29 Juin 2022
Une chronique de Sylvie Geoffrion
L’auteur, Brian Panowich, est né en Georgie où il exerce le métier de pompier. Déjà, ce fait est peu banal. Je crois que Panowich connait très bien le Sud, les gens du Sud, les traditions et les codes de celui-ci. On peut croire qu’il fait bon vivre dans les environs des Bull Mountains, mais la réalité peut être tout autre.
Vallée Furieuse est le premier roman indépendant de l’auteur. Ses deux précédents romans, la série Bull Mountains, nous racontaient la saga de la famille Burrough, famille de malfrats de génération en génération, dirigeant un empire criminel grâce à la drogue.
Il remet ça cette fois avec l’organisation de jeux clandestins. Pas n’importe lesquels : des combats de coqs ! C’est lucratif ça ? Lucratif vous dites ? Des millions en lots… Qui aurait cru? Alors bien sûr, quand une espèce de paumé gagne tous les combats en une seule soirée et qu’il repart avec plus d’un million de dollars en gains et en poche, disons que ça crée beaucoup de doutes et de convoitise.
Notre capitaine. Kirby, tranquillement à la pêche à réfléchir aux mauvais résultats de ses derniers examens médicaux, se fait rappeler fissa par le shérif car son ami d’enfance, perdu de vue depuis près de dix ans, est accusé de meurtre. Ce qui est impensable, invraisemblable pour Kirby.
Et tandis qu’il tente de comprendre ce qui s’est passé sur la scène de ce meurtre, le FBI a besoin de ses lumières pour un meurtre en Floride…bien loin de ses terres. C’est un citoyen de chez lui qu’on a retrouvé carrément charcuté, avec un bâton de kali, arme typique des Philippines, puis brulé, dans un motel de Floride. Les agents du FBI ne voient pas d’un bon œil cette obligatoire collaboration imposée avec un « plouc » du Sud profond. Et bien sûr, ce qui me fait sourire car je ne comprends pas que l’on ne puisse pas travailler en collégialité avec d’autres services de police, on a droit à toutes les manifestations d’arrogance, de supériorité des agents du FBI face à ces « dégénérés » de la campagne…c’était incontournable.
Bref, la victime de Floride a gagné, ce qui semble impossible, tous les combats de coqs et le gros lot du Slasher ultime combat. On se demande comment un mec aussi minable peut avoir réussi ce tour de force jusqu’à ce que l’on découvre qu’il a un petit frère de onze ans, Asperger et génial. Et là, on se dit que c’est le petit à la tête de cette combine. Mais le petit a disparu. Aucune trace. Et tout le monde voudra retrouver ce petit. Les vrais vrais méchants comme les méchants qui devraient être bons.
Et démarre sur les chapeaux de roues, la recherche, par tous, de ce gamin brillant, orphelin et seul.
Brian Panowich semble avoir vécu aux cotés de personnages à la morale ambigüe, douteuse, élastique. Il sait très bien nous en parler ainsi que de ceux qui n’héritent que de la malchance.
Vallée furieuse n’est pas nécessairement une histoire de rédemption, personne n’aspire au repentir dans ce récit. On nous parle plutôt du solide ancrage que procurent les amitiés affirmées, cette fidélité à toute épreuve malgré les ans et le temps qui passe, c’est l’acceptation de ce qui est.
Vallée furieuse est un véritable thriller comme on les aime. Rien de nouveau dans la facture de ce roman si ce n’est la maîtrise de l’auteur à mettre en scène d’aussi horribles personnages, meurtres et trafics avec d’aussi jolies et lumineuses histoires d’amour.
Bonne lecture !
Vallée furieuse
Brian Panowitch
Éditions Actes sud
Collection Actes noirs
2022