29 Mai 2022
Un fantôme du cinéma
Une chronique de Christophe Rodriguez
Comme le Festival de Cannes tire à sa fin, nous prenons le chemin du 7e art avec un livre étonnant qui fait le récit de la vie énigmatique du maître de la lumière, Max Toppard (1899-1942). Comme l’écrit si bien le romancier, «il n’existe à ma connaissance aucune étude sur Max Toppard». Mais qui est dans ce cas-là cet inconnu qui fut de l’histoire du cinéma, côtoyant aussi bien Orson Wells que Charlie Chaplin, David W Griffith ou Marcel Carné?
Comme un jeu de pistes, le romancier fait donc revivre la saga de ce jeune breton qui ne se montra jamais. Celui qui fut propriétaire du cinéma Belphégor, qui organisa nombre de séances filmiques, sans jamais s’exposer. Une illusion, un fantôme, pas tout à fait. Caroline, jeune journaliste têtue, férue de Godard ainsi que de Truffaut a peu a voir avec cette époque où Marcel Carné, Julien Duvivier, Jean Renoir régnait en grand seigneur. Seul le nom de Max Toppard attire son attention, crédité au générique de ces films immenses, mais dont personne ne veut parler.
Le romancier va donc cultiver la chimère cinématographique, avec des substantifs bien réels. Tentant de démêler le vrai du faux, malgré l’absence de preuves ou d’écrits, Étienne d’Osvres part à la chasse sous les traits de son héroïne fictive, gazetier en herbe, ou presque.
L’intrigue du roman sert à capturer le moment sur les plateaux, la conception, la lumière qui jaillit avec tout ce que cela comporte d’interrogations, avant le produit fini. Il plonge avec finesse dans le cinéma des années 30, souvent avant-gardistes, coquins parfois avec son lot de passionnés qui ne juraient que par tel réalisateur. En ces années 60 où la nouvelle vague emportera tout sur son passage ou presque, Etienne d’Osvres nous donne envie de redécouvrir un monde disparu et pour une fois, saluer la mémoire de Max Toppard, génie méconnu qui a bien voulu rester dans l’ombre.
Bonne lecture !
Ce que l’on sait de Max Toppard
Nicolas d’Estienne d’Orves
Albin Michel
505 pages