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26 Septembre 2010
"Polar, noir et blanc" est un site consacré à la littérature; on y parle de livres, d’écrivains, parfois d’illustrateurs. Aujourd’hui, je ferai exception
et je vous parlerai «cinéma» !
Il y a quelques années, j’avais assisté à la pièce de théâtre «Incendies» de Wajdi Mouawad; j’en étais ressorti soufflé par l’histoire, la mise en
scène et le jeu des comédiens. Cette fin de semaine, j’ai vu le film de Denis Villeneuve, adaptation de cette pièce de théâtre et j’ai encore été transporté par cette oeuvre magistrale.
L’histoire demeure excellente, l’adaptation cinématographique enrichit l’histoire, les comédiens sont extraordinaires et les images sont grandioses.
Il faut entendre le silence dans la salle pendant le générique de la fin pour comprendre combien les spectateurs ont été touchés par ce film d’une intensité
dramatique étouffante. Je connaissais l’histoire et le dénouement, j’anticipais tout ce qui devait arriver et pourtant, j’étais rivé sur mon siège, les yeux et les sens grands ouverts, appréciant
la beauté des images et me laissant envahir par le drame qui se jouait sur l’écran. Et laissez-moi vous dire que l’on ne sort pas du visionnement de ce film sans avoir vécu une gamme d’émotions
intenses.
À la mort de leur mère, Jeanne et Simon Marwan, deux jeunes Québécois vivant à Montréal, apprennent du notaire ami de la famille, que leur père est encore vivant,
qu’ils ont un frère et que dans son testament, leur mère leur donne le mandat de les retrouver. Commence alors, une enquête très difficile pour découvrir ces fantômes du passé, sans aucun indice
... sauf le nom de la mère et une photo trouvée dans le fond d’un tiroir.
Aidés par l’ami de la famille, les jumeaux découvriront, morceau par morceau, le passé violent et dramatique de leur mère, dans un décor majestueux du Moyen-Orient.
La structure du film où le spectateur est transporté du passé au présent en alternance souligne le jeu extraordinaire des deux comédiennes Lubna Azabal (la mère) et l’excellente Mélissa
Désormeaux-Poulin, dans le rôle de Jeanne. Leur ressemblance est frappante (bravo pour le casting !!) et le mouvement d’aller-retour entre le passé et le présent intensifie le jeu de leurs
émotions.
Je vous conseille grandement ce film. Soyez prêts à vivre une expérience dramatique prenante et dérangeante, à voir des images grandioses et des paysages
fascinants, des images extraordinaires de beauté mais aussi de violence psychologique et physique, à suivre une histoire bien racontée, le récit lent et lancinant d’une quête, d’une recherche
d’un passé que l’on n’aurait peut-être pas voulu connaître. Ce film est violent dans toute sa beauté. Ce film est à voir pour les émotions qu’il provoque.
Un dernier mot sur la musique qui accompagne toute cette intensité dramatique; Grégoire Hetzel nous propose une atmosphère magnifiquement intégrée au drame qui se
joue sur l’écran. J’aimerais de l’écouter une seconde fois pour en apprécier toutes les qualités.
«Incendies» sera le film qui représentera le Canada aux Oscars de cette année dans la catégorie du Meilleur film étranger. En ce qui me concerne,
ce film mériterait l’Oscar du Meilleur film, toutes catégories confondues ...
Chers amis lecteurs, amateurs de littérature, de polars et de bonnes histoires, allez voir ce film intelligent, d’une beauté à couper le souffle et d’un récit
dramatique à vous scier les jambes. Oui, vous en ressortirez quand même en un seul morceau ... mais vous en serez secoués pour la peine.
Bon cinéma !!!