10 Mai 2023
Une chronique de Sylvie Geoffrion
Vous le savez, mes billets ne sont pas de l'ordre d'une analyse exhaustive du style, de la narration ou encore du genre. Ils sont plutôt du côté du ressenti, de l'émotion, juste une appréciation sans aucune prétention. Ha bien sûr que le plaisir est doublé lorsque l'émoi est bonifié par une belle plume, par une narration excitante, par un style particulier, enchanteur et par un récit qui me touche.
Et bien, depuis Terra Alta, et encore cette fois avec Indépendance, on dirait que je reste sur mon quant à soi et je ne saurais trop dire quel est le bobo. Je garde mes distances. Est-ce Melchor, le personnage principal? Le propos ? L'intrigue? Ce deuxième opus de la trilogie me fait revivre la même ambigüité dans mon plaisir de lecture que le T.1. Je fais bande à part devant le concert d’éloges pour cette trilogie.
Avec Indépendance j'ai eu l'impression de lire une longue, très longue récrimination sur la politique catalane et ceux qui la composent et sur la notion d'indépendance de cette région. L’impression également que l’auteur avait des comptes à régler avec la politique catalane. J’ai bien dit impression. Et ce, malgré les tours de passe passe narratifs intéressants, originaux et qui nous malmènent, avec plaisir, vers la fin.
Un récit sous forme d'enquête/confession qui n'a rien de vraiment original. La maire de Barcelone est victime de chantage à cause de vidéos compromettantes et en plus de vouloir lui soutirer de l'argent, on exige sa démission. Politique/argent/vieilles familles/cupidité tout est là. Et une fin disons compréhensible mais facile je dirais.
Il y a un petit quelque chose qui ne me touche pas. J'ai l'impression que l'engagement de l'auteur pour ses personnages est factice, surfait. Mais ça c'est moi. Pourtant, c'est bien écrit, clair et fluide. La narration est originale et parfois déstabilisante et certains passages -par exemple la soirée avec Vivales et ses amis- sont tout simplement réjouissants. Il faut croire que je ne suis pas une vraie aficionada Mais promis, j'irai au bout de la trilogie et j'attends de lire Le château de Barbe-Bleue qui me fera, je l'espère, changer de point de vue.
Bonne lecture !
Indépendance
Javier Cercas
Actes sud
2022