15 Août 2010
Venant tout juste de terminer ma lecture de «La vie aux aguets» de William Boyd, deux commentaires me viennent immédiatement à l’esprit:
Voilà comment je me sens, aujourd’hui !
Et pourtant ! Comme souvent, j’avais acheté ce livre grandement conseillé par une bonne amie grande lectrice (Merci, Jocelyne ! Bonne dernière année d’enseignement !). Et puis, il avait
erré, comme une âme en peine, d’une pile de livres à une autre ... Jusqu’au moment, où il y a deux semaines, j’ai lu une critique élogieuse du dernier roman de William Boyd, «Orages
ordinaires». Évidemment, il me le fallait tout de suite. Mais je me suis rappelé, en lisant la liste des ouvrages antérieurs de cet écrivain, que je possédais ce livre dont la
jaquette représentait une femme en imperméable.
Et bien, je vous le dis, «La vie aux aguets» est un petit bonheur de lecture.
William Boyd est né au Ghana et a fait ses études dans de grandes universités (Nice, Glasgow et Oxford). Il a enseigné la littérature à Oxford, avant de se consacrer uniquement à l’écriture ...
pour notre plus grand bonheur. Il a écrit quelques romans, des recueils de nouvelles et des scénarios de films. Il reçoit tout un coup de main lorsqu’il passe à l’émissions de Bernard Pivot
«Apostrophes» quand l’animateur, enthousiasmé par le roman «Comme neige au soleil» affirme qu’il est prêt à rembourser le prix du livre à tous les
lecteurs qui n’aiment pas le livre.
Légende urbaine ???
Non ! Car voici l’extrait de l’émission où Bernard Pivot fait cette déclaration solennelle:
Au passage, vous pourrez apercevoir un jeune romancier et homme de théâtre québécois, aussi invité à cette émission. Vous l’avez reconnu ?
Passons donc à l’histoire. Ruth Gilmartin, enseignante d’anglais pour des étudiants étrangers s’inquiète pour sa mère qui adopte, depuis quelques temps, des comportements étranges. Elle se sent
surveillée et répète à sa fille qu’elle est en grand danger. Commence alors une série de révélations sur le passé de cette femme .
Ces révélations sont absolument passionnantes. On y découvre, graduellement, pas à pas, comment une personne ordinaire traverse une période de grands dangers, se découvre des capacités et des
forces tout à fait inconnues et devient une sorte d’héroïne vivant des aventures dangereuses dans le monde de l’espionnage.
Tout au long de cette passionnante histoire, William Boyd nous fait découvrir une partie de l’histoire de la Deuxième guerre mondiale qui nous est très peu familière ... La BSC (British
Security Coordination), un organisme britannique secret, répandait ses activités à travers les États-Unis: espionnage, contrôle et manipulation de l’information, fausses nouvelles et lobby auprès
de hauts dirigeants politiques. Et ce, dans le seul but d’amener les USA à s’impliquer dans cette guerre contre l’Allemagne et le nazisme.
Et nous, simple lecteur, on se demande, tout le long de cette découverte, comment nous aurions réagi ... pris dans cet engrenage infernal ! Vivre dans un monde où " ... les meilleurs ont
souvent l'apparence des pires." Et l’auteur nous le décrit très bien cet enfer: personnages louches, hôtels miteux, lieux de rendez-vous glauques, énigmes et jeux politiques. Allez,
ouvrez ce livre et rencontrez ces personnages qui vous feront vivre une gamme d’émotions. Voilà donc l’histoire de Eva Delectorskaya, de Lucas Romer, Morris Devereux, Angus Woolf et Sylvia
Rhis-Meyer, en 1941, dans les locaux de leur «agence d’information».
La force de ce roman réside dans cette découverte simultanée où vous apprendrez, en même temps que Ruth Gilmartin l’implication de sa mère dans cet immense réseau d’espionnage. Vous profiterez de
la possibilité que vous offre l’auteur, de suivre l’évolution des pensées et des réflexions de cette jeune femme anglaise, universitaire, mère mono-parentale et impliquée dans la vie sociale et
politique, apprenant, au fur et à mesure de sa lecture, les aventures de sa mère, qui en réalité était d’origine russe, s’appelait Eva Delectorskaya et avait joué un rôle important dans le réseau
d’espionnage britannique.
« ... et j’ai aussitôt été en proie à l’étrange inquiétude illogique qui ne manquait jamais de m’envahir alors que je cherchais Jochen au milieu des visages familiers, une sorte
d’angoisse maternelle atavique, je suppose: la femme des cavernes sur la trace de ses petits.»
Ce roman se laisse lire avec plaisir. Pas de moment où l’on s’ennuie, une bonne dose de suspense, une intrigue soutenue et bien ficelée et une série de personnages illustrant bien cette époque.
Ce parfait mélange alliant histoire, intrigue, suspense, histoire d'amour et vie quotidienne donne de multiples raisons au lecteur d'accrocherà la lecture de ce récit. Tous ces ingrédients font
en sorte que nous sortons de cette lecture en applaudissant (en pensée, naturellement !) le romancier.
William Boyd est un magnifique auteur. Je vous recommande grandement, de même que Bernard Pivot (je ne vous fais pas la même promesse, mais ...!) la lecture des romans de cet excellent écrivain
britannique.
Et maintenant que j’ai lu «La vie aux aguets», je peux donc aller me procurer «Orages Ordinaires» ... et le lire ... dans deux ans !
Bonnes lectures !
La vie aux aguets
William Boyd
Points
2007
397 pages