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Polar, noir et blanc

Un blogue qui parle de livres, de bons livres, dans tous les genres, juste pour le plaisir de lire et d'en parler.

La maison des suicides

Une chronique de Richard

Lire un livre attendu, de ceux qui se laissent désirer, d’un auteur qu’on adore ou même d’une suite ou d’une série, apporte souvent son lot de déceptions. Alors, quand on commence une histoire avec aucune attente, juste pour le plaisir d’ouvrir un roman et de s’y plonger, sans espoir autre que de faire une découverte ... Quel bonheur de sortir de cette lecture, comblé, et là, d’avoir des attentes pour le prochain !!

Voilà ce qui m’est arrivé avec la lecture de « La maison des suicides » de Charlie Donlea.

Au premier coup d’œil, un titre peu attirant. Une page couverture un peu criarde. Et surtout, l’annonce d’un « thriller qui glace le sang ». Mais attention, ce roman vaut vraiment la peine ! Une histoire passionnante, une écriture efficace, une construction complexe, des personnages ..., un lieu étrange et surtout, une intrigue qui tient la route et une finale inattendue. Voici donc une recette comportant tout ce qu’il faut pour satisfaire l’appétit des amateurs et amatrices de polars.

Tout cela commence avec un incipit troublant : « J’ai tué mon frère avec un sou. Simple, inoffensif et parfaitement plausible. » Première phrase du journal de l’assassin qu’il lit à sa thérapeute. Jeune adolescent, adopté par une famille d’accueil, il pousse le fils du couple sous les roues d’un train qui arrive à grande vitesse. Qui est cet adolescent qui a préparé son geste de manière très machiavélique ? Qu’est-il devenu ?

Vendredi 21 juin 2019, peu avant minuit, quelques élèves de 3e année du collège Westmont, se rendent dans une ancienne maison nichée dans les bois pour participer à une initiation bien particulière, une fraternité occulte où seuls les membres ayant réussi de multiples épreuves, en connaissent les règles. Dans cette maison abandonnée, les postulants doivent rencontrer "le Maître du miroir".

Samedi 22 juin, quatre heures plus tard, le détective Ott découvre deux adolescents morts. Le premier adolescent est empalé sur la clôture de la grille ceinturant l’ancien logis;  tout près du corps suspendu, une jeune fille assise par terre, tétanisée et pleine de sang. Le deuxième jeune est mort dans la maison.

Très rapidement, Charles Gorman, professeur de sciences, est devenu suspect car on a retrouvé un carnet où il décrit avec précision ce qu’il fera à ces deux élèves. Mais avant d’être arrêté, il se jette devant le train, mais il s’en sort vivant, mais avec des séquelles qui l’empêchent de communiquer dans le monde réel.

Puis le drame se continue quand deux autres élèves qui étaient près de la maison lors de ce fameux 21 juin se suicident aussi en se jetant devant le train.

La particularité de ce roman tient au fait que rien ne tourne autour d’une enquête policière. Les premières personnes impliquées sont dans le domaine des médias et des animations de balado « true crime ». Des intervenants à la recherche de la nouvelle ou du spectaculaire. Cependant, la force de cette histoire se situe pour une bonne partie aux deux personnages principaux, deux personnalités attachantes.

Tout d’abord, mon coup de cœur, Rory Moore, une experte en reconstitution légale, qui en se déplaçant sur les scènes de crime, est capable de ressentir des choses qu’elle seule peut percevoir, de marcher dans les traces de la victime et de déceler certains éléments lui offrant une meilleure compréhension de ce qui s’est passé et en plus, de comprendre les motifs des criminels. Son autisme devient un atout dans son travail et lui permet d’élever son art à un niveau hors pair. Son passe-temps, la réparation de poupées en porcelaine qu’elle répare de façon méticuleuse, frôlant l’obsession. Rory travaille avec son conjoint, le docteur Lane Phillips, psychocriminologue et profileur.

Tout le roman est structuré en trois parties, en trois époques. Évidemment, on suit les événements qui vont nous amener à la soirée du 21 juin et à la résolution de l’énigme. Un peu plus tard, on assiste à l’enquête des deux journalistes, de Rory et de Lane Phillips. Et la partie la plus bouleversante du roman, les révélations que l’on apprend aux rencontres de thérapie du jeune homme qui a tué son frère. L’équilibre entre les trois époques est extrêmement bien balancé, la montée de la tension est très bien dosée. L’écriture est très efficace, pas de temps mort, peu de description sauf celle de la peur devant l’inconnu, la maison ou la forêt qui l’entoure.

Alors, inutile de vous dire que j’ai adoré ma lecture et que je vous conseille de faire cette découverte. Quant à moi, je partirai à la recherche du premier livre de la série pour probablement le lire pendant les vacances estivales. Mais comme le dit l’auteur, à la fin du bouquin, il n’est nullement nécessaire de lire ces enquêtes en ordre de parution. En bon auteur de polars (et peut-être en bon « vendeur »...), Charlie Donlea nous avertit qu’il laisse quelques traces de ces autres romans dans ses nouvelles histoires.

Alors, malgré le titre peu inspirant, « La maison des suicides » est un excellent roman, un tourne-page efficace et surtout, une œuvre originale qui plaira aux lecteurs et lectrices de polars les plus exigeants.

Extrait :

Comme extrait, je n’ai pu m’empêcher de mettre un paragraphe qui donne toute la mesure du superbe personnage de Rory.

« ... Rory tenait sa force dans son aptitude à assembler les pièces de crime dont on n’avait jamais trouvé la clé. Son cerveau fonctionnait différemment et son esprit singulier relevait des choses que personne ne voyait. Même si elle l’avait voulu, elle n’aurait jamais pu expliquer comment elle arrivait à remarquer des éléments manquants d’affaires non résolues ou de scènes de crime survenus des années auparavant. Elle savait seulement que devant un mystère apparemment insoluble, quelque chose dans son esprit se mettait en branle et l’empêchait d’oublier tant qu’elle n’obtenait pas les réponses qui avaient échappé à tout le monde.

Un phénomène analogue se produisait lorsqu’elle prenait dans ses mains une poupée ancienne abimée ou ruinée par les années. Son cerveau refusait de baisser la garde tant que la poupée n’était pas redevenue parfaite. »

 

Bonne lecture !

 

 

La maison des suicides

Charlie Donlea

Éditions Saint-Jean

2022

487 pages

 

 

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