18 Juillet 2011
Petit roman ?
Longue nouvelle ??
Je ne sais pas !
Et ce n’est pas important.
Ce que je peux vous dire, c’est que j’ai passé un excellent moment de lecture avec ce petit livre tout à fait charmant.
Tout d’abord, quelques mots sur l’auteur que j’apprécie beaucoup. Né dans la banlieue de Paris, André Marois a planté ses racines au Québec, en
1992. Et depuis ce temps, année après année, son arbre d’écrivain nous donne les fruits les plus divers: romans noirs pour adultes, nouvelles décapantes, romans policiers pour la jeunesse et
albums pour les enfants. Doué et polyvalent, il s’adresse à ses différents publics avec une humanité toute particulière.
« 9 ans, pas peur » est un exemple parfait de ce sens de l’humain que l’on retrouve dans chaque écrit de cet auteur.
Angelito a 9 ans et il vit dans une famille bien particulière. Son père exerce un métier passionnant: il est voleur, spécialisé en télévisions de toutes sortes. Sa mère est infirmière
psychiatrique, grande consommatrice d’émissions de télévision et de séries policières.
Ce petit garçon nous raconte sa vision du monde du haut de ses neuf ans, un regard enfantin (?) mais tellement réflexif sur ses parents, la vie et
tous les apprentissages qu’il doit faire. Ses réflexions l’amènent à se poser des questions bien importantes («Si on grandit pendant qu’on dort, est-ce que les nains sont
insomniaques?») et aussi, à se donner quelques principes de vie ( « Un fils de voleur doit comprendre vite et fermer sa grande g...»). Son père lui fait partager sa
passion pour son métier et lui inculque quelques principes de vie, «des bouts d’éducation»; sa mère, trop absorbée par ses émissions de télévision, ne lui parle
jamais.
Puis un jour, une série d’événements fait en sorte que le petit Angelito se retrouve seul à la maison et qu’il doit se débrouiller avec ce qu’il a
appris de son papa. Tout son monde est bouleversé mais la vie lui a forgé une cape de résilience. Sa tante Thérèse (en prison) et un tournevis seront des bouées de sauvetage tellement utiles et
rassurantes...
Ce petit récit (novella) de moins de cent pages est tellement touchant, tellement beau que je pense le relire, de temps en temps quand j’aurai
besoin de me réconcilier avec le genre humain. Le lecteur vit des moments attendrissants en suivant les réflexions de ce petit qui porte un regard d’enfant sur une famille vraiment spéciale, pour
qui le moindre mot, la moindre phrase est une fête, où un sandwich au jambon préparé par lui-même, est un repas gastronomique. Et tout cela est agrémenté par l’humour fin de l’auteur qui
parsème son texte d’occasions de sourire et de rire.
Quand j’ai vu ce livre pour la première fois, je me suis demandé si c’était un livre pour la jeunesse ou un livre pour les adultes. En le lisant,
j’ai finalement trouvé la réponse.
« 9 ans, pas peur » est un livre pour l’humain. Angelito, le petit narrateur est l’expression de notre espoir en
l’humanité.
Un petit livre à lire et à relire, pour le plaisir d’être humain !
Et si je ne vous ai pas convaincu de lire ce roman, les extraits suivants devraient le faire:
«Mon père fait mon éducation par petits bouts. Mais je me les rappelle tous, ses petits bouts. Parce que quand on nous en dit trop, on en
oublie la moitié.
Comme à l’école.»
J’adore cette phrase ...même et surtout, en tant qu’ex-directeur d’école...
«Mais des fois, il vaut mieux parler que se taire. Ce bout d’éducation, c’est moi qui vient de l’inventer. Ce qui est difficile, c’est de
décider quelle fois est la bonne ou pas.»
« Mon père sourit. Moi aussi. Tout est dit.»
« Est-ce que les voleurs, des fois, ils font la grève pour gagner plus d’argent ?»
Bonne lecture !
9 ans, pas peur
André Marois
La courte échelle
2010
95 pages
Sur le site de l’auteur, l’histoire de ce petit récit:
http://andremarois.blogspot.com/2010/11/comment-jai-ecrit-9-ans-pas-peur.html
Et pour vous rappeler quelques souvenirs:
http://lecturederichard.over-blog.com/article-sa-propre-mort-le-roman-de-la-vengeance-46844354.html
http://lecturederichard.over-blog.com/article-j-aime-pas-les-mascottes-56456938.html