20 Mars 2011
Voilà un petit livre qui contient son lot d’horreurs, de meurtres et surtout d’idées de droite, plus à droite que la droite d’extrême
droite. Vous voulez une idée du cocktail vitriolique concocté par Michel Châteauneuf dans «La société des pères meurtriers»? Et bien, tenez-vous bien: racisme, sexisme,
eugénisme, machisme, homophobie, inceste, meurtres, facisme, violence physique, psychologique et verbale; sectarisme, corruption politique et judiciaire et paris sur la date de la mort de
certains personnages publics. Vous connaissez d’autres travers que l’auteur aurait oubliés ?
Au oui, j’oubliais, un narrateur invisible, sardonique, condescendant, complice et voyeur de toutes ces
horreurs ... !
Et voilà !
Je suis resté bouche bée ! Que de questions ont surgi à la lecture de ce marché aux horreurs humaines. S’il y
avait juste une once de vérité dans cette société ? Se peut-il que des humains ordinaires puissent aller aussi loin ? On explique le «tueur en série»; on connaît le dictateur sanguinaire; on
côtoie à travers les pages de journaux le meurtrier ou le criminel; mais que notre voisin, avocat, chef de police, député ou professionnel de la santé agissent de cette façon, sans morale aucune,
sans regret et sans remord? On sort bouleversé de la lecture de ce roman.
Christian Saint-Amant, un ex-policier, est fortement déçu de la «qualité» de sa progéniture; ses gênes
«parfaits» ont malheureusement été souillés au contact des femmes qui n’étaient pas à la hauteur.
«Tel un horticulteur incompétent et suffisant, il avait planté les glands du chêne séculaire dans un sol contaminé. Lui, le fils unique, le seul dépositaire de la race, le «dernier des Mohicans», avait ruiné ce que quatorze générations avaient perfectionné depuis l’arrivée au pays de l’ancêtre, en 1690.»
Baby boomer d’extrême droite, une morale aussi volatile qu’une feuille ballottée par le vent d’un typhon, il
s’inscrit comme membre «actif» de la Société des pères meurtriers.
Le lecteur assiste alors à cette effrayante exploration d’un cerveau dérangé, malsain, pas du tout tourmenté
et à l’expression d’une motivation vérolée et malsaine. Et la découverte de cette association aux airs de KKK de la génétique donne froid dans le dos, autant par ses pratiques que par la
philosophie qu’elle préconise.
Est-ce crédible ? Est-ce vraisemblable ? Très difficile à dire.
Est-ce un bon roman ? Oui ,car il raconte une bonne histoire. Mais elle est tellement grosse, tellement
violente psychologiquement, que je ne peux faire autrement que de mettre un grand bémol à mon enthousiasme. J’avais souvent le goût de dire à l’auteur: «Trop, c’est trop ! ». Mais d’un autre
côté, on ne peut que s’incliner devant son «esprit tordu», le féliciter pour son imagination (on espère que c’est imaginé ...) qu’il a poussée au maximum.
Est-ce que je le recommande ? Peut-être ! Mais sûrement pas à tout le monde !
Si vous aimez le noir, le très noir! Si l’exploration des corridors les plus sordides du cerveau humain
vous intéresse, si l’ignoble et l’effrayant vous divertissent, cette histoire est pour vous. Comme on dit dans les pubs de librairie, si vous aimez Patrick Senécal, vous aimerez ce roman
...
Pour les autres, amateurs de Brunetti ou de Montalbano, passez votre chemin ... «La société des pères
meurtriers» n’est pas pour vous.
Quant à moi, mi-figue mi-raisin, je lirai sûrement son prochain livre. J’aime bien le caractère percutant et
dérangeant de l’auteur malgré quelques grimaces provoquées par un surplus de petits piments forts. En espérant que le prochain soit un peu moins épicé et peut-être un peu plus digestible
...
En attendant, je vais essayer de me procurer son roman pour la jeunesse «La quête de Perce-Neige», récit sur le
Moyen-Âge québécois. Je vous en reparlerai.
Tiens, je vous donne en primeur le titre de son prochain roman: «Bad trip au Sixième
ciel».
Au plaisir de la lecture.
Site de l’auteur : Michel Châteauneuf
Blogue de l’auteur: La chronique du profanateur (oui, oui !!!)
La société des pères meurtriers
Michel Châteauneuf
Vents d’ouest
2010
171 pages