Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Polar, noir et blanc

Un blogue qui parle de livres, de bons livres, dans tous les genres, juste pour le plaisir de lire et d'en parler.

La femme au dragon rouge

L’empire et la répression

Une chronique de Christophe Rodriguez


Le présentateur télé portugais J.R Dos Santos, écrivain à succès, nous offre toujours de formidables romans amplement documentés. Avec La femme au dragon rouge, récit éminemment politique autant qu’actuel, il est certain que le parti communiste chinois proscrira sa publication et vous allez lentement comprendre pourquoi!


C’est un véritable réquisitoire non contre le peuple chinois, surveillé, mis au pas et presque interdit de séjour, mais bien contre le régime communiste en place. Qui pratique à grande échelle et sous tous les continents le capitalisme rouge pour mieux étendre son emprise, qu’elle soit militaire et économique (les deux vont de pair)). Vous pensez que cela est le résultat de son imagination, détrompez-vous! « l’affaire des postes de police chinoise ou le financement de la fondation du premier  ministre Trudeau» sont de la petite bière à côté de ce que vous allez lire,  surtout en fin de roman où l’auteur explique en long et large, les fruits de sa documentation.

Plus encore, cette nouveauté nous entraîne une fois de plus sur la condition épouvantable du peuple ouïgour, parqué comme des bêtes dans des camps de réhabilitation pour ne pas dire de concentration (on ne réinvente rien) ainsi que leur assimilation forcée.
 

Parce que oui, ce roman est complexe, émouvant, stratégique et il vous touchera tous autant que vous êtes, si le sort du monde actuel et futur vous passionne un tant soit peu.


Qui est cette femme dragon, en perdition?


L’action commence en Inde. La conjointe de notre héros Tomas Noronha est tranquillement assise à une table quand elle entend une jeune femme qui criait. Cette dernière est pourchassée par deux individus louches. Après une course poursuite qui se termine mal, les deux femmes sont enlevées.

À l’autre bout du spectre, nous faisons connaissance de Madina, une jeune Ouïghour qui doit quitter son village pour sauver sa famille. Innocente et peu encline aux affaires politiques, elle se trouve plonger dans les affres du tout pour le parti ainsi que l’obéissance aveugle à tous ces roitelets qui espèrent tirer profit de la situation et plus encore, ne pas être envoyée en camp de rééducation pour insubordination.


Cette petite fille que vous allez voir grandir vous tirera des larmes. Malmenée, obligée de faire des aveux parce que son grand-père fut un imam activiste dans son village, elle ira quand même en prison puis dans un goulag presque concentrationnaire. Nous nageons en plein délire comme l’a si bien écrit Arthur Kosetler (Le zéro et l’infini) ainsi qu’Alexandre Zinoviev dans Les hauteurs béantes.


En parallèle, Tomas Noronha fait équipe avec Chang. Jeune professionnel de La CIA et très au courant des vues planétaires du parti communiste, il lutte comme il peut. Après avoir espionné aux États-Unis pour le compte de son pays d’origine, il retourna sa veste en souvenir de ses grands-parents qui firent malheuersement les frais du grand bond en avant de Mao, autre beau mensonge qui décima plus de 30 millions de personnes.


De fil en aiguille et pour retrouver la femme de Tomas, Chang va détricoter les vues du parti communiste chinois. Ce cours de politique appliqué devrait être lu et relu. Du financement des pays pauvres jusqu’à l’étranglement subtil de leur économie, en passant par la mainmise sur les ports pour contrôler et s’assurer les allées et venues et bien entendu, l’omniprésence des caméras et différents moyens de surveillance pour étouffer toute révolte, cela donne froid dans le dos.

Plus que le roman d’une époque, La femme au dragon rouge est celui d’une jeune fille qui fit tout pour sauver son peuple.

Bouleversant!

Bonne lecture !

La femme au dragon rouge
J.R Dos Santos
Éditions Hervé Chopin
620 pages

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article