m’avaient jamais tant
pris. Je venais de prendre contact avec un roman d’un tout autre genre : un personnage typique qui évolue à travers une critique sociétal, un auteur qui introduisait un aspect tout à fait
social pour encadrer un fait divers. Henning Mankell me faisait découvrir cette littérature qui venait du froid, ces romans qui dépassent le cadre de la simple équation meurtrier, meurtre, policier
et enquête …
Ce fut le début de ma passion pour la littérature dite policière !!!!
En quelques mois, j’ai tout lu Mankell et j’ai découvert certains autres auteurs tout aussi passionnant : Indridason, Camilleri, Rankin, Marinina, Fred Vargas, Markaris, Dennis Lehane,
Laurence Block, Graham Hurley et Jo Nesbo. Par la suite, pour alimenter ma passion et faire d’autres découvertes, mon entrée dans l’association 813, jusqu’alors exclusivement européenne, m’a permis
de connaître et de rentrer en contact avec Les Dominique Sylvain, Jan Thirion, Jeanne Desaubry, Marcus Malte, Patricia Parry, Caryl Férey et Frédéric Fajardie.
Tout un monde s’ouvrait à moi et, par souci de patriotisme, j’ai abordé la littérature policière québécoise : Jacques Coté, Benoit Bouthillette, André Jacques, etc.
Mankell a été un déclencheur et quatre ans plus tard, il revient me hanter … positivement, avec un roman sublime, intimiste, touchant, troublant, un roman qui ne laissera personne insensible aux
émotions décrites dans ce chef d’oeuvre, Les chaussures italiennes.
L’histoire : un chirurgien orthopédique, blamé pour une erreur médicale (il a amputé le mauvais bras de sa patiente) se retire sur une île de la mer Baltique. Il y vit depuis une douzaine
d’années avec son chien et son chat quand, un matin, arrive la femme qu’il a quitté, il y a quarante ans.
Alors commence pour Fredik Welin, un long voyage de quête de sens, une redécouverte de ce qu’il a été, de ce qu’il est maintenant et de ce qu’il pourrait être si il était moins seul. Cet ours
taciturne et mélancolique traverse cette nouvelle vie en découvrant des émotions perdues ou oubliées, des sentiments auxquels il ne croyait plus et des relations humaines … tellement humaines.
Depuis douze ans, il fréquentait assidument sa solitude; l’arrivée de cette femme déclenche le tsunami qui envahira son île, qui lui permettra de rencontrer des femmes (pour la plupart) qui lui
feront faire un grand pas vers les autres.
La solitude, la mort, l’amour, la famille, la responsabilité et la culpabilité sont abordés avec une maîtrise de grand romancier. Mankell nous touche, nous fait vivre une multitude d’émotions, nous
fait réfléchir et ce, sans jamais nous ennuyer.
Deux réactions de surprises purement plaisantes : la maison mobile de la page couverture et la découverte de pourquoi le titre Les chaussures italiennes. Un hommage au talent et à
l’imagination de l’auteur.
Mankell sans Wallander, c’est le romancier dépouillé du carcan de son personnage fétiche mais décrivant un monde d’émotions dont le lecteur se délecte pour son plus grand plaisir. Les
chaussures italiennes est un grand roman écrit par un grand romancier, capable de nous faire rire mais aussi capable de nous toucher, de nous faire pleurer.
Des phrases choc :
« Nous faisons tant de mal à nos enfants qu’à la fin ils n’ont plus d’autre moyen d’expression que la violence. »
« La mort ne laisse aucune trace sauf ce que j’ai eu autant de mal à supporter : l’amour, les sentiments. »
Mais aussi, des images de colère, de rancune.
Et aussi, des moments de tendresse, d’amour et de compassion.
Le roman fourmille de ces bonheurs de lecture, de ces moments où sans s’en rendre compte, l’auteur nous envoie à notre propre réflexion, à notre propre vie, en bref, à nous-mêmes, devant notre
propre miroir !!!!
Un roman à lire … pour le plaisir des émotions.