23 Août 2011
«J’haïs le hockey» est un petit roman, tout court, qui se lit en moins de trois heures mais qui vous fera passer par toute une gamme d’émotions.
J’adore François Barcelo. Je suis toujours ébloui par le talent des auteurs qui peuvent s’adresser autant aux jeunes enfants, aux adolescents et aux adultes, amateurs de littérature blanche ou fervents de romans noirs. Et ce, avec un égal succès. François Barcelo est un de ceux-là; quand un auteur peut écrire «Cadavres», «Momo de Sinro» et «Petit héros fait pipi comme les grands», et bien soyez certain qu’à chaque fois, il vous réservera une surprise.
Et «J’haïs le hockey» est toute une surprise !
Antoine Vachon haït le hockey ... et ça demeure une certitude. Cependant, l’entraîneur de hockey de son fils meurt tragiquement: coups de bâton de baseball à la tête et le coeur transpercé par un morceau de ce bâton brisé.
Le président du club l’appelle pour remplacer à pied levé l’entraineur car il est le seul père qui peut prendre la relève. Oui, car ses activités sont assez limitées: pas de travail, en processus de divorce, pas d’argent et aucun ami. Par la force des choses et malgré son incompétence en matière de sport sur glace, il se sent obligé d’accepter. L’autobus et ses joueurs (dont son fils) sont déjà à la porte de son appartement.
Lors de la partie, il se fait expulser pour un geste banal et malgré lui, son équipe gagne. Pendant la nuit, dans un motel infect, il apprend toutes sortes de choses sur l’entraîneur qu’il remplace et les joueurs qui composent cette équipe. Est-ce que cet entraîneur aurait profité de son poste pour abuser de ses joueurs ? À ce moment-là, est-ce qu’un ou plusieurs joueurs auraient pu régler son compte ? Se pourrait-il que ce soit son fils ?
L’auteur nous introduit alors dans le cerveau de cet homme marqué par la vie, de ce mari déchu, de ce père aussi incompétent en hockey qu’en paternité. Antoine Vachon jette un regard obtus sur les événements sans aucune analyse critique. Il est toujours déphasé et victime de sa pensée magique. Antoine Boileau prend ses désirs pour de la réalité, au détriment de toute logique. Toujours en retard sur sa vie, les événements l’entraînent comme un ballon gonflé à l’hélium que l’on aurait lâché dans l’ouragan Katrina.
Par la magie de l’imaginaire de François Barcelo, vous serez plongés dans cette centaine de pages, vers l’effroyable conclusion, digne d’un bon roman noir; sans aucune chance de s’en sortir. Le père, devant l’inéluctable conclusion, restera égal à lui-même, essayant de vivre ses chimères inaccessibles. En ce qui me concerne, et c'est le seul reproche que je peux faire à ce roman, j'aurais aimé une conclusion différente, peut-être plus légère, peut-être plus "barceloenne" !!!
«J’haïs le hockey» est un bon plaisir de lecture si vous aimez le genre. Sinon, vous pourriez le lire quand même pour apprécier le talent d’un des très bons auteurs québécois.
Un petit extrait pour vous montrer un peu le personnage qui parle de son ex-épouse :
« Elle n’a pas vieilli. il y a cinq ans, je lui aurais donné le même âge qu’à moi. Maintenant, on lui en donnerait dix de moins. Comme si j’avais gagné quinze ans et elle, en avait perdu cinq. (Refaites mon calcul; si je me suis trompé, l’essentiel est que vous compreniez.)»
«J’envisagerais le suicide avec plaisir, si je n’étais pas sûr de rater ça aussi.»
Un autre ... : «Je ne sais pas si vous avez des ados, mais c’est plus difficile à aimer que des enfants.»
Bonne lecture !
J’haïs le hockey
François Barcelo
Coups de tête
2011
111 pages