30 Août 2011
Chrystine Brouillet est une auteure très appréciée au Québec et aussi en France. À chaque publication, ses fervents admirateurs dévorent la nouvelle enquête de Maud Graham, son personnage
fétiche.
Chacun de ses romans traite, d’une façon ou d’une autre, d’un problème social, de ses impacts sur les humains et sur le monde qui nous entoure. Les
thématiques sociales servent souvent d’éléments déclencheurs qui serviront de cadre aux crimes ou aux meurtres sur lesquels Maud Graham doit enquêter. De plus, sa famille proche ... et élargie,
ses proches et son voisinage, sont toujours présents dans ses récits et participent indirectement à l’enquête et parfois même, y agissent très directement. Et cette recette est complétée par
quelques commentaires gastronomiques, une humanité du personnage de Graham et un environnement qui nous devient graduellement très familier. On aimerait presque s’assoir à la table familiale et
participer aux agapes en discutant de l’enquête. (D’ailleurs, je vous l’avoue, c’est un de mes rêves d’être invité à souper chez madame Brouillet, faire la cuisine avec elle, déguster une bonne
bouteille de vin et parler littérature policière et romans noirs ... )
La formule est bonne, les lecteurs embarquent et c’est tant mieux !
Ici, dans son dernier roman, "Double disparition", le thème de l’histoire tourne autour de la relation incestueuse entre
une mère et son fils. Mais commençons le résumé par le véritable élément déclencheur: une fillette disparaît dans un centre commercial. La mère, une ancienne camarade de classe, demande à Maud
Graham, de retrouver sa fille. Le visionnement des bandes vidéo révèlent des images angoissantes: une femme déguisée en fée ou serait-ce quelqu’un en uniforme ? Que s’est-il passé cette
journée-là, dans un centre commercial rempli d’enfants ?
Pendant ce temps, à Rimouski, un jeune adolescent de 18 ans, au chevet de sa mère mourante, apprend qu’il n’est pas le fils biologique de cette
femme qui a abusé de lui depuis très longtemps. Qui était donc sa mère biologique ? Pourquoi vivait-il à Rimouski ? Quelle était la véritable histoire, celle que cachait aussi, le meurtre de son
père ? Qui était-il, en fait ? À partir de ce moment, Trevor n’a alors qu’un seul but: se lancer à la recherche de la vérité, la vérité sur sa véritable identité et sur ses
origines.
Deux histoires différentes qui, comme vous vous en doutez bien, se rejoindront sûrement, par les méandres sinueux d’une enquête menée de main de
maître par Maud Graham. Et graduellement, grâce aux talents de conteur de Chrystine Brouillet et à sa capacité de nous concocter une intrigue à la sauce veloutée, le lecteur profite de son
écriture fluide pour se laisser emporter par un courant tranquille, voguant vers les dénouements attendus. Cependant, le lecteur ressentira un léger essoufflement dans les dernières phases de la
conclusion de la 2e affaire; rien de grave mais juste assez perceptible pour créer un «petit malaise de lire».
Vous aurez compris qu’il est facile d’aimer Chrystine Brouillet. Elle écrit bien, elle possède un imaginaire rassurant et à chaque fois que le
lecteur commence un de ses romans, il sait ce qu’il aura, ce que l’auteure lui prépare. Il le trouve, le déguste ou le dévore et en ressort satisfait. Content d’avoir lu une bonne histoire,
d’avoir un peu réfléchi et de s’être diverti pendant un bon moment de lecture.
Mais voilà ! En ce qui me concerne, j’aimerais bien que madame Brouillet me surprenne, qu’elle me réserve quelques surprises littéraires, qu’elle
sorte des sentiers battus de ses succès assurés et qu’elle me déstabilise, qu’elle me jette par terre. Avec le talent de cette auteure et avec son imagination, je suis convaincu qu’elle serait
capable de transcender le genre, de nous créer un roman qui dérange et qui ferait ressortir tout le potentiel de son imagination, de sa créativité.
J’aime bien Maud Graham ! Je la trouve très sympathique. Et c’est peut-être ce quelque chose de plus, cette étincelle d’écrivaine que pourrait lui
donner sa créatrice pour allumer le feu sacré et ainsi rejoindre ses collègues au firmament des grands personnages comme Kurt Wallander, Sherlock Holmes, Salvo Montalbano, Pepe Carvalho,
Erlendur Sveinsson ou même Miss Marple.
Il est vrai que l’on ne change pas une formule gagnante, ce n’est pas très bon pour la vente ... mais tellement bien pour la littérature.
Bref, comme à la fin de chaque roman, j’ai le goût de dire merci à madame Brouillet. Merci pour cet agréable moment de lecture. Maintenant,
j’aimerais pouvoir dire: «WOW» !
Un extrait: « ... elle ne pourrait pas lui promettre que le temps arrangeait les choses. Le temps polissait le chagrin comme la mer polit un
galet, mais le galet pèse toujours le même poids.»
Bonne lecture !
Double disparition
Chrystine Brouillet
La courte échelle
2011
305 pages
Une entrevue avec l'auteure: