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Polar, noir et blanc

Un blogue qui parle de livres, de bons livres, dans tous les genres, juste pour le plaisir de lire et d'en parler.

Requiem  américain

Brillant  et enlevant

Une chronique de Christophe Rodriguez

Souvent, je me dis que les étudiants en littérature au Cégep de St-Foy ont beaucoup de chance d’avoir comme professeur Jacques Côté. La dernière fois que j’ai eu une conversation avec ce brillant romancier, ce fut pour la biographie de Wilfrid Derome, père de la médecine légale au Québec. Cette somme de travail qui rendait hommage à un homme discret devrait se trouver dans tous les manuels d’histoire du Québec.

Jacques Côté est aussi un passionné de romans policiers et sa série de Daniel Duval ainsi que Les cahiers noirs de l’aliéniste lui ont valu moult récompenses, dont le prix Arthur-Ellis à trois reprises.

Sachant que l’écrivain planchait sur un diptyque qui avait comme sujet la guerre des motards, autant vous dire que j'attendais avec impatience de ses nouvelles. En libraire, depuis le 2 février, Requiem américain est un roman policier qui dépasse nos espérances. Si vous avez aimé la série Omerta, l’univers d’Ed Mc Bain avec ses constables du 87e district et dans une moindre mesure L687, vous ne lâcherez pas cette nouveauté. Plus encore, n’ayant pas voulu faire un compte-rendu journalistique, l’auteur trempe le lecteur dans cette guerre fratricide qui aura coûté la vie à plus de 150 personnes ainsi qu’un jeune garçon dans un attentat à la voiture piégée.

Ils vont payer!

En 1990, Montréal vit au rythme des  cadavres qui « s’empilent ». Un conflit ouvert entre les Hells’s Angles avec à leur tête un certain Marc Hamel qui ressemble comme deux gouttes à Maurice  "Mom " Boucher et les Siciliens, calabrais, ainsi que d’autres équipes recrues ne peuvent finir que très mal.

Sur un rythme très cinématographique, Jacques Côté nous entraîne au sein d’une escouade spéciale dirigée par Owen Hayden, un dur à cuir au cœur tendre. Après le suicide d’un vétéran de la police qui a vendu son âme au camp adverse pour effacer un train de vie luxueux, l’affrontement avec ces bandes armées s’avère inévitable. Restituant l’atmosphère tendue de l’époque, Jacques Côté tire une autre carte de son jeu. Le second de Marc Hamel n’est nul autre que Tom Hayden, frère du policier à qui il ne parle plus depuis des années.

Comme dans LA Confidential, sublime film tiré de l’un des très bons romans de James Ellroy, la fiction s’emballe au quart de tour.

Vous allez faire connaissance avec des gens peu respectables, une procureure : Maître Florès qui n’a pas froid aux yeux et amie de cœur aussi du policier ainsi que d’une équipe particulière ou l’humour, n’est pas absent. Visée par un attentat qui coûtera la vie à une inconnue, elle est bien décidée à envoyer derrière les barreaux ceux qui ont choisi de s’en prendre aux dirigeants politiques, aux policiers et aux gardiens de prison (tout cela est véridique).

Il faut avoir beaucoup de talent, un certain sens de l’imagination et une plume bien aiguisée pour faire revivre cette période malsaine qui n’avait rien à envier au Chicago des années 30.

Pour tout cela, merci Jacques Côté, et faites vous plaisir, ce premier tome sera votre ami pendant de longues soirées!

Bonne lecture !

 

 

Requiem  américain

Jacques Côté

Éditions Flammarion

Québec

320 pages

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