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5 Juin 2022
Mystères médiévaux dans un hameau
Une chronique de Christophe Rodriguez
Tous les romans de Romain Sardou sont bons à consommer. Depuis son arrivée dans le monde de la littérature et plus particulièrement du suspense médiéval, jamais je ne fus déçu. Scénariste, à temps plein, ces histoires documentées comme il le faut sont prenantes, intelligentes et nous font dans certains cas réfléchir sur le sort de la société ainsi que la notion de pouvoir, quand celle-ci passe par la mystification montée de toutes pièces.
Pardonnez nos offenses qui pourrait se traduire par délivrez nous du mal, est une réédition, précisons-le. Il fait bon parfois de relire ce qu’il est convenu d’appeler un classique du genre.
Empruntant évidemment à Au nom de la rose du regretté Umberto Eco, Romain Sardou nous transporte en l’an 1284. Dans un petit diocèse du comté de Toulouse où les paroissiens vivent chichement, un froid terrible ravage la contrée. Croyant au mauvais sort, ces pauvres gens dont les récoltes sont presque détruites, souhaitent que leur bienveillant évêque, Romée de Haquin conjure cette avanie. Mais il est assassiné par un homme en noir, coup de chapeau aux émissaires de la mort qui «hante», semble-t-il, les campagnes et les toiles du peintre Jérôme Bosch.
Pour résoudre le mystère, l’église envoie le prêtre Henno Gui, brillant jeune homme qui ne croit pas trop aux fantômes, surtout quand ceux-ci trucident leur prochain, mise en scène incluse.. Flanqué d’un colosse à l’aspect monstrueux ainsi que d’un jeune garçon, autre renvoi à Au Nom de la rose, la traque mènera Henno Gui dans un hameau totalement isolé.
Rayée de la carte ou presque, ce lieu abrite, semble-t-il, une peuplade d’hommes-loups, de sauvages, mais est-ce la vérité?
Intelligemment construit, ce suspense historique qui coopte avec érudition de fausses croyances, sans oublier le rôle assez malfaisant du clergé et de ses prélats, est une belle redécouverte. Le petit diocèse de Daquin sera donc le centre de toutes les attentions meurtrières. Un récit qui vous tiendra incontestablement en haleine et qui donnera parfois froid dans le dos. Une vraie réussite, où tout un chacun pourra s’identifier avec cœur à l’incessante quête d’authenticité du jeune prêtre Henno Gui!
Bonne lecture !
Pardonnez no offenses
Romain Sardou
X0 Éditions/Cléa
542 pages