L'étrange occupante de la "Chambre 426" de Madeleine Robitaille
«Chambre 426» est pour moi une agréable surprise ! Un bon moment de lecture. Une auteure avec beaucoup d’imagination qui nous offre un roman avec de nombreux rebondissements et qui nous transporte dans des mondes multiples, inquiétants et parfois même, angoissants.
Madeleine Robitaille possède le talent pour écrire des histoires tellement complexes qu’elle a fait souffrir le blogueur, incapable de résumer ce roman touffu, sans révéler des éléments importants du récit, de l’intrigue et de son dénouement. À chaque phrase que j’écris, j’ai peur de dévoiler un élément qui gâcherait votre plaisir.
Alors, contre mauvaise fortune, bon coeur. Je vous dirai donc que dans ce roman, vous serez confronté à une histoire familiale dramatique, à une intrusion dans une secte satanique et à un séjour dans un hôpital psychiatrique. Et chacun de ces éléments viendra influencer les agissements de la tourmentée Annabelle Tremblay, personnage principal de ce drame humain. Le lecteur sera pris dans ce tourbillon, cette quête angoissante de la vérité, des non-dits, des apparences et des événements occultés. L’auteur nous laisse quelques pierres pour que l’on retrouve son chemin mais la forêt, de plus en plus dense, nous attire souvent sur des chemins sans issues.
«Chambre 426» n’est pas le thriller de l’année mais il vous fera passer par une gamme assez large de frissons et d’émotions. Un plaisir de lecture, un bon moment à passer avec l’imagination foisonnante de cette auteure.
J’amène quand même un bémol à cette critique ! J’ai ressenti dans certains passages, quelques beaux exercices de style, quelques bons moments d’extravagance littéraire; une volonté de l’écrivaine de sortir des sentiers battus et de nous surprendre par ces «écarts de langage», par ses trouvailles littéraires et son imagination débridée. Il me semble que ces moments sont arrivés trop peu souvent; cette folie, ce style déjanté, ces moments de délire mériteraient sûrement une plus grande place dans ses futurs romans.
En bref, j’ai beaucoup aimé ce roman, je m’y suis beaucoup plu et j’espère que les prochains profiteront de l’expérience acquise. Que le talent de l’auteure puisse s’exprimer sans contraintes, sans limites et sans retenue.
Voici quelques extraits:
« Au commencement, il n’y avait rien. Puis il y eut une pensée. Cette pensée s’est transformée en désir. Ce désir s’est transformé en idée. Cette idée s’est transformée en parole. Cette parole, en acte. Cet acte en matière.»
«Le Christ sur la croix a la tête en bas.»
« La disparition d’Anna l’avait plongé à son insu dans un monde où seules les personnes incohérentes ont leur place. Un monde rempli de déni, de délire, de déséquilibre. Un monde effrayant, où personne ne trouve la paix ni le bonheur.»
« ... cette fille, qui vivait sa vie comme on attend un bus qui ne conduit nulle part ...»
Au plaisir de la lecture.
Chambre 426
Madeleine Robitaille
Éditions de Mortagne
2011
383 pages