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7 Juin 2022
Une chronique de France Lapierre
J’ai lu le premier roman de Camilla Lackberg, La princesse des glaces lors de sa parution en 2008. Pour être en mesure de la faire découvrir à des collègues lors d’une rencontre professionnelle, j’avais même utilisé Google Traduction pour comprendre les articles de presse écrits en suédois. Près de quinze ans plus tard, qui ne connaît, ne serait-ce de réputation, la « reine du polar suédois »? Si j’ai aimé ses romans de façon inégale, je dirais que La boite à magie me ramène dans le rang de ses lectrices satisfaites!
Est-ce la consultation d’experts en criminalistique, d’historien de la magie ou la collaboration avec Henrik Fexeus, lui-même mentaliste, qui ont ajouté une strate informative (sans didactisme) à la trame narrative efficace et percutante? Peut-être.
Camilla Lackberg et Jenrik Fexeus ont créé un duo fort intéressant : une enquêtrice (Mina Dabiri) obsédée par la propreté et l’hygiène ainsi qu’un magicien (Vincent Walder) dont les agissements le classent dans les T.S.A. (troubles du spectre de l’autisme). À elle seule, la description des comportements des deux protagonistes dans leur quotidien personnel et professionnel enrichit la lecture et offre une épaisseur, un relief à leur relation. Les libertés prises avec l’authenticité des lieux et de la chronologie sont identifiées dans les remerciements et ne ralentissent pas la lectrice tatillonne que je suis et qui vérifie souvent ce genre de détails…
Dès le départ, on assiste à un crime horrible. Âmes sensibles, s’abstenir! Ce premier meurtre laisse la brigade policière sans piste. À la suite de la recommandation d’une connaissance, Mina consulte le célèbre mentaliste Vincent, car la victime a été retrouvée dans une boîte à magie. Les autres meurtres, car il y aura d’autres meurtres, reprennent la mise en scène de trucs de magie connus. Après la boite à magie (Sword Box), ce seront le Bullet Catch, le Zigzag Lady et le Water Torture Cell qui serviront d’écrins pour les autres assassinats.
Les suspects seront nombreux, mais qui est vraiment le tueur en série? Les allers-retours dans l’enfance de Vincent nous mettent-ils sur une fausse piste? Pas d’envolées lyriques, des faits, des informations, des réflexions, sauf un tout petit paragraphe sur l’amitié :
« Au lieu de ça, il avait suivi ses copines. Mais juste là, maintenant, dans la clairière ensoleillée près du petit lac, ça lui était égal, pour la première fois de sa vie. Et un court instant, les profondeurs du lac ne lui semblèrent plus aussi sombres. »
Avec ses personnages atypiques, voici un roman policier construit habilement. L’incursion dans l’esprit de Mina et de Vincent est particulièrement fascinante. On retrouve les thèmes chers à Lackberg, le féminisme, le racisme, la conscience écologique et la vengeance longuement mûrie.
Ah oui, je vous disais que je suis un peu tatillonne…
Bonne lecture !!
La boîte à magie
Camilla Lackberg et Henrik Fexeus.
Trad. du suédois par Suzanne Juul
Actes Sud
Paris
2022
653 pages