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Polar, noir et blanc

Un blogue qui parle de livres, de bons livres, dans tous les genres, juste pour le plaisir de lire et d'en parler.

Attila présente "Impurs" de David Vann

Impurs.jpg

 

« Observer la naissance et la mort des êtres est comme observer les mouvements d'une danse »

Boudha

 

Pour la première fois de ma vie de lectrice, j'avais réservé LE livre,

 

Je voulais être sûre de pouvoir le lire, tout chaud sortie de l'impression.

 

C'est que les deux romans précédents de David VANN m'avait laissée entrevoir un écrivain marquant, puissant, un de ceux dont on attend avec impatience la nouvelle oeuvre parce qu'on sait qu'il s'agira forcément de littérature.

 

Il n'est pas de ceux qui règlent avec la précision d'une montre suisse la sortie de ses livres,

 

Il n'est pas de ceux dont on se dit sans surprise : « tiens vl'a le nouveau David Vann, à l'heure, comme le premier tiers provisionnel, les courses du samedi matin, le rhume des vacances, le soleil du lundi ».

 

Non, il n'est pas de cette race d'écrivain qui produisent des bouquins comme d'autres des tomates hors sol, dopées à l'eau améliorée d'engrais, injectée directement en perfusion dans la sève originelle, incolores, inodores et sans saveur.

 

Il n'est pas de ceux qui projettent, planifient, envisagent une oeuvre comme les chanteurs de hit parade programment leur carrière : un album rock, un peu de pop et puis bien sûr une ritournelle ou deux pour faire fondre la ménagère et/ou la midinette pré pubère.

 

Rien de tout ça chez David Vann, seulement l'exploration de ses obsessions, de ses névroses familiales de la noirceur des êtres, la sienne peut-être …

 

Une famille constituée d'êtres impurs, violents, malsains, vivant un huis clos infernal auquel aucun ne peut ou ne veut réellement échapper.

 

C'est un récit vénéneux dont on sait depuis la première ligne qu'il s'achèvera dans le sang, les larmes, la folie parce que dans les livres de David Vann, « la vie n'offre jamais de troisième porte ».

 

Parce que dans ses livres comme dans ceux de  Christian BOBIN : « les grandes décisions se prennent dès l'enfance, celles qui orientent le cours des astres et l'allure des songes ». (le 8ème jour de la semaine).

 

Galen, 22 ans,  est le seul élément masculin de cette famille infernale.

 

Il vit dans un univers régit par Suzy Q, sa mère, omnipotente depuis qu'elle a confisqué la fortune de sa mère, placée en maison de retraite parce qu'elle devient sénile.

 

Un univers où gravitent sa tante Hélène et sa fille Jennifer, adolescente nymphomane, perverse et vénale.

 

Et comme souvent, l'argent, rat crevé oublié sous un buffet,  distille le poison qui pourrit l'atmosphère déjà lourde de violences et de non dits où évolue cette famille.

 

J'ai assisté en voyeuse médusée à la spirale infernale de la destruction de cette « mafia » matriarcale où chacun rumine ses défaites, ses obstacles, ses  rancoeurs.

 

Dans cette famille depuis toujours, « le problème venait des hommes » : le grand père violent et sans doute … pire.

 

Puis, Galen : un gamin « gâté pourri » qui se prend pour un prophète et croit que « la clé pour traverser le monde est de trouver un moyen d'en oublier l'existence »

 

Galen a beau avoir lu et relu Siddhartha, il ne trouvera pas la Voie de l'Eveil pour se détacher de ce samsâra,

 

Peu à peu, il entrevoit le « chat » qui effraie tant les « souris » qui constituent sa famille : le chat de la vérité.

 

Et la vérité fait mal, rend fou.

 

Galen, fort de sa « seconde naissance » entre les cuisses de sa cousine va sombrer définitivement dans la folie, la noirceur, le délire,  car « sa deuxième naissance était une déformation, un nouveau modelage de l'argile de (sa )première naissance, et ce (qu'il ) devenait alors était quelque chose qu'il (lui) fallait fuir pour le restant de (sa) vie ».

 

 

Et parce qu'elle est sa mère, Suzy Q était là aussi, pour cette seconde naissance.

 

Le regard de la bête s'est posé sur elle,

 

Le reste vous appartient, lecteurs avides de vérité.

 

Mais autant vous le dire tout de suite, la vérité je ne la connais toujours pas, parce que « Impurs », comme tous les grands livres,  laissent le lecteur avec plus de questions que de réponses,

 

J'ai refermé le livre et je me suis retrouvée comme Galen « à la fin avec dans les mains, un tas de clé qui n'ouvraient rien »

 

Je sais seulement que j'ai assisté à une danse macabre d'une beauté douloureuse, violente, qui m'a laissée étourdie, et pourtant émerveillée devant tant de virtuosité, de vérités impénétrables, devant tant de talent tout simplement.

 

 

«A esprit libre, univers libre » Koan        
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                         Rue des Libraires

 

Impurs

David VannRue des Libraires

Gallmeister

2013

288 pages 

 

 

 

Cette chronique a été rédigé par Attila, chroniqueure sur Polar, noir et blanc.

 

 

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Z
Il b'est pas à la bibliothèque, par contre les précédents y sont, donc j'ai retenu le second
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A
<br /> <br /> normal : il est sorti jeudi. Désolations eest excellent mais je te cnsel de commencer par le premier Sukkwam Island (gaffe à la page 113 !)<br /> <br /> <br /> <br />
A
Réserver un livre avant sa sortie, ça ne m'est jamais arrivé encore.
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A
<br /> <br /> à moi non plus ... c'est une première mais : ça en valait largement la peine !<br /> <br /> <br /> <br />
Z
Ah oui, y a de la bataille dans l'air !!
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A
<br /> <br /> pour tout te dire pour moi David Vann a gagné "haut la main" .... tu me diras ce que tu en penses ... <br /> <br /> <br /> <br />
Z
Attila, tu décoiffes !!!!<br /> Je pense que je vais me mettre dans cette ronde infernale et le commander
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A
<br /> <br /> ah oui ! lis le et dis moi ce que tu en penses ! tu verras pourquoi j'ai bien fait de refuser l'idée que "l'homme qui savait la langue des serpents" était LE livre de l'année ......<br /> <br /> <br /> à bientôt chère Zazy<br /> <br /> <br /> <br />
S
J'en suis au premier tiers...<br /> <br /> Là, on n'est plus chez les écrivaillons de bas-étage...<br /> <br /> C'est de la grande, de la très grande littérature...<br /> <br /> Je suis comme boxée, oui, c'est ça, mon âme et mon corps sont endoloris par les coups...<br /> <br /> Je repense à la citation de Flaubert mise en exergue de mon blog...<br /> <br /> Et ce style.................
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A
<br /> <br /> et le pire, donc le meilleur, est à venir !!!!<br /> <br /> <br /> les coups vont continuer à pleuvoir encore et encore et puis ............<br /> <br /> <br /> c'est comme si son écritrure avait été densifiée par réduction (comme pour le vinaigre basalmique .... je sais c'est C -- comme comparaison, mais je n'en trouve pas d'autre ...)<br /> <br /> <br /> chaque mot est nécessaire et aucun n'est superflu .... alors oui, c'est de la trés grande littérature ... pour moi il entre dans la catégorie de ceux que j'appelle les "fauves" : ceux qui ne se<br /> laissent dompter que parce qu'ils le veulent bien mais qui, d'un seul coup fe patte peuvent vous étourdir ou vous assommer comme si vous n'étiez qu"un polen en suspension ....<br /> <br /> <br /> ce livre me fait beaucoup penser à "la farce des damnés" de Lobo antunes, un immense écrivain lui aussi ....<br /> <br /> <br /> je te souhaite une belle soirée et une belle nuit, car tu ne le lâcheras pas avant la fin ....<br /> <br /> <br /> ah comme c'est bon de se comprendre !<br /> <br /> <br /> <br />
L
aussi bon que Sukkwan Island ? je sens que je vais tenter un tour en librairie (même si j'en suis interdite !!!!) (comme pour les gros joueurs de casino !!!)<br /> tu n'as pas résisté et tu t'as lu dès l'achat !
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A
<br /> <br /> à mon avis aussi bon (au moins que Sukkwam, la découverte en moins ..) ce livre est encore plus dense, plus fou, plus mystérieux ....bref, impossible de résister , lu dans la journée avec le<br /> sentiment de vouloir retenir la fin mais tout en étant incapable de ralentir la lecture ..... et c'est vraiment BON ! à bientôt  <br /> <br /> <br /> <br />
S
Waouh!<br /> <br /> Waouh!<br /> <br /> Waouh!<br /> <br /> Ta chronique épouse parfaitement son sujet, mais rien à faire, je suis toujours surprise par l'intelligence de tes interventions...et ça fait du bien!<br /> <br /> Comme tu le sais déjà, il est entre mes mains, et maintenant, j'ai à la fois hâte, et peur, de le commencer...peur de m'y perdre, à force de trop m'y trouver...<br /> <br /> On s'en reparle bientôt, bonne fin de semaine Attila!
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A
<br /> <br /> oh ben là ............... je suis coite .............. (oui, ça peut m'arriver de me taire ! parfaitement !)<br /> <br /> <br /> merci beaucoup Sophie ...... tu es trop TOI !!!<br /> <br /> <br /> tu vas l'adorer ! et plus encore ! à très bientot pour une discussion ébahie à propos de ces Impurs ! biz<br /> <br /> <br /> <br />
R
Bonjour Attila !<br /> Superbe chronique, encore une fois.<br /> Merci de me mettre l'eau à la bouche ! J'ai reçu ta chronique la même journée où je recevais le roman ...<br /> J'ai donc lu ta chronique avec une pensée toute particulière ... vite vite, je me mets à la lecture de ce David Vann tant attendu !<br /> Merci mon amie,<br /> Ta présence sur mon blogue est un cadeau !!<br /> Amitiés
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A
<br /> <br /> merci Richard !<br /> <br /> <br /> ma chronique ne dévoile rien du meilleur de ce roman qui est encore plus puissant que Désolations et au moins aussi bon que Sukkwam.<br /> <br /> <br /> David VANN est décidémment un vrai grand auteur  et nous sommes des lecteurs chanceux d'être ses contemporains !!! vivement le prochain !<br /> <br /> <br /> Bonne lecture cher ami.<br /> <br /> <br /> <br />