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Polar, noir et blanc

Un blogue qui parle de livres, de bons livres, dans tous les genres, juste pour le plaisir de lire et d'en parler.

Vert comme l'enfer

Une chronique de Richard

Après avoir captivé ses lecteurs et lectrices avec la « Fille de fer » et ses paysages du nord québécois, Isabelle Grégoire nous plonge, cette fois, dans la luxuriante Guyane. De l’immensité blanche de la forêt boréale à la touffeur humide de la forêt tropicale, le passage est parfaitement réussi.

« Vert comme l’enfer » c’est d’abord l’histoire d’Alice qui fuit une trahison amoureuse et espère se rapprocher de son père installé depuis des années en Guyane. Avant leurs retrouvailles, la jeune enseignante s’offre une expédition en pirogue au cœur de la jungle amazonienne. En compagnie d’un groupe de touristes en mal de sensations fortes, elle sera confrontée à une nature hostile. Et comme le souligne Blaise Cendrars dans l’épigraphe qui ouvre le roman, Alice se rendra compte rapidement que « ... le plus redoutable ennemi dans la jungle c’est l’homme... ».

« Vert comme l’enfer », c’est aussi l’histoire de Flora, une psychologue qui travaille dans un refuge pour femmes victimes de violence conjugale, à Québec.

À la mort de sa mère, Flora découvre des secrets bien conservés, ouvrant des pistes qui pourraient l’amener à mieux comprendre ses origines. Cette quête ne se fera pas sans heurts.

Les chemins d’Alice et de Flora se croisent dans d’anciennes prisons : un bagne guyanais rendu célèbre par un certain Papillon et une pénitencier québécois transformé en salon funéraire.

Évidemment, la magie de la littérature fera en sorte que nous apprendrons le lien qui unit ces deux femmes. Très rapidement, nous serons happés par le récit de cette recherche d’identité et de liens familiaux. Même si le père prend une grande place dans l’histoire d’Alice et de Flora, la maternité, celle que l’on refuse ou celle que l’on veut oublier, affecte profondément les deux héroïnes Il n’y a pas que la tortue luth qui pleure sa maternité !

« Vert comme l’enfer » est un roman passionnant, complexe et superbement bien écrit. Isabelle Grégoire possède un style efficace, tout en nuances. On découvre aussi dans ce roman son côté poète, dans des chapitres coiffés du pronom « Elle », qui apportent un point de vue différent, une pause pour savourer la sensualité des mots et la profondeur de la réflexion.

Un exemple :

« Je suis toutes celles qui ont tremblé.

Toutes celles qui sont tombés, toutes les blessées.

J’ai bu leurs larmes et leur sang.

J’ai fui vers le froid et l’hiver de l’enfance. »

Page 267

Autre élément important : le parfait équilibre entre le récit, le développement de l’intrigue et les informations que l’autrice-journaliste globe-trotteuse nous propose. Sans jamais tomber dans la didactique ou dans le dépliant touristique, elle brosse un passionnant portrait de la Guyane. La journaliste et l’écrivaine font bon ménage !

Un dernier mot sur la présentation esthétique du livre. En plus d'être magnifique et harmonieuse, la symbolique de la page couverture reflète très bien l'atmosphère du roman. 

Voici donc un roman que je conseille à tous les amateurs.es de polars et de thrillers psychologiques Un récit intelligent, des personnages bien campés et une trame narrative complexe mais prenante. Cette troisième œuvre vient confirmer l’immense talent d’Isabelle Grégoire et justifier pleinement sa place parmi les très bons auteurs et autrices de romans noirs du Québec.

 

Bonne lecture !

 

Vert comme l’enfer

Isabelle Grégoire

Québec Amérique

2022

272 pages

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