10 Février 2010
Karine Giebel est une jeune auteure très peu connue au Québec; cependant, tout amateur de polars et de romans noirs, devrait se lancer à la recherche de ses livres.
Parlons tout d’abord de son style. Karine Giebel possède un talent hors du commun pour construire des intrigues qui laissent le lecteur complétement abasourdi. Lire un livre de madame Giebel, c’est
accepter de se laisser emberlificoter par une conceptrice sardonique d’intrigues diaboliques.
J’ai lu Jusqu’à ce que la mort nous unisse après avoir été conquis par Les Morsures de l’ombre. Les deux oeuvres sont des romans haletants, des “page turner” qui ne nous
laissent aucun repos.
Les morsures de l’ombre nous accroche dès le début avec une atmosphère complétement angoissante; dès les premières pages, l’auteure nous plonge dans le drame de son personnage et tout au long
de l’intrigue, elle nous découvre, peu à peu, tous les noeuds, tous les indices, tous les signes qui nous transporteront vers le dénouement final. Dès les premières pages, elle nous expose
l'ensemble du tissu et ensuite, au fil de notre lecture, nous le démaillons brin par brin.
Jusqu’à ce que la mort nous unisse est construit d’une façon tout à fait différente. L’intrigue s’amorce tranquillement, graduellement, les personnages s’installent au gré de leur vie de
tous les jours; l’auteure nous présente les lieux (la montagne est un personnage tellement important), les habitants, leur quotidien et leurs préoccupations. On se prend même à dire que le début
semble un peu pépère. Ce serait mal connaître Karine Giebel !
On découvre au fur et à mesure l’histoire et les secrets de chacun. Et puis soudain, le drame s’installe. Et l’auteure déboule l’intrigue à une vitesse fulgurante, les mystères se résolvent
aussitôt que de nouveaux événements viennent “précipiter” les personnages dans l'enchevêtrement d'une fin imprévisible mais tout à fait vraisemblable. La créativité et l’imagination de Karine
Giebel arrivent à nous surprendre pour notre plus grand plaisir mais nous laissent un peu pantois, sidéré devant une fin si escarpée.
Dans Les Morsures de l’ombre, une femme séquestre un homme pour assouvir sa soif de vengeance et venger l’horreur par l’horreur. Tout au long de la séquestration, l’homme est confronté à
la terreur physique et psychologique, une frayeur épouvantable dans un huis clos saisissant et un climat oppressant.
Un bonheur de lecture pour les amateurs de noir.
L’intrigue de Jusqu’à ce que la mort nous unisse se situe quelque part dans les hauteurs des Alpes françaises. Vincent Lapaz est guide et durant l’été, il initie les touristes aux beautés
de la montagne. Être solitaire, il vit dans un chalet perdu à flanc de montagne, chalet dont le nom est L’Ancolie (une fleur aussi belle que toxique).
Le petit village vit des moments tranquilles jusqu’au moment où un des gardiens écologistes du Parc national, meilleur ami de Vincent, se tue pendant une
randonnée. Accident ??? Vengeance ??? Meurtre ???
Vincent, avec l’aide de Servane, une jeune policière, amorcera une enquête qui dérangera et qui fera ressurgir les secrets et les démons qui peuplent les sentiers de randonnée parcourant les
montagnes.
Karine Giebel raconte les faits d’une façon tout à fait magistrale, une intrigue bien menée, des histoires d’amour et de passions qui s’entremêlent avec l’hypocrisie et le mensonge, l’homme
confronté avec son humanité. On y découvre, pas à pas mais en ayant l’impression de courir, les horreurs du passé qui ont tant influencé la vie des habitants du village.
Ce roman est excellent, un vrai bonheur de lecture pour tout amateur de polar, de roman noir ou de thriller. Chacun y retrouvera son plaisir.
Le talent d’écrivain de Karine Giebel mérite d’être reconnu mais il faut admettre qu’en plus, elle est une extraordinaire conteuse et une géniale architecte d’intrigues.
Jusqu’à ce que la mort nous unisse
Karine Giebel
Fleuve noir
2009
490 pages
Les morsures de l‘ombre
Karine Giebel
Fleuve noir
2007
290 pages