11 Décembre 2012
Maureen Martineau n’est pas à ses premiers coups de plume ! Auteure, metteure en scène et comédienne avec la troupe Parminou, elle nous livre avec «Le jeu de l’ogre», son premier roman.
Grande amateure de polars, lectrice d’intrigues policières, il était tout à fait normal que son désir d’écrire un roman se concrétise dans une enquête policière mais aussi, dans l’analyse psychologique et comportementale du tueur.
Maureen Martineau nous offre un bon premier roman, avec des qualités qui promettent et un personnage qui pourrait trouver sa place dans l’imaginaire collectif du polar québécois.
Marie-Paule Provost,écrivaine ayant connu un «petit succès» avec ses trois romans, prépare un grand coup contre son ex-mari: un journal qui raconte les horreurs qu’il a fait subir à toute sa famille. Avant même de terminer son oeuvre, un terrible accident vient mettre fin à ses projets. Ses deux filles, Alexandra et Nickie, lui avaient juré leur appui inconditionnel. Elles prendraient donc la relève dans cette quête de vengeance. Elles feront payer cet homme qui les a fait tellement souffrir. Et ce, deux fois plutôt qu’une ! Elles traqueraient l’Ogre, jusqu’au bout !
Alexandra, confinée au lit par sa paralysie complète, écrit et complète l’oeuvre de sa mère; Nickie prépare le grand coup. Cependant, des événements viennent bouleverser leur plan. Un suicide qui cache probablement un meurtre !!! La disparition soudaine de Nickie !
Judith Allison est une jeune policière qui vient d’être promue au Service de police régional d’Arthabaska. Élève brillante à l’École de police, célibataire et demeurant avec son père, elle se consacre entièrement à sa passion: son métier d’enquêteur. Avec une insistance un peu particulière, Denise Cormier, une de ses enseignantes à l’école de police, a gardé le contact avec Judith. Denise en est secrètement (de moins en moins ...) amoureuse. La professeure tentera d’aider la jeune policière en ayant comme seul objectif de l’amener dans son lit !
De toutes parts, chacun des personnages se met à la recherche de la vérité, motivée plus par la vengeance ou les amours impossibles que pour la vérité et la justice. Le lecteur est convié à assister à toutes ces enquêtes qui lui font découvrir les horreurs passés , des personnages marqués par leur avidité et leur passion destructrice.
Qui est véritablement à la recherche de la vérité ? Le lecteur le découvrira peut-être dans sa propre recherche des motivations de chacun des personnages. Une finale, quand même, non dénuée de tendresse et d’espoir.
Ce premier roman de Maureen Martineau nous fait découvrir une auteure qui pourrait séduite les lecteurs de polars et les amateurs de romans policiers. En général, je peux dire que j’ai apprécié ma lecture qui m’a procuré quelques bons moments de lecture: des enquêtes intéressantes sans être passionnantes, des personnages complexes et pour certains attachants et une enquêtrice, une jeune policière dotée de certaines caractéristiques intrigantes.
Ce premier roman est réussi. Une bonne histoire, bien racontée, «Le jeu de l’Ogre» est bien écrit et la trame, l’intrigue est bien développée. L’expérience théâtrale de l’auteure est sûrement un atout pour dessiner et nous présenter des personnages qui habitent fortement le récit. Le portrait de Nickie Provost cette jeune fille de 19 ans, marquée par son enfance, attirée par la facilité, animée par son désir de vengeance et surtout incapable d’aimer, est tout à fait réussi.
«Tout ce qui était interdit l’attirait comme un gouffre. Depuis l’accident, son esprit malin avait pris le relais. Il l’incitait à transgresser ses frontières.»
Le personnage de Nickie est la réussite de ce roman.
Il faut également souligner la force du personnage de Luc Gariepy. Personnage énigmatique, retors et sardonique, le lecteur de polars y retrouve tout ce que l’on aime haïr dans un personnage de ce genre.
Ce qu’il me reste, à la fin de ma lecture, c’est un peu une déception de ne pas être entré réellement en contact avec le personnage de Judith Allison. La complicité essentielle entre le personnage principal et le lecteur, cette chimie indescriptible, cette étincelle qui fait que l’on aime un personnage, qu’on attend ses prochaines aventures avec l’anticipation du plaisir coupable, je ne l’ai pas immédiatement ressentie. Mais la dernière scène, le dernier chapitre m’a profondément touché. Ce qui fait en sorte que sur cette note, je vous rassure tout de suite... J’attendrai la sortie du deuxième roman avec un plaisir anticipé, en étant convaincu que la magie opérera ! Ces dernières images, cette scène touchante, est sûrement le prélude d’une possible belle histoire d’amour entre Judith Allison et ses futurs lecteurs.
C’est ce que je nous souhaite. Ce premier roman est plein de promesses. Je suis certain que Maureen Martineau saura les réaliser. Pour notre plus grand plaisir.
Bonne lecture !
Le jeu de l’ogre
Maureen Martineau
La courte échelle
2012
442 pages
Un article sur La Nouvelle.com ...
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